Poudlard, mars 1978
Le début de la semaine se passa plutôt bien. Lily reçut enfin de bonnes nouvelles de sa famille, qui avait été épargnée par les attentats, elle retrouva enfin le sourire ce qui soulagea James, qui fut du coup beaucoup plus agréable. Tout était redevenu normal entre Eléa et Sirius, il était même très affectueux ce qui réconforta Eléa, qui se délectait de retrouver enfin, les bras – et le corps- de son amant.
Suite aux résultats des ASPIC, ils recommencèrent à apprendre la fin du programme de septième année, dont le niveau était assez difficile, surtout en théorie, puisqu’il s’agissait la plupart du temps de décortiquer les différentes étapes d’un sort. Ainsi, en Sortilèges, ils durent comprendre le fonctionnement de la pensée et des émotions et comment ils agissaient sur la baguette, ainsi que sur la puissance du sortilège en lui-même. Le même processus de compréhension et d’analyse était demandé dans la plupart des matières, c’était très intéressant mais long et soporifique. Plusieurs élèves prenaient même une potion anti-sommeil pour ne pas s’endormir en cours car ils souffraient de manque de sommeil à force de travailler, le soir et souvent une partie de la nuit, sur les différents travaux qui leur était demandés.
Le jeudi, avant que le déjeuner ne soit servi, Dumbledore avait fait taire tous les élèves en se plaçant devant son pupitre, d’un air grave, se tenant fermement au volatile doré. Le silence régna alors, chargé de questions et d’étonnement.
« Vous savez tous, maintenant, que la nuit de la Saint Patrick a été particulièrement sanglante en Irlande du Nord, faisant des centaines de victimes.»
Des murmures d’approbation s’élevèrent des quatre gigantesques tables.
« Mes enfants… J’ai le regret de vous annoncer que ces attentats ont été revendiqués par les Mangemorts de Lord Voldemort… »
Des cris d’étonnement et d’effroi se firent entendre dans la Grande Salle. Eléa n’écouta pas le reste du discours, elle observa les réactions. Ses amis avaient le visage sombre et résolu, buvant les paroles de Dumbledore, certains Gryffondors étaient apeurés, d’autres avaient les larmes aux yeux. De la place qu’elle occupait à leur table, à la gauche de Sirius, elle tourna légèrement la tête vers la table voisine, celle des Serpentards et accrocha le regard de Lucius. Il était déjà au courant de cette nouvelle et souriait légèrement. Severus, Rodolphus, Bellatrix, Narcissa, ils savaient tous et restaient de marbre face au discours anti-mangemort et sécurisant de son père.
Le repas se passa dans un silence lourd et angoissé, Lily mangea peu, ainsi que James qui ruminait dans son coin. En fait, seul Eléa mangea normalement sans se soucier de l’atmosphère pesante. Elle s’attendit plusieurs fois à ce que James fasse des remarques acides sur ses relations avec les Serpentards et sa haine des Moldus mais il ne fit rien, sûrement à cause des coups de pieds de Sirius qu’il reçut dans les tibias.
Ainsi se passa la fin de la semaine, dans la morosité, les regards sous-entendus, le silence. Eléa en eut rapidement marre et entraîna plusieurs fois Sirius pour des balades amoureuses, ou coquines, lui faisant oublier tous ces tracas. Ils parlèrent aussi beaucoup, sans aborder les attentats. Elle sentit quand même une petite distance entre eux, elle ressentit un pincement au cœur quand il la regardait dans les yeux. Ce n’était pas le même regard, il n’y avait plus la même étincelle.
***
Le dimanche suivant, Eléa eut à nouveau une séance d’occlumancie. Elle s’était beaucoup entraînée et considérait ce « cours » comme un défi. Elle réussirait, elle était la meilleure élève de Poudlard, elle ne faillirait pas. Severus se rendit compte de ses progrès dès le premier exercice, elle résista plus longtemps et il redoubla l’intensité de ses « attaques ». Elle ressentit une violente douleur, elle avait l’impression que sa tête allait se diviser en deux. Une fois encore, elle fut submergée par les souvenirs. Elle se revit jeter un sort très puissant à douze ans, le visage de ses professeurs étonnés et inquiets de ses pouvoirs, elle ressentit ce sentiment de puissance qu’elle découvrait puis elle vit sa mère charmant un Moldu et le cercueil ouvert sur celle-ci endormie pour l’éternité. Elle sentit couler les larmes chaudes de colère sur ses joues et la haine qui circulait dans ses veines, son sang tapait contre ses temps, mêlé à la douleur, elle s’écroula sur le sol, en larmes.
Severus s’accroupit à côté d’elle et la prit dans ses bras, la consolant.
« Je ne veux pas revivre ça Severus, je ne peux pas », dit-elle dans un sanglot au bout de quelques minutes. « C’est au-dessus de mes forces ! »
« Non, tu vas y arriver. » Il la serra encore plus fort, lui donna un baiser sur le front. « Tu es assez forte pour ça… écoute moi… » Elle redressa la tête et le regarda dans les yeux. « Tu dois te servir de cette douleur pour faire barrage à l’intrusion. La douleur et la souffrance te permettront de rejeter l’attaque avec deux fois plus de puissance, il suffit de les transformer en force. Tu comprends ? »
Elle eut quelques secondes de réflexion, puis son visage s’éclaira. « Oui, je crois que j’ai compris. »
Ils se relevèrent alors et reprirent leurs positions. Severus attaqua. Elle résista, il accentua son sort, elle résista encore, puis il redoubla d’intensité, elle sentit ses défenses lâcher et les images commencèrent à envahir son esprit. Elle serra ses poings et elle prit toute la souffrance qu’elle ressentait comme pour la plaquer devant elle, les images s’enfuirent. Elle avança d’un pas, Severus recula puis essaya de forcer encore ses pensées, le même mal de tête s’insinua lentement, mais elle passa outre et renforça ses défenses. Une aura de puissance s’émana d’elle. Il céda. Un sourire victorieux se dessina sur les lèvres d’Eléa.
« Bien… excellent même, » s’étonna-t-il.
« C’est grâce à tes conseils ».
« Nous ferons une autre séance la semaine prochaine… », décida-t-il, « histoire de voir si ce n’était pas un coup de chance », siffla-t-il.
« Severus ! » Elle le frappa gentiment à l’épaule, puis éclata de rire. Elle porta sa main à sur sa tempe droite. « J’ai mal à la tête… »
« C’est normal, je n’y suis pas allé de main morte, j’ai un début de migraine aussi… »
Ils quittèrent la salle de cours pour se diriger tous les deux vers l’infirmerie, se demandant ce qu’ils allaient inventer comme explication pour justifier leurs violents maux de tête.
***
Poudlard, 21 mars 1997
Hermione tombait de sommeil quand Harry la secoua dans la salle commune afin qu’ils se rendent dans la Tour d’Astronomie pour le test prévu par le professeur Sinistra.
- Bien ! commença le professeur sur un ton énergique afin de réveiller sa classe quelque peu endormie. Voici comment vont se dérouler les épreuves ! Vous allez d’abord passer une demi-heure à répondre à une série de questions, il y en a quarante, puis-
- Quarante questions en une demi-heure ! s’exclama Padma Patil alors que plusieurs élèves acquiescèrent.
- Je ne vous demande pas d’écrire un roman pour chaque réponse, et puis les vingt dernières sont sous forme de QCM, expliqua le professeur. Je disais donc, après cette demi-heure de questions, une autre demi-heure sera consacrée à l’établissement d’une constellation sur vos ardoises magiques, dont vous tirerez le nom au hasard, avant de la reproduire en trois dimensions dans l’air à l’aide des sorts que nous avons vus jusqu’à présent. Et enfin, pour la dernière demi-heure, nous monterons sur le balcon et à l’aide des télescopes à votre disposition, vous serez chargés de me montrer votre constellation. Des questions ?
Quelques murmures s’élevèrent mais personne ne posa de questions en particulier. Hermione trouva les questions du test plutôt faciles ce qui la soulagea quelque peu, surtout quand elle découvrit le nom de la constellation qu’elle allait devoir reproduire et trouver dans le ciel. Ce n’était vraiment pas la plus simple des constellations existantes dans la galaxie mais elle pensa tout de même s’en sortir honorablement. Le test se termina à minuit et demi et les élèves ne se firent pas prier pour rejoindre leurs dortoirs respectifs, réellement exténués. Heureusement, ils allaient pouvoir rattraper leur sommeil et profiter du week-end qui s’offrait à eux.
Hermione était toujours assise, le regard perdu en direction des étoiles.
- On a de la chance qu’il n’ait pas plu en tout cas, déclara Ron.
- Ron, dans ce cas, je crois que le test aurait été tout bonnement annulé, répondit Harry sur un ton amusé.
- Ouais, bon, on va se coucher ? demanda le rouquin en bâillant.
- Ouais, bonne idée, répondit Harry tendant une main à Hermione qu’elle saisit pour se relever.
Ils rejoignirent lentement leur salle commune, au moins ils avaient un prétexte et Rusard ne pourrait pas les accuser de traîner la nuit dans le château. La Grosse Dame leur ouvrit la porte à moitié endormie et ils se souhaitèrent une bonne nuit avant que Ron et Harry ne rejoignent le dortoir des garçons. Quand ses amis disparurent dans les escaliers, Hermione fit demi-tour et dérangea à nouveau la Grosse Dame qui grogna afin de retourner dans la Tour d’Astronomie où devait la rejoindre Draco.
Il n’était pas encore là et elle monta sur le balcon afin de vérifier une seconde fois qu’elle ne s’était pas trompée de constellation. Draco arriva quelques minutes plus tard et prit place sur une des chaises faites pour regarder le ciel sans s’attraper un torticolis. Son regard dévia sur le postérieur d’Hermione, légèrement penchée, et toujours en train de regarder dans le télescope.
- Je crois que je ne me suis pas trompée…, dit-elle finalement se tournant pour lui faire face.
- Le contraire m’aurait étonné, répondit-il lui faisant signe de s’approcher.
- Il m’arrive de rater des devoirs, figure-toi, dit-elle s’approchant lentement.
- Oui, bien sûr, rétorqua-t-il sur un ton ironique lui attrapant la main et l’attirant à lui.
Il la fit asseoir sur lui et la chaise craqua sous le poids de leurs deux corps.
- On va la casser…, fit remarquer Hermione alors que Draco était déjà en train d’attaquer son cou, dégageant ses cheveux.
- Mais non, elle est faite pour ça, regarder les étoiles…
- Pas à deux…
Il ne répondit pas et tourna son visage vers lui afin de capturer ses lèvres. Elle attrapa son cou d’une main et leurs langues se rencontrèrent enfin. Elle sentit une de ses mains glisser sous sa robe de sorcière et chercher sous son pull et son chemisier un de ses mamelons qu’il trouva sans peine commençant à le titiller afin qu’il durcisse sous ses doigts. Son gémissement fut étouffé par sa langue toujours dans sa bouche.
Il descendit rapidement sa main qui passa sous sa jupe alors qu’il trouva encore une fois sans peine son clitoris sensible au travers de sa culotte déjà humide. Il abandonna ses lèvres et se mit à lécher son cou en même temps que sa main aventureuse passa dans sa culotte et qu’il entreprit d’introduire doucement un doigt dans son intimité largement lubrifiée. Elle étouffa un petit cri et ouvrit tout à coup les yeux avant d’essayer de se lever.
- Arrête Draco…, souffla-t-elle alors qu’elle n’arrivait pas à se relever de cette maudite chaise.
- Je ne fais rien ! se défendit Draco de mauvaise foi avec un sourire en coin alors qu’il avait levé les deux mains s’amusant de la voir se débattre avec elle-même.
Elle abandonna et se renversa en arrière contre lui dans l’espoir de l’écraser. La chaise se brisa alors et ils se retrouvèrent tous les deux à terre. La surprise passée, ils éclatèrent de rire tout en se relevant.
- Tu ne t’es pas fait mal ? lui demanda Draco.
- Non, ça va, et toi ?
- Ca va, je t’ai amorti le choc, s’amusa-t-il.
Hermione sortit sa baguette et prononça distinctement dirigeant sa baguette vers la chaise : « reparo », afin d’arranger ce petit désagrément.
Elle regarda finalement Draco, qui avait enfoui les mains dans les poches de son pantalon, et déclara :
- Tu sais, ce n’est pas que je n’ai pas envie de toi, au contraire, j’ai envie de toi…
- Je sais, j’ai vu, dit-il un sourire en coin qu’elle lui rendit.
- C’est juste que…
- Tu n’es pas prête, je sais aussi.
- Ce n’est même pas ça. Je crois que j’ai peur…, avoua-t-elle.
- De quoi ?
- De l’acte en lui-même. De ce qu’il implique, de ce qui en résultera… De notre relation… Ca me tue de devoir te voir en cachette, de ne rien dire et pire, de mentir à mes amis, c’est dur…, expliqua-t-elle sérieusement le visage tout à coup grave.
- C’est dur pour moi aussi tu sais… Moi aussi, je ne peux rien dire mais je m’en fiche Hermione, je me fiche des autres. Pour le moment, c’est comme ça et tout ce qui compte, c’est que je sois avec toi…
Elle acquiesça et baissa la tête tristement. Il s’approcha et la prit dans ses bras.
- Si Potter l’apprend, il me tuera…, déclara Draco doucement.
Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.
- Je ne lui dirais rien, rassure-toi. Je ne peux pas, il ne l’accepterait pas, il ne comprendrait pas… Mais tout ce qui compte, c’est que je sois avec toi aussi, répondit-elle et ils s’embrassèrent longuement avant que Draco ne la prenne par la main, l’entraînant vers la sortie.
- Allez viens, je te raccompagne…
***
Poudlard, mars 1978
Sortie de l’infirmerie, Eléa rejoignit la tour de Gryffondor pour y rejoindre Sirius, elle apprit par Peter qu’il était seul dans sa chambre, en train de lire. Elle entra doucement ; remarquant sa présence, il eut un large sourire. Elle s’assit à côté de lui et l’embrassa langoureusement.
« Tu as l’air fatiguée », remarqua-t-il. « Ta séance s’est bien passée ? »
« Eprouvante, mais j’y suis arrivée… tu peux être fier de moi ! »
« Mais je le suis ! Même si je n’aime pas Snape, je suis obligé d’avouer qu’il est très fort dans certains domaines », soupira-t-il.
« Qu’est-ce que tu lis ? » Elle prit le livre à côté de lui et lut : « Histoire des Moldus, tome 3… oh… » Elle reposa le livre sans commentaire. Sirius sourit légèrement.
« C’est très intéressant tu sais. »
« Si tu le dis », répondit-elle sans conviction, puis elle changea de sujet. « Qu’est-ce que tu as prévu ce soir ? »
« Ah… », dit-il embêté. « Je voulais t’en parler, j’ai promis à James de faire nos devoirs ensemble, on est légèrement en retard dans deux matières. Pourquoi ? »
« Severus m’a invitée à une fête chez Serpentard. Je voulais savoir si je pouvais y aller. »
« Tu me demandes mon autorisation ? » s’étonna-t-il.
« Euh… oui… enfin… »
« Tu n’as pas besoin de me demander ça, Eléa, tu sais bien que je ne te dirais pas non ! »
« Je préfère te demander… je ne sais pas pourquoi… » Son attitude la surprenait autant que Sirius.
« C’est en quel honneur ? »
« Je ne sais pas, je n’ai pas demandé. Je suppose que ça doit être pour l’anniversaire de Rodolphus, puisque c’est demain… Tu veux venir ? » Il la regarda d’un air dubitatif. « Oui mauvaise idée », réalisa-t-elle.
« Ne bois pas trop », conseilla-t-il.
« Non, tu me connais. » Elle haussa les épaules.
« Justement… », marmonna-t-il.
Elle rit et l’embrassa tout en montant en califourchon sur lui. « Il nous reste combien de temps avant que les trois autres mousquetaires arrivent ? »
Il regarda sa montre. « Une bonne heure… » Il lui caressa ses longs cheveux ondulés.
« Bien », murmura-t-elle. Elle prit sa baguette, la dirigea vers la porte et chuchota : « collaporta ».
***
Poudlard, fin mars 1997
Le week-end se déroula paisiblement. Hermione, étant bien avancée dans ses devoirs, trouva du temps pour voir Harry, Ginny, Ron, Luna et Neville et ils passèrent tous les six une bonne partie de l’après-midi du samedi à discuter dans le parc, profitant du soleil qui s’était montré généreux. Ils parlèrent longuement de l’évasion des Mangemorts et du fait qu’ils n’avaient toujours pas reçu de convocation pour une réunion de l’Ordre du Phénix. Neville raconta une nouvelle fois la sortie théâtrale et spectaculaire de Poudlard d’Eléa du début du mois à laquelle il avait assisté alors qu’il se rendait dans la Grande Salle. Hermione fit le rapprochement avec sa chute et imagina la discussion houleuse qu’il avait dû y avoir entre sa mère et son grand-père. Elle se forçait à penser à eux en ces termes mais avait beaucoup de mal à accepter le fait que Dumbledore soit son grand-père, beaucoup plus de mal, bizarrement, à se faire à l’idée qu’Eléa était sa mère biologique. C’était sûrement dû au fait qu’elle connaissait le directeur de Poudlard depuis plus de cinq ans maintenant et qu’elle l’avait toujours mis sur un piédestal, le considérant comme un sorcier puissant et sans faille. Quand elle le croisait, elle détournait à présent toujours le regard, évitant de le regarder en face, et lui marmonnant des bonjours étouffés.
Le dimanche, elle passa cette fois-ci la fin de l’après-midi et une partie de la soirée avec Draco qui l’invita à passer un moment dans la salle commune des Serpentards. Les élèves présents étaient plutôt tendus et Hermione sentit bien qu’elle n’était pas la bienvenue et qu’elle ne le serait de toute manière jamais, surtout quand Pansy se permit de lui faire une remarque acide suffisamment fort pour qu’elle entende. Elle voyait bien que Draco bouillait et mourrait d’envie de l’envoyer promener, ou pire lui coller une bonne gifle mais il faisait un effort manifestement surhumain pour garder son calme et le contrôle de lui-même, maintenant son statut de leader et sa réputation au sein de sa Maison.
Moins d’une demi-heure après son entrée dans les sous-sols de Poudlard et se demandant si son thé n’était pas empoisonnée, Hermione décida finalement de s’en aller. Draco fit mine de la raccompagner mais l’attira jusqu’au dortoir des garçons où il lui fit visiter sa chambre qu’il avait pris soin de ranger juste avant à l’aide du sort approprié. Il avait prévu également d’envoyer Crabbe et Goyle en mission, chargés de surveiller les allers et venues de Potter dans la Tour de Gryffondor. Il pouvait donc être tranquille avec Hermione sans être dérangé par ces deux parasites. Ils étaient visiblement gênés de se retrouver seuls dans une chambre et Hermione se demanda au bout du compte s’il n’avait pas une idée derrière la tête. Il sembla se rendre compte qu’elle était tendue et ne tenta rien qui pourrait la mettre davantage mal à l’aise, préférant discuter de tout et de rien dans les bras l’un de l’autre. Ils écoutèrent même, sur le baladeur CD qu’Hermione avait prêté à Draco, partageant les écouteurs, le CD de Muse qu’Harry avait offert au Serpentard pour Noël et ils décidèrent d’ériger la chanson « Blackout » comme LEUR chanson pour avoir dansé la première fois dessus à la soirée d’Halloween.
Le mercredi suivant, Hermione décida qu’il était temps d’agir pour avoir les réponses aux questions encore trop nombreuses qu’elle se posait, et elle envoya un hibou à Eléa avec ces simples mots : « Samedi 29 mars, 21h. RDV aux Trois Balais. Hermione. »
***
Little Hangleton, fin mars 1997
On frappa à la porte, la voix de Rabastan s’éleva.
- Réunion dans une demi heure !
- Oh non ! c’est pas vrai ! J’en ai marre de ces réunions matinales, y en a qui ont besoin de dormir ! s’énerva Eléa.
- Serais-tu fatiguée ? sourit Lucius, allongé à ses côtés.
- Après ce que tu m’as infligé la nuit dernière, j’ai besoin de repos ! s’exclama-t-elle.
Ils rirent de bon cœur, puis lentement, ils sortirent du lit pour se préparer. Eléa détestait ces réunions assommantes, elle connaissait les plans du Maître et elle en avait assez d’entendre toujours les mêmes choses. Elle n’était pas vraiment obligée d’y assister, le Maître avait été ravi de la petite escapade qu’elle avait eue avec Lucius et qui avait fait les gros titres de la presse. Elle avait regagné sa confiance. Mais là où Lucius allait, elle suivait.
La réunion se passa avec les dirigeants des grands groupes de Mangemorts européens, ils prévoyaient de petits attentats un peu partout, pour rappeler aux gens que la menace pesait de plus en plus. Ils firent aussi le point sur l’avancement des alliances entre les créatures marines, les géants et autres.
Enfin, après deux heures de réunion soporifique qu’Eléa avait réussi a supporter en imaginant les tortures qu’elle pourrait faire subir à Bellatrix, ils quittèrent la salle de réunion, prêts à se restaurer. Elle prépara un plateau repas pour elle et Lucius, qui discutait avec le représentant italien et monta les marches en direction de la chambre.
- Bel esprit d’équipe ! lança Bellatrix assez fort.
- Je t’emmerde !
Bellatrix se leva, baguette à la main mais fut retenue par Rodolphus, exaspéré. Lucius regarda Bellatrix, d’un air hautain et glacial, puis prit le plateau des mains d’Eléa pour le monter lui-même.
Ils rentrèrent dans la chambre, Eléa s’allongea sur le ventre en travers du lit, Lucius fit de même, ils étaient face à face. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés, ils passaient le plus de temps possible ensemble, comme pour rattraper le temps perdu. Ils commencèrent à manger paisiblement, discutant de la pluie et du beau temps, se plongeant dans les yeux de l’autre. Ils furent soudain interrompus par des petits coups à la fenêtre. Lucius se leva et apporta un petit hibou sur le lit. Eléa sentit son cœur s’arrêter. Lucius remarqua son expression sur son visage.
- Amour, c’est peut-être une lettre de mon fils…
- Je sais. C’est juste que… enfin j’espère tellement, murmura-t-elle.
- Tiens, il lui donna le papier plié en deux, lis le d’abord, au cas où…
- Merci….
Elle saisit le papier, tremblante, le cœur battant fort dans sa poitrine, elle lut. Elle reposa le mot, les larmes aux yeux et regarda son amant qui lui sourit tendrement.
- C’est pour quand ? demanda-t-il curieux.
- Le 29 mars. A Pré-au-Lard. Par Merlin, j’angoisse déjà. Elle va vouloir savoir qui est son père… Elle paniquait totalement. Qu’est-ce que je vais lui dire ? Lucius, comment va-t-elle le prendre ?
- Mal. Attends-toi à ce qu’elle le prenne mal, ça lui fera un choc, c’est certain. Il s’assit en face d’elle et lui caressa le visage, elle s’y fera, elle acceptera.
- J’espère…
Il l’embrassa doucement puis plus profondément. Eléa sentit de petits coups de bec sur sa main.
- Notre ami s’impatiente je crois, rit-elle.
Elle se dirigea vers la fenêtre qu’elle ouvrit en grand, puis disposa sur le rebord de grosses miettes de pain, que le hibou avala avec empressement.
***
Hermione fut fébrile tout le samedi, n’arrivant pas à se concentrer sur ses devoirs et entendant à peine les paroles de Draco, lui demandant sans arrêt de répéter ce qu’il venait de dire. Dans quelques heures, elle allait rencontrer pour la première fois sa mère et aurait l’occasion de lui parler et lui poser toutes les questions sur sa vie, questions qui étaient restées en suspens. Elle appréhendait aussi un peu, elle faisait partie des Mangemorts après tout et soutenait Voldemort qui voulait tuer son meilleur ami. Elle avait peur de ne pas pouvoir la regarder en face, et finalement perdre son calme et s’en aller sans rien savoir sur sa vie. Elle était au bord de l’explosion mentale et Draco ne lui posa aucune question quand elle le laissa dans la Tour d’Astronomie lui marmonnant qu’elle retournait dans sa chambre.
Après le dîner, les Gryffondors rejoignirent leur salle commune et Hermione n’arrêtait pas de demander l’heure, énervant Ron qui en avait visiblement marre de jouer les horloges parlantes. Quand Harry se leva pour aller brièvement dans sa chambre, elle se leva à son tour et le suivit au grand soulagement de Ron qui espérait qu’elle lui demanderait de lui prêter un réveil ou une montre.
Elle frappa à la porte et entra doucement alors que Harry se retourna et lui jeta un regard interrogatif.
- Harry, j’ai quelque chose à te demander…, commença-t-elle se mordillant la lèvre inférieure.
- Je t’écoute, si je peux t’aider, tu sais bien que ce sera avec plaisir ! lui sourit-il.
- J’aimerais que tu me prêtes ta cape d’invisibilité…
Il la regarda un peu surpris, il s’attendait à tout, sauf à ça.
- Bien sûr, mais…
- Ne me demande pas pourquoi, ou pour quoi faire, pour aller où…Ne me pose pas de question s’il te plaît Harry… Je te le dirais, je te le promets, mais pas maintenant. C’est quelque chose que je dois faire seule…, expliqua-t-elle.
- D’accord… Mais ce n’est pas dangereux j’espère…
Elle le regarda les yeux suppliants, se forçant à ne pas répondre à cette question pour ne pas avoir à subir toutes celles qui risquaient de suivre et il comprit, acquiesçant et sortant la cape de sa malle.
- Pas de question, ok… Il lui tendit la cape avec un sourire ajoutant quand même : quoique tu en fasses, sois prudente Hermy…
- Je te le promets, et merci… Je te le dirais, Harry, je te le jure…
Il acquiesça à nouveau déclarant en plaisantant :
- File, dépêche-toi, elle se désintègre à minuit !
Elle se mit à rire également et déposa un baiser sur sa joue avant de sortir en courant, passant comme une flèche dans la salle commune et elle ne s’arrêta de courir que lorsqu’elle atteignit enfin le passage secret qui allait la conduire à Pré-au-lard, jusque chez Honeydukes où elle pourrait gagner les Trois Balais, à l’abri des regards, cachée sous la cape.
***
Poudlard, mars 1978
Eléa se rendit chez les Serpentards après le dîner. Quand elle entra, elle sentit tous les regards se porter sur elle. Severus s’avança vers elle et la prit par la main et la conduisit vers le préfet et ses amis. Lucius sourit quand il la vit, la dévorant des yeux au passage, elle les salua.
« J’ai l’impression que certains n’acceptent pas ma présence », dit-elle froidement.
« Ce n’est pas important », répliqua Severus, un sourire aux lèvres. « Je suis ravi que tu sois là. »
« Au fait… c’est en quel honneur ? » les interrogea-t-elle devant l’absence des banderoles habituelles d’anniversaire.
Lucius et les autres la dévisagèrent. « Tu ne lui as rien dit Severus ? » l’interrogea le préfet.
« Non, elle n’a pas demandé », se justifia-t-il.
« Et bien… » reprit Lucius de sa voix charmeuse. « Nous fêtons les attentats de la Saint Patrick. » Un sourire vénéneux s’afficha sur ses lèvres pâles.
« Oh… » s’étonna-t-elle, c’était logique, mais elle n’y avait pas du tout pensé.
« Si cela te gêne, la porte est ouverte », répliqua Bellatrix sèchement.
« Et en quoi cela me gênerait-il Bellatrix ? »
« Je n’en sais rien, à force de fréquenter des traîtres à leur sang, peut-être que tu as été contaminée », siffla-t-elle.
« La seule chose qui risque de me contaminer, Bellatrix, c’est l’air que tu pollues par ta seule présence. » Bellatrix vit rouge, mais fut interrompue par Rodolphus.
« Les filles, oubliez un peu vos querelles, on est là pour faire la fête. Eléa, tu restes ? »
« Oui, bien sûr que je reste, enfin si quelqu’un daigne enfin me servir à boire ! » répliqua-t-elle en priant au fond d’elle que Sirius ne demande pas plus d’explications sur la fête le lendemain.
Elle s’amusa beaucoup, le whisky-de-feu l’y aidant bien sûr. Ils dansèrent, rirent, et parlèrent, elle se sentait bien au milieu d’eux, elle pouvait être elle-même sans craindre de blesser quelqu’un, cela lui faisait un bien énorme. Elle passa un long moment avec Rodolphus, sous l’œil de Bellatrix qui les surveillait de loin, cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pu discuter tranquillement. Il s’inquiétait pour elle et lui avait posé des questions sur sa relation avec Sirius, elle le rassura mais avoua qu’elle regrettait de ne pas pouvoir passer plus de temps avec les Serpentards.
Elle passa ensuite un moment à danser avec Sarah qui filait le parfait amour avec Severus, elles purent faire un peu mieux connaissance et s’entendaient plutôt bien.
Vers minuit, Eléa se reposa un peu dans une pièce éloignée de la grande salle commune. La maison Serpentard était un véritable labyrinthe, des couloirs s’entrelaçaient et des petites pièces étaient dissimulées partout. Elle était assise dans un canapé. Elle avait trop bu… elle sentit sa présence, il était là. Il s’approcha doucement d’elle et s’assit à ses côtés. Sa simple présence la fit frissonner. Il effleura d’une main son visage qu’elle tourna vers lui, plongeant ses yeux dans son regard d’acier. C’était la première fois qu’il la touchait depuis leur séparation, elle n’avait pas oublié la douceur de ses mains, ni son souffle chaud qu’elle pouvait sentir à présent. Son cœur battait plus vite et sa raison lui disait de partir. Elle se leva brusquement mais il la retint par la main et la tira vers lui, la faisant tomber sur le canapé, leurs lèvres n’étaient qu’à quelques centimètres. Il l’embrassa, forçant l’entrée de sa bouche et une langue passionnée caressa la sienne. Elle le repoussa avec force.
« Non Lucius, je ne veux pas. »
« C’est faux, je peux sentir ton désir… » Il avait raison.
« Non, désolée Lucius mais je n’ai pas envie de toi. » Menteuse, murmura une petite voix dans sa tête.
Elle essaya de se relever, mais il l’en empêcha.
« Tu as trop bu Lucius », dit-elle tristement. « Laisse-moi… »
Il la regarda dans les yeux et relâcha son étreinte. Elle sortit du canapé et avant de partir se retourna vers lui. Il avait un sourire aux lèvres. Troublée, elle salua ses amis et s’enfuit de la fête. Elle avait trop bu, elle devait aller se coucher sinon elle serait incapable de suivre les cours le lendemain.
Elle marchait lentement dans les couloirs, perdue dans ses pensées. Il avait souri, de la manière qu’elle n’aimait pas. Un sourire de victoire. Il avait eu ce qu’il voulait, il avait senti le désir en elle, il avait eu sa réponse. Elle ne pensait pas ressentir autant de désir pour lui, elle était heureuse avec Sirius, certes elle n’était pas toujours elle-même, elle devait faire des efforts pour se contenir souvent, mais elle se sentait bien. Quand Lucius l’avait touchée, c’était comme si son corps se rappelait de lui, de sa peau, de son parfum et cela la troublait.
Elle regagna enfin son étage et marchait en direction de sa maison, quand elle vit une silhouette s’approcher d’elle. Rémus.
« Bon sang Eléa, il est une heure ! Je vais devoir t’enlever des points », râla-t-il.
« Une heure ? » s’étonna-t-elle.
« Oui. » Il s’approcha d’elle. « Et en plus tu as bu ! » Il leva les yeux au ciel.
Bon d’accord, elle ne marchait pas très droit, mais elle n’avait pas bu tant que ça, comment pouvait-il le sentir, elle n’empestait pas l’alcool… Soudain, elle réalisa et vit le visage de son ami se décomposer.
« Eléa », dit-il en fronçant les sourcils, « pourquoi je sens Malfoy sur toi ? Son odeur est dans tes cheveux, sur ta peau… »
« Ce n’est pas ce que tu crois », le coupa-t-elle, « je me reposais un peu avant de partir et il est arrivé, il m’a prise au dépourvu Rémus, je te jure que je n’ai rien fait ! »
« Tu as bien dû faire quelque chose sinon je ne le sentirais pas autant », reprocha-t-il.
« Il m’a embrassée », avoua-t-elle. « Mais je lui ai dit non, je ne lui ai pas rendu son baiser, je l’ai rejeté Rémus… » Elle commençait à paniquer.
« Ok, ok, calme-toi… je te crois d’accord ? »
« Je ne ferais rien de tel tu le sais, je ne veux pas le perdre… » dit-elle désespérée.
« Je le sais Eléa… Rentre te coucher maintenant, tu en as besoin », dit-il gentiment.
Elle acquiesça et se dirigea vers la porte.
« Eléa ? » Elle se tourna vers lui. « Cela a été dur ?… De lui dire non ? »
Elle se contenta de baisser les yeux tristement et de rentrer dormir, maudissant cette soirée et son déroulement.
***
Pré-au-Lard, 29 mars 1997
Le village était plutôt animé, il y avait beaucoup de monde dans les rues, ce qui n’était pas étonnant pour un samedi soir. Hermione espérait de tout cœur ne pas croiser Hagrid dans la taverne bien qu’elle savait qu’il s’y rendait fréquemment.
Elle entra prudemment, toujours avec la cape d’invisibilité sur elle, et scruta l’endroit afin de s’assurer qu’elle ne risquait pas d’être reconnue. La voie semblait libre et elle fut soulagée de voir qu’Hagrid n’avait pas eu la bonne idée de descendre au village ce soir. Elle se faufila entre les tables tout en prenant garde de ne pas bousculer quelqu’un et elle s’arrêta tout à coup, retenant son souffle. Eléa était déjà là, assise seule à une table au fond de la taverne, quelque peu dans l’obscurité. Elle ne la voyait que de profil mais elle la reconnut instantanément malgré le fait qu’elle avait la capuche de sa cape noire encore à moitié sur sa tête. Elle avança toujours prudemment, respirant à peine et ayant du mal à déglutir, et fit en sorte de se plaquer contre le mur afin de mieux voir son visage. Eléa avait la tête baissée et passait machinalement, le regard dans le vide, son doigt sur le rebord de sa chope de Bièreaubeurre. Elle ne pouvait plus reculer à présent, sa mère était là, elle était venue et elle détenait la clé de son passé. Elle se figea quand Eléa leva soudainement la tête et regarda dans sa direction. Elle ne pouvait pas la voir, elle était cachée sous la cape d’invisibilité, mais pourtant Eléa regardait fixement le mur contre lequel elle était appuyée. Puis, elle la vit soupirer et baisser à nouveau les yeux vers sa Bièreaubeurre qu’elle n’avait visiblement pas touchée. Hermione regarda la grosse pendule au-dessus du comptoir qui indiquait déjà 21h30 et elle se dirigea vers les toilettes où elle se débarrassa enfin de la cape qui commençait à lui tenir chaud. Elle la rangea soigneusement dans son sac et s’observa un instant dans le miroir, se recoiffant avec ses doigts tout en faisant quelques rapides exercices de respiration. Elle sortit des toilettes avec une boule dans l’estomac et s’approcha lentement de la table où était installée Eléa. Elle arriva finalement à sa hauteur, Eléa leva lentement les yeux vers elle et Hermione fut surprise par son regard bleu translucide tandis qu’elle prit place en face d’elle sans dire un mot.
Eléa abaissa la capuche de sa cape et Hermione leva les yeux pour la regarder, subjuguée par sa beauté. Eléa n’était pas maquillée, ses longs cheveux bruns bouclés étaient détachés et ses grands yeux bleus clairs ne quittaient pas Hermione qu’elle détaillait également. Elles étaient dans une phase d’observation mutuelle, chacune détaillant les traits de l’autre.
- Je… j’avais peur que tu ne viennes pas…, déclara finalement Eléa brisant la glace.
- C’est moi qui ai provoqué cette rencontre, c’était normal que je sois là, répondit Hermione en haussant les épaules.
- Comment vas-tu ? demanda Eléa approchant une main de l’arcade sourcilière d’Hermione.
La jeune sorcière eut un mouvement de recul et Eléa comprit qu’il ne fallait pas qu’elle aille trop vite et qu’elle brûle les étapes.
- Pardon…, murmura-t-elle mettant ses mains sous la table.
- Je vais bien, merci, répondit froidement Hermione.
- Tu veux boire quelque chose ? demanda Eléa. Tu as faim ? Tu peux commander ce que tu veux…
- Non, je ne veux rien, merci…
Malgré tous les efforts d’Eléa, Hermione était très distante. Le visage fermé, elle observait sa mère ne sachant par quelle question commencer et ayant un peu peur de la réaction qu’elle pourrait avoir face aux réponses qu’elle allait entendre.
- C’est un très joli prénom Hermione, poursuivit Eléa. Ce n’est pas moi qui l’ai choisi tu sais. C’est ton grand-père qui te l’a donné…
- Tout ce que tu as fait, c’est donc me mettre au monde dans la cellule d’une prison sordide, n’est-ce pas ?! déclara enfin Hermione sur un ton de reproche.
Eléa s’attendait un peu à entendre des reproches mais elle eut l’impression tout de même de recevoir une douche froide.
- Je ne t’ai pas abandonnée… Je n’ai eu le temps de te tenir dans mes bras que quelques secondes avant qu’il ne te prenne…, répondit Eléa visiblement émue.
- Mais tu étais en prison, c’était logique, non ? Tu étais en prison… pour avoir collaboré avec les Mangemorts…
- J’ai fait des choix, Hermione. J’ai choisi mon camp et les personnes avec lesquelles je voulais être et en qui j’avais confiance. Je ne regrette rien, sauf de n’avoir pu t’élever… Quand j’ai su que j’étais enceinte, mon seul souci a été de te protéger, je n’en ai pas eu le temps…
- Je ne comprends pas…, continua Hermione. Pourquoi les Mangemorts ?
- On était en guerre et en temps de guerre, il faut faire des choix et choisir son camp. J’ai suivi mon instinct et les personnes que j’aimais.
- Et leurs idées et idéologie, poursuivit Hermione sur un ton dur teinté de désapprobation.
- Et leurs idées et idéologie, répéta Eléa en acquiesçant avec un regard déterminé et de défi.
- Toi et moi, tout nous sépare…, avoua tristement Hermione.
- Et tout nous rapproche aussi, et le sang nous unit…, déclara Eléa dont les yeux bleus étincelaient.
Elles restèrent un instant silencieuses, plongées dans leurs pensées respectives.
- Qui est mon père ? demanda finalement Hermione regardant Eléa dans les yeux.
Elle posait enfin la question à laquelle Eléa s’attendait, question qu’elle redoutait le plus, compte tenu de la réponse qu’elle allait devoir lui apporter. C’était finalement gênant, et elle ne savait pas comment s’y prendre pour avouer à sa fille qu’elle n’était pas tout à fait le fruit d’un réel amour.
Hermione s’aperçut de son embarras et ajouta d’un ton insistant.
- Je suis prête à tout entendre après ce que je viens de vivre.
- James Potter, déclara Eléa brutalement.
Visiblement, elle était prête à tout entendre sauf ça. Elle avait écarquillé les yeux comme si elle venait de se recevoir un coup de poignard dans le ventre.
- Mais…, bredouilla-t-elle confuse, je ne comprends pas… James Potter était marié avec Lily et…, et, c’est impossible…
- Ce n’était pas un amour partagé Hermione, enfin ce n’était pas… partagé, ni d’un côté, ni de l’autre…, bafouilla Eléa réellement embêtée. C’était un concours de circonstances…
- Formidable…, déclara amèrement Hermione et elle eut l’impression d’avoir soudainement un goût métallique dans la bouche lui donnant la nausée.
- Je sais ce que ça implique pour toi… et je comprends les bouleversements que tout cela peut entraîner dans ta vie…
- Non, tu ne sais pas et tu ne peux pas comprendre… Je… je crois que je vais y aller, il est tard, déclara Hermione en se levant.
Eléa se leva également manquant de renverser sa Bièreaubeurre toujours pleine mais à présent froide qu’elle arrêta d’un geste de la main.
- Est-ce que tu me détestes Hermione ? demanda-t-elle soudainement. Parce que tu as toutes les raisons de me détester même si ça me crève le cœur de l’admettre…
Hermione la dévisagea et fut bouleversée par son regard perdu et quelque peu mélancolique. Elle sembla réfléchir un instant à la réponse appropriée et déclara d’une voix faible :
- Non, je ne te déteste pas…
Eléa acquiesça, les yeux emplis de larmes avant de poser une dernière question, pleine d’espoir.
- Est-ce qu’on se reverra ?
- Je ne sais pas. Je ne peux rien promettre. J’ai besoin de temps…, répondit-elle.
- Je comprends, acquiesça à nouveau Eléa s’efforçant de retenir ses larmes.
- Au revoir, déclara finalement et brièvement Hermione regardant une dernière fois sa mère avant de s’éloigner.
- Au revoir…, murmura Eléa si bas, regardant le sol, qu’Hermione fut incapable de l’entendre.
Hermione sortit rapidement des Trois Balais et prit une grande bouffée d’air frais une fois dehors. Elle enfila rapidement la cape d’invisibilité et se hâta de retourner chez Honeydukes afin d’emprunter le passage secret jusqu’à Poudlard.
Elle fut soulagée de se retrouver dans l’enceinte protectrice du château et elle s’assit un instant sur la première marche de l’escalier conduisant à la tour de Gryffondor, savourant le silence et le calme régnant dans les alentours. Elle leva finalement la tête en entendant des pas s’approcher et son visage s’illumina pour la première fois de la soirée quand elle vit Draco qui devait sûrement faire une ronde pour cause d’insomnie vu l’heure tardive. Oubliant qu’elle était toujours sous la cape d’invisibilité, elle courut à sa rencontre et s’élança dans ses bras.
Dire qu’il fut surpris était faible. Croyant qu’il s’agissait d’une attaque invisible, il se débattit et elle comprit, enlevant rapidement la cape qui la recouvrait entièrement.
- Draco, c’est moi ! s’exclama-t-elle alors qu’il la regardait d’un air incrédule.
- Qu’est-ce que… ? commença-t-il désorienté. Tu étais invisible sous ce truc… Cette cape rend invisible ?
- Oui, elle est à Harry.
- Ca explique pas mal de choses…, déclara-t-il l’air songeur. Qu’est-ce que tu fais là ? D’où est-ce que tu viens ? De qui te caches-tu ?
Pour toute réponse, elle éclata en sanglots et se réfugia à nouveau dans ses bras, et ils montèrent ensemble jusqu’à la Tour d’Astronomie.
***
Elle lui raconta tout, son adoption par un couple de Moldus, la conversation qu’elle avait surprise entre Lupin et Dumbledore le soir où elle était allée chercher des runes, conversation qui était donc la raison pour laquelle il l’avait trouvée si bouleversée quand elle était revenue en pleurs dans la Tour, sa discussion avec Lupin puis avec Snape, sa chute dans les escaliers, les révélations de Dumbledore, son lien de parenté avec le directeur de Poudlard et enfin sa rencontre avec Eléa, sa mère biologique, sa vraie mère… Elle lui épargna volontairement l’appartenance d’Eléa au clan des Mangemorts et décida qu’il était préférable qu’il ne sache pas que son véritable père s’appelait James Potter. Ils étaient assis l’un en face de l’autre, sur des chaises qu’ils avaient rapprochées et il lui tenait les mains alors qu’elle tremblait et que des larmes silencieuses coulaient sur ses joues. Puis, elle eut tout à coup chaud et sentit comme si un étau enserrait sa poitrine alors qu’elle se leva soudainement lui disant qu’elle ne sentait pas très bien et qu’il fallait qu’elle prenne l’air et vite. Elle avait du mal à respirer et courut presque dans les escaliers pour atteindre le balcon de la Tour et respirer à pleins poumons l’air frais qu’elle accueillit avec soulagement. Il la rejoignit mais resta discret n’osant pas s’approcher d’elle et la prendre dans ses bras alors qu’il en crevait d’envie. C’était à elle de décider, il pouvait comprendre un tel bouleversement dans sa vie, il ne voulait pas la brusquer, l’étouffer, même sous des baisers. Ce fut elle qui vint à lui, lentement, et presque désespérément, elle se jeta dans ses bras, lui demandant de la serrer fort, très fort, jusqu’à lui faire mal. Ils rentrèrent après un long moment à être restés blottis dans les bras l’un de l’autre. Mais elle ne voulait pas s’éloigner de lui, de ses bras réconfortants, chauds et aimants. Il proposa de la raccompagner jusqu’à la tour de Gryffondor mais elle refusa, ne voulant pas se retrouver seule dans son lit froid et risquer de faire des cauchemars toute la nuit. Il proposa alors qu’ils passent la nuit ensemble, ici, dans leur refuge, en tout bien toute honneur bien sûr, et elle accepta avec une lueur dans les yeux et un timide sourire. Il fit apparaître un épais matelas, des couvertures et des oreillers et ils se glissèrent au chaud dans le lit magique tout habillés. Il la prit dans ses bras et lui caressa doucement les cheveux tout en l’embrassant légèrement s’efforçant de la bercer pour qu’elle s’endorme. Mais elle n’était pas fatiguée, sa rencontre avec Eléa tournait en boucle dans son esprit, lui donnant une nausée désagréable et elle tenta un instant de fermer les yeux très fort dans l’espoir de faire disparaître le mauvais film de sa vie. Quand elle les rouvrit, c’était pire, les images et les mots n’avaient pas disparus pour autant mais elle voyait en plus de multiples points lumineux s’agiter devant ses yeux. Elle soupira, se dégagea de son étreinte et se releva prenant une position assise, regardant un instant danser les flammes des bougies qu’il avait allumées. Il se releva à son tour, la regardant d’un air inquiet.
- Hermione ? Ca va bébé ?
- J’ai chaud…, dit-elle finalement après quelques secondes tout en enlevant son pull.
Il esquissa un sourire, soulagé par le rouge qui colorait à nouveau ses joues.
- Pas toi ? lui demanda-t-elle.
- Non, ça va.
- Je suis sûre que tu as chaud aussi…, insista-t-elle se tournant vers lui et commençant à essayer de lui enlever à son tour son pull.
- Hermione, qu’est-ce que tu fais ?? demanda-t-il sachant bien où elle venait en venir mais étant aussi légèrement déconcerté.
- Embrasse-moi…, répondit-elle prenant l’initiative et n’attendant pas qu’il agisse.
Il passa une main derrière sa nuque et approfondit le baiser alors qu’elle prit à nouveau son pull par chaque extrémité avant de le lui enlever lui faisant lever les bras. Elle ôta dans la foulée son tee-shirt se retrouvant en soutien-gorge et il réalisa que c’était la première fois qu’il la voyait aussi déshabillée bien qu’il avait eu à de nombreuses reprises l’occasion de toucher son corps et ses formes avantageuses. Il eut un sursaut de lucidité et la regarda dans les yeux.
- Ce n’est pas une bonne idée, Hermione. Je ne veux pas que ce soit pour de mauvaises raisons, parce que tu es bouleversée. Et que tu le regrettes après, ne voulant plus jamais me revoir parce que j’aurais profité de toi et de ta vulnérabilité…
- Et si je te dis que c’est parce que j’ai envie de toi, c’est une bonne raison ? rétorqua-t-elle s’approchant à nouveau de lui et l’embrassant dans le cou posant ses mains sur ses cuisses.
Ce fut visiblement une raison suffisante, en tout cas la meilleure qu’il aurait pu entendre alors qu’il la fit s’allonger sur le dos l’embrassant longuement et profondément avant de lui enlever son soutien-gorge et rester quelques secondes abasourdi devant sa beauté. Il se demanda comment il ne s’était pas rendu compte avant qu’elle était si belle. Il commença à caresser ses seins, savourant le fait qu’ils remplissaient largement ses mains puis il titilla ses tétons et ne put résister à la tentation de les sucer et les mordiller. Sa respiration s’était accélérée et elle avait passé une main derrière sa tête accentuant la pression sur ses mamelons. Il lécha sa poitrine, remonta jusqu’à son cou et trouva à nouveau ses lèvres pendant qu’une de ses mains descendit entre ses jambes, la caressant au travers de son jean. Elle passa ses mains sous son tee-shirt, savourant le contact du toucher de sa peau, sentant ses abdominaux se contracter sous ses caresses et elle explora finalement son dos avant de l’attirer à elle afin qu’il soit le plus en contact possible avec son corps. Quand il enleva son tee-shirt et qu’elle sentit enfin sa peau contre la sienne, elle ne put retenir un soupir de contentement. Ils enlevèrent ensemble à l’unisson rapidement chaussures et chaussettes, et Draco en profita pour se débarrasser de son pantalon qui commençait à le serrer un peu trop. Il regarda finalement Hermione et fronça les sourcils.
- Je suis plus déshabillé que toi, c’est pas juste…, fit-il remarquer et elle esquissa un sourire déboutonnant son jean qu’il l’aida à enlever.
Il caressa lentement et doucement ses seins, puis son ventre, descendant vers ses cuisses et remontant finalement vers son pubis, là où il trouva son point le plus sensible lui arrachant des soupirs de plaisir qui l’encouragèrent à s’aventurer plus profondément en insérant un doigt puis un deuxième dans la chaleur de son intimité. Il l’embrassa sur tout le corps, son ventre, ses seins, ses épaules, son cou.
- Touche-moi…, lui murmura-t-il à l’oreille.
Elle descendit une main timide jusqu’à son boxer et caressa son sexe déjà dur, puis elle laissa tomber toute inhibition et passa sa main dans son boxer saisissant sa verge dans sa main lui arrachant un grognement de satisfaction. Il plongea à nouveau sa langue dans sa bouche l’embrassant passionnément puis il la regarda sérieusement.
- Tu es sûre Hermione ? C’est la dernière fois que je te le demande parce que je pense que je ne serais plus en l’état de te le demander dans quelques instants…
- Oui, répondit-elle brièvement et pour lui prouver qu’elle ne changerait pas d’avis, elle enleva sa culotte et il ne tarda pas à l’imiter.
Ils s’embrassèrent encore langoureusement et Draco se positionna entre ses jambes quand il s’aperçut qu’elle tremblait légèrement.
- Tu as froid ? lui demanda-t-il.
- Non… J’ai… juste un peu peur, mais n’arrête pas…
- Je ne peux pas te promettre que ce ne sera pas douloureux mais je te promets que je ferai attention. Il faut que tu te détendes bébé…
Il n’en revenait pas de lui dire tout ça et d’être aussi prévenant. Il n’avait jamais agi ainsi avec les autres filles, se souciant finalement peu de ce qu’elles pouvaient ressentir et ne pensant qu’à son propre plaisir. Mais avec Hermione, c’était différent. Elle était différente, elle n’était pas qu’une fille avec qui il allait passer du bon temps. Il voulait que ce soit spécial pour elle, pour sa première fois, et autant que possible aussi agréable que ça allait être pour lui.
Il entra doucement mais profondément en elle et elle retint sa respiration fermant les yeux et agrippant ses épaules étouffant un gémissement de douleur. Il s’immobilisa et l’embrassa doucement avant d’effleurer sa joue et lui murmurer des paroles qu’elle ne saisit pas. Puis, la douleur sembla s’atténuer et elle comprit, le Sortilège d’Allégresse, il venait de lui jeter le Sortilège d’Allégresse pour amoindrir la douleur et ça fonctionnait. C’était nettement mieux, ce n’était pas non plus l’extase mais ce n’était plus aussi douloureux, juste inconfortable. Elle s’habitua finalement à sa présence dans son corps et il commença à bouger en même temps qu’elle. Ils établirent bientôt un rythme régulier, leurs respirations à l’unisson. Il recommença à la toucher là où il savait qu’elle allait réagir avec enthousiasme et quand il sentit les muscles de son vagin se contracter alors qu’elle poussa un petit cri, il accéléra son rythme et explosa à son tour en elle criant son nom. Ils s’embrassèrent tendrement reprenant leurs souffles. Elle dégagea une mèche de ses cheveux collée à son front pour y déposer un baiser et elle lui sourit alors qu’il la regardait avec des yeux encore embués de plaisir.
- Je t’aime Hermione…, souffla-t-il et elle fut surprise de sa déclaration ne s’y attendant de toute évidence pas même après ce qu’il venait de se passer.
- Je t’aime aussi…
Elle ne rêva pas d’Eléa cette nuit-là, elle n’y pensa même pas. Elle était avec Draco, rien qu’avec Draco.