Chapitre 7 : Symboles et Présages

« Les humains disent souvent que le passé n’est qu’un prologue, que nous devons le laisser derrière nous pour évoluer, qu’il nous faut toujours regarder en avant pour continuer de vivre… Mais nous autres pensons que le passé peut parfois aussi devenir l’avenir…

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Cela fait maintenant plus d’un mois que je suis arrivée à Poudlard en tant que professeur de défense contre les forces du mal ; plus d’un mois que j’ai fait la connaissance du jeune et célèbre Harry Potter, dans le train qui nous menait à l’école des sorciers ; plus d’un mois, également, que nous attendons tous un quelconque événement qui ne semble pas décider à advenir.

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Retourner à Poudlard a sans nul doute été la chose la plus difficile que j’ai dû faire de toute ma vie…Bien trop de douloureux souvenirs hantent encore ces lieux. Mais je devais revenir. Ce sont nos choix qui font de nous ce que nous sommes, disait Dumbledore il n’y a pas si longtemps. Chacun de mes actes passés me menait ici…Chacun de mes gestes représentait un pas de plus vers l’enceinte du château. Ma destinée était de revenir au commencement de tout.
Il est angoissant de comprendre que nous ne sommes pas totalement maître de nos vies, mais c’est ainsi…Nos choix sont guidés par une force plus puissante que toutes les autres, et cette force s’appelle le Destin.
Alors l’amour, la haine, l’amitié, la souffrance et la joie nous paraissent superflus. Pourquoi devoir éprouver des émotions si le monde ne nous laisse pas de véritables choix ? Cependant, nous ressentons et c’est ce qui nous permet de rester en vie, car si ces sentiments disparaissaient de nous, nous ne serions plus que des coquilles vides, errant à travers les âges, attendant la délivrance de la mort…
Beaucoup de choses, pourtant, restent encore hors de contrôle…

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J’ai découvert, lors de mon premier cours de défense contre les forces du mal, que le jeune Harry Potter possédait en lui l’incroyable faculté de pénétrer dans les esprits sans avoir jamais appris les pratiques de Légilimencie. Je crains qu’il n’ait réussi ainsi à accéder à certains de mes souvenirs les plus intimes.
J’ignore s’il est conscient de ces pouvoirs grandissant en lui ! Et j’espère, pour notre salut à tous, que ce n’est pas le cas...Il n’est jamais bon de se savoir puissant…cela amènerait bien trop de questions auxquelles il n’est pas encore préparé et pour lesquelles je ne possède pas de réponses qui lui conviendraient.
Ses pouvoirs sont excessivement grands. Une immense aura magique enveloppe ce garçon…Peu de sorciers, à ce jour, possèdent une telle puissance. Bien assez, diraient certains, et au vu de l’Histoire de notre communauté, je ne pourrais que leur donner raison.
Pour être tout à fait honnête, cela me terrifie. Si jamais Voldemort amenait Harry à rejoindre ses rangs, alors nous serions perdus !
Je me surprends parfois à les comparer…Ils se ressemblent d’une manière troublante qui ne présage rien de bon. Dumbledore, lui aussi, s’est aperçu de ces similitudes, mais le directeur de Poudlard éprouve l’affection d’un père pour ce garçon et souhaite lui épargner toutes les souffrances qui l’attendent .
Je crois que c’est une erreur…Le couver ne fera que lui rendre la lourde tâche qui lui est attribuée plus difficile ensuite.
Mais, pour le moment, d’autres problèmes plus pressants sont venus agrémenter le quotidien de Poudlard.

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Durant l’un des cours de divination du premier trimestre, Sibille Trelawney a, pour la troisième fois de sa vie, effectué une véritable prédiction.
D’après ses dires, un mystérieux anneau doré permettra au Seigneur des Ténèbres de devenir plus puissant encore qu’il ne l’est déjà. Elle affirme également que "l’enfant qui a été" reverrait de nouveau le jour… J’ignore la signification de cette phrase, mais elle me trouble profondément.

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Le jeune Potter souffre de cauchemars assidus. Après trois nuits d’insomnies, il a enfin accepté sur les conseils d’ Hermione Granger, de faire part de ses rêves à Dumbledore. Il prétend également entendre des voix mystérieuses aux abords du puits aux âmes, mais le professeur Binns s’évertue à expliquer que ce lieu ne détient aucun pouvoir particulier, qu’il ne s’agit là que d’une légende absurde. Après tout, peut-être est-il dans le vrai…peut-être Harry possède-t-il simplement une imagination débordante… mais je ne peux me résoudre à totalement accepter cette hypothèse. Les légendes s’avèrent bien souvent réelles dans le monde des sorciers. La Chambre des Secrets n’était-elle pas aussi considérée comme une légende ? Cependant, nous sommes nombreux maintenant, à connaître la dure réalité de son existence…

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Ici les jours défilent avec un calme presque insolent.
Depuis ces derniers événements, le château semble trop paisible. Mais aujourd’hui, nous avons reçu des nouvelles fraîches de Londres…
Pendant que nous réglions nos petits problèmes internes à Poudlard, Cornelius Fudge, le ministre de la magie, a été destitué de ses fonctions. Je me demande si nous devons nous en réjouir ou pas…l’avenir nous le dira sans doute.
Les Mangemorts et leur maître se font toujours aussi discrets. Pourtant, la guerre est imminente, nous le savons tous…J’aimerais croire que Voldemort reviendra à la raison avant la fin… Mais il s’agit là d’un rêve bien superflu, et c’est malheureusement tout ce qui me reste. Ne dit-on pas que la plus difficile des batailles est celle que l’on livre contre un ami ?

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Nous sommes le 3 octobre de l’année 1996, et la terre semble soudainement s’être arrêtée de tourner.
Tout le monde ici s’en rend compte.
McGonagall pense qu’il ne s’agit là que d’un moment de calme avant la tempête et que celle-ci se fera bien plus violente que tout ce que nous n’avons jamais vécu … Je souhaite de tout mon coeur qu’elle ait tort.
Le professeur Trelawney n’est plus ressortie de la tour de divination depuis sa dernière prédiction, elle semble croire que se cacher dans les hauteurs la protégera peut-être.
Severus est inquiet…Il ne veut pas le montrer, mais je le connais assez pour savoir qu’il est loin de se sentir rassuré…
Dumbledore, quant à lui, reste simplement Dumbledore, calme et énigmatique. Il ne parait pas effrayé. Il dit que le temps sera bientôt venu de livrer bataille et que nous avons fait le bon choix.
Pourtant, le doute s’empare de nous un peu plus intensément à chaque seconde qui passe.
Notre avenir repose à présent sur les épaules fragiles d’un simple adolescent…et il ne nous reste plus qu’à attendre.
Et nous attendons tous…Nous retenons notre souffle…
Mais l’air, ces derniers jours, a soudainement changé…Les ombres s’abattent sur nous, je peux les sentir. Peut-être suis-je la seule ici à le pouvoir ?

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Quelque chose approche… »

Chapitre 8 : De souvenirs en souvenirs

-Tu ne te concentres pas, Drago !
La voix remplie de reproches du professeur Snake fusa dans la salle de classe tandis qu’elle réprimandait, une fois de plus, Drago Malefoy qui tentait de mettre à profit son apprentissage de l’occlumencie.
-Je fais de mon mieux, s’énerva-t-il, la mine revêche, piqué debout devant le tableau noir.
-Non, c’est faux, répliqua la jeune femme de sa voix mélodieuse, tout en toisant l’adolescent qui lui faisait face. Ton esprit est un véritable livre ouvert ! Tu ne fais pas le moindre effort ! Une si grande fainéantise vis-à-vis des études n’est pas digne d’un Malefoy, Drago !
-Ah oui ? s’exclama Hermione sous les regards ahuris de ses camarades. Et qu’est-ce qui est digne de sa famille…à part, jouer les sous-fifres de Voldemort ?
Plusieurs Gryffondors se mirent à rire mais Drago, Crabbe et Goyle fixaient à présent Hermione du regard le plus noir dont ils étaient capables.
-Je n’ai pas besoin de tes sarcasmes, sale sang-de-bourbe ! répliqua froidement l’adolescent aux cheveux blonds.
-Un peu de calme, je vous prie ! s’exclama Eilane dans le brouhaha que la réplique de Drago venait d’engendrer. Drago, retourne à ta place, veux-tu !
Cela faisait un mois et demi que les cours de défense contre les forces du mal consistaient à pratiquer l’occlumencie et très peu d’élèves avaient fait de réels progrès. A chaque fin de classe, ils passaient à tour de rôle au bureau du professeur Snake et devaient empêcher la jeune femme de s’introduire dans leurs pensées. Les résultats restaient minces mais Eilane semblait garder bon espoir. Toutefois, elle perdait parfois ses moyens face à Malefoy qui, de toute évidence, avait choisi de lui mener la vie dure.
Il ne faisait plus aucun doute que Drago et elle se connaissaient, et Harry avait fini par convenir qu’elle avait dû entretenir certaines relations avec les parents du Serpentard de par le passé. Néanmoins, son attitude avec Drago la rendait chaque jour un peu moins inquiétante. Malgré l’appartenance évidente à la maison Serpentard de la jeune femme, elle ne favorisait nullement le fils de Lucius et passait même beaucoup de temps à le blâmer pour ses incompétences.
Les autres professeurs, eux aussi, paraissaient avoir abandonné leur méfiance vis-à-vis de Miss Snake. Harry avait eu l’occasion de voir Hagrid en grande conversation avec elle au bord du lac, et il était fréquent de la croiser dans les couloirs de Poudlard en compagnie de Remus Lupin avec qui elle semblait s’entendre plus que bien.
-Harry ! A ton tour !
Harry ne se fit pas prier… Il était non seulement le seul à avoir, depuis longtemps, réussi à bloquer son esprit, mais il lui semblait à présent qu’il arrivait vaguement à accéder à des pensées inconnues…sans doute celles de Miss Snake… et au vu des mystères qui enveloppaient toujours la jeune femme, il souhaitait plus que tout réussir à en découvrir davantage.
Il se planta devant Eilane, là où quelques minutes auparavant se tenait Drago, et la fixa droit dans les yeux. La douleur, devenue habituelle, lui parcourut le front à l’endroit précis de sa cicatrice mais il n’y fit pas attention. Cela se produisait chaque fois que son regard croisait celui du professeur Snake et il avait fini par s’en accommoder.
-A trois ? demanda la jeune femme, une once d’inquiétude perçant dans le bronze de ses pupilles.
Harry acquiesça d’un signe de tête, sa main droite fermement serrée sur sa baguette magique.
-Un… Deux… Trois…
Une fois de plus, Eilane ne prononça aucune formule, mais son esprit tentait déjà de sonder les pensées du garçon. Harry savait à présent comment l’en empêcher… Il s’agissait tout simplement de former une barrière mentale, rien de plus. Il visualisa un mur de défense et se força à faire le vide autour de lui. Alors petit à petit, il sentit l’esprit d’Eilane reculer, se faire moins puissant, faiblir, puis enfin se retirer, laissant un passage vers les pensées de la jeune femme, comme si le flot s’était inversé.
Et les visions recommencèrent, comme à chaque fois depuis leur premier cours.
Une enfant aux cheveux blonds argentés se tenait assise sur un tabouret, le choixpeau magique sur la tête. Les élèves rassemblés dans la grande salle l’observaient avec des airs ahuris. A l’une des tables, un garçon, plus grand que les autres, les cheveux noirs comme le jais, semblait la jauger du regard.
Puis, la vision changea.
La fille avait grandi. C’était à présent une jeune femme, très belle, et, malgré la couleur claire de ses cheveux, Harry reconnut Eilane Snake. Elle se trouvait dans une vaste salle aux lueurs vertes qui lui sembla à nouveau vaguement familière. Elle était effondrée sur le sol de dalle froide et pleurait à chaude larme. Elle portait les couleurs de Serpentard et une insigne de préfet brillait sur sa poitrine. Harry s’aperçut alors avec horreur que ses mains et sa robe de sorcière étaient tachées de sang.
A nouveau, les images se troublèrent et une troisième vision apparut.
Eilane se tenait debout dans un endroit sombre, ses cheveux, totalement noirs, tombaient sur ses épaules dénudées. Au niveau du haut de son bras, juste en dessous de l’épaule, apparaissait un tatouage couleur ébène représentant un serpent dont le long corps muni d’écailles entourait totalement bras pour revenir se mordre la queue sur le devant.
Elle baissa ses yeux de bronze, dont la froideur était proche de celle du métal, lorsque la porte de la pièce s’ouvrit dans la pénombre permettant l’entrée d’une silhouette enveloppée de ténèbres.
-Noooooooooooooooooooooon !
Harry fut ramené brutalement à la réalité. Eilane Snake avait coupé le lien magique qui, pendant quelques instants, les avait reliés. Une douleur aiguë, presque insupportable, traversa le front de l’adolescent avec une telle soudaineté qu’il eut l’impression que sa tête allait s’ouvrir en deux.
De son côté, Eilane agrippa fébrilement son pendentif qu’elle avait, cette fois, gardé autour du coup et se tourna face au tableau.
-Tu peux aller t’asseoir Harry, lui dit-elle plusieurs secondes plus tard, tout en refaisant face aux élèves. Et j’aimerais te voir à la fin du cours, rajouta la jeune femme dont les yeux trahissaient à la fois la stupeur, l’effroi et l’admiration.
Le reste du cours passa atrocement vite et lorsque la cloche sonna, Harry sentit son sang se figer dans ses veines. Allait-elle le punir pour avoir accéder à ses pensées ?
Il se leva lentement et se dirigea vers le bureau. Ron et Hermione le suivirent, bien décidés à ne pas laisser leur ami affronter seul ses problèmes.
-J’aurais aimé voir Harry en privé, fit remarquer la jeune femme, mais lorsqu’elle vit que ni Ron ni Hermione ne semblaient prêts à partir, elle continua sans se soucier de leur présence.
-Sais-tu ce qui s’est passé tout à l’heure Harry ?
-Je crois, professeur…
-Et que crois-tu ? demanda Eilane.
-Je crois que j’ai accédé à certaines de vos pensées, à certains de vos…souvenirs.
Miss Snake hocha la tête, apparemment satisfaite par la réponse que Harry venait de lui fournir.
-Tu as un très grand potentiel, Harry, expliqua-t-elle. Peu de sorciers de ton âge seraient capables d’autant de choses ! Mais tu dois mieux contrôler certains de tes pouvoirs.
Harry ouvrit la bouche comme pour parler, mais ses cordes vocales refusèrent d’émettre le moindre son et il la referma aussitôt.
-Tu sais pratiquer la Légilimencie, poursuivit le professeur Snake. J’ignore comment, même si j’ai mon idée sur la question, mais tu l’as fait. Très peu de sorciers sont capables de pénétrer dans les pensées d’autrui…surtout lorsque la personne en face bloque son esprit comme je l’avais fait aujourd’hui !
-Professeur ?
-Oui, Harry ?
Harry réfléchit un instant, il savait qu’il ne devrait pas poser une telle question, mais il avait besoin de certaines réponses.
-Dans le dernier souvenir que j’ai vu…vous aviez une sorte de tatouage…qu’est ce que cela signifie ?
Eilane le fixa dans les yeux avec tant d’intensité que Harry préféra baisser son regard.
-Tu as déjà ton idée sur la question, fit remarquer la jeune femme avec un sourire grave.
Harry hocha la tête.
-Alors je n’ai rien à ajouter ! Tu peux t’en aller !
Harry, Ron et Hermione se dirigèrent vers la sortie mais la voix de Miss Snake résonna à nouveau derrière eux.
-Une dernière chose, Harry. Il est parfois bon d’avoir des gens à nos côtés pour nous épauler…et sache que les secrets ne mènent qu’à la discorde et à l’incompréhension…Tu devrais le leur dire !
Harry la regarda un moment, les sourcils froncés. Et soudain, la voix du professeur Snake résonna dans sa tête sans que la jeune femme ne bouge une seule fois les lèvres.
-L’avenir est insondable, Harry, même la plus précise des prédictions ne peut pas connaître tout de notre futur.

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-Ils vont bientôt annoncer les candidats au poste de ministre de la magie, expliquait Parvati non loin de là où s’étaient assis Harry, Ron et Hermione pour le déjeuner.
-Et il paraît que Percy Weasley va se présenter ! ajouta Lavande Brown en lançant un regard en direction de Ron. J’espère franchement qu’il ne remportera pas ces élections !
Ron tourna la tête et fit mine de ne rien avoir entendu. La situation n’avait guère évolué entre Percy et le reste de sa famille. A dire vrai, les choses s’étaient même plutôt aggravées, si cela était possible. Percy ne revenait plus du tout au Terrier et les seules fois où ses parents entendaient parler de lui étaient lors de ses rares interviews données à « la gazette du sorcier » où il tenait des propos de plus en plus anti-moldus.
Ginny s’installa en face de Ron et lui sourit.
-Ne fais pas attention à ce qu’elles disent ! Percy est un crétin, mais il est le seul de la famille, n’est-ce pas !
Ron esquissa un sourire déprimé et se concentra sur son assiette de gigot.
-Prêts pour le premier rassemblement de l’A.D. ? demanda Hermione, rompant le silence.
Il avait fallu plus d’un mois pour permettre aux professeurs d’organiser le club de défense contre les forces du mal et, pour la plus grande joie de la plupart des élèves, excepté les Serpentard bien sûr, la première séance allait enfin avoir lieu.
Cette dernière pensée remonta un peu le moral de Ron qui se remit à manger de bon cœur tandis qu’Harry et Hermione échangeaient un regard amusé.

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La nuit avait déjà enveloppé le château de son long manteau sombre lorsque Harry, Ron et Hermione arrivèrent devant la salle sur demande.
Remus Lupin, accompagné par Eilane Snake, les attendait devant la porte.
-Vous êtes les premiers ! annonça le professeur Lupin.
Quelques minutes plus tard, cependant, des élèves affluaient de toute part : des Serdaigles, des Poufsouffles, des Gryffondors et même quelques Serpentards arrivaient de leurs salles communes respectives.
-Allons-y ! s’exclama le professeur Lupin, visiblement heureux que l’A.D. reçoive un tel succès.
La salle sur demande avait peu changé depuis leur dernière réunion, pensa Harry : la pièce était agréable et vaste, remplie d’objets étranges, de coussins dépareillés et d’étagères pleines de livres.
Les élèves se pressèrent à l’intérieur en poussant des exclamations étonnées : peu d’entre eux connaissaient l’existence de cet endroit.
-Vu que les Détraqueurs ont à présent officiellement rejoint le parti de Lord Voldemort, je pense que ce serait une bonne chose que nous retravaillions un peu nos patronus, déclara le professeur Lupin.
Plusieurs élèves acquiescèrent dans un murmure d’approbation.
-Mais cette fois, vous ne vous entraînerez pas dans le vide, rajouta Eilane.
-Vous n’avez quand même pas amené un vrai Détraqueur ici, demanda Hermione, la voix tremblante.
-Non, bien sûr que non…Mais il m’est facile de faire apparaître un faux Détraqueur grâce à ma magie !
Hermione regarda le professeur Snake avec des yeux ronds.
-Sortez vos baguettes et mettez-vous en cercle autour d’Eilane ! ordonna le professeur Lupin.
Tous obéirent et dégainèrent leurs baguettes d’un même mouvement.
-Vous êtes prêts ? demanda la jeune femme tandis que les élèves se plaçaient comme il leur avait été indiqué.
Elle ferma les yeux, comme pour se concentrer et une forme floue émana doucement d’elle. La forme prit petit à petit consistance pour devenir un immense Détraqueur enroulé dans sa cape noire.
Plusieurs élèves firent un pas en arrière et commencèrent à se crisper sur leur baguette.
-N’oubliez pas. Ce que le Détraqueur vous fait ressentir n’est pas réel, tout cela n’est qu’une illusion, leur rappela Eilane Snake.
Mais ce que Harry percevait dans sa tête possédait pourtant tous les accents de la vérité. Il entendit sa mère hurler, supplier Voldemort durant ses derniers instants de vie, puis une autre voix prit sa place, une voix de femme, froide et cruelle, la voix de celle qu’il haïssait le plus au monde, la voix de Bellatrix Lestranges, alors qu’elle provoquait Sirius durant son ultime duel. Les larmes montèrent aux yeux de Harry mais le moment de fléchir n’était pas venu. Voyant que ses camarades ne réagissaient pas, il avança d’un pas vers le Détraqueur, tenta de penser à son plus beau souvenir et récita la formule :
-Spero Patronum !
Mais au bout de sa baguette, seule quelques bouffées de fumées blanches s’échappèrent.
Cette fois, Harry entendait plus distinctement : Sirius criant alors qu’il traversait le voile, le rire de Bellatrix résonnant dans la salle de la mort et l’atroce phrase de Lupin : "C’est fini pour lui". Harry sentit ses membres se glacer, il savait qu’il ne réussirait pas à créer un patronus assez puissant dans ses conditions. Il sentait petit à petit l’espoir quitter son coeur.
-Spero Patronum, spero patronum, murmurait-il sans y croire, mais plus rien ne se produisait.
Puis Eilane Snake se plaça entre le Détraqueur et lui, leva les mains vers le ciel et l’aura de magie que Harry ressentait parfois en sa présence se manifesta à nouveau.
Un patronus apparut alors, sorti non pas d’une baguette mais des propres mains de Miss Snake. A la vue de l’animal, un frisson parcourut tout le corps de Harry…Un immense serpent blanc rampa en direction du Détraqueur. Mais il ne s’agissait pas de n’importe quel serpent. Harry l’aurait reconnu parmi des centaines…il s’agissait de Nagini, le serpent de Lord Voldemort. L’animal leva sa tête triangulaire aux crochets acérés et regarda de ses yeux rouges le Détraqueur qui recula d’un pas, puis s’évapora soudain comme un écran de fumée.
Eilane fit un étrange signe de la main et le serpent géant revint à ses côtés. Elle lui caressa docilement la tête avant que celui-ci ne disparaisse également.
Harry, trop faible pour tenir encore debout, s’effondra sur le sol.

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Il faisait à nouveau très sombre. Harry tendit une main en avant mais ses doigts se heurtèrent à la terre froide et humide. Il suffoquait, mais cela ne servait à rien de se débattre. Il allait mourir, il le savait, cela était indéniable. Au dehors, il entendit une voix de femme, à la fois infiniment triste et extrêmement mélodieuse.
-J’invoque les esprits du milieu qui gravitent entre la mort et la vie, prononça-t-elle dans un sanglot.
-Que ce sacrifice permettent un jour la renaissance par le biais de l’Anneau, continua une voix froide et masculine.
Puis les sons se dissipèrent et Harry n’entendit plus rien que les battements de son cœur. La peur l’enveloppa. Il voulait sortir, voir la lumière du jour. Ses mains s’agrippèrent à la terre et commencèrent à gratter mais plus elles creusaient et plus l’air devenait irrespirable. Il abandonna finalement, comprenant qu’il était trop tard, attendant son heure arriver alors qu’il étouffait à petit feu.

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Lorsque Harry se réveilla, il se trouvait à l’infirmerie. Madame Pomfresh, Ron, Hermione, les professeurs Snake et Lupin, autour de son lit, l’observant avec inquiétude. En le voyant ouvrir un œil, Hermione soupira de soulagement.
-Vous nous avez fait une énorme frayeur, Mr Potter, s’exclama Madame Pomfresh en lui tendant un verre de potion revigorante.

Mais bien sur que c'est un ange Eilane Qui en doute ??

Par harsard tu comptes pas faire du Dramione ?

Chapitre 9 : De l’autre côté

"La mort n’est rien
Je suis simplement passé dans la pièce à côté.
(…)
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié.
Elle reste ce qu’elle a toujours été.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de ta pensée,
Simplement parce que je suis hors de ta vue ?
Je t’attends. Je ne suis pas loin.
Juste de l’autre côté du chemin.
Tu vois, tout est bien."

Charles Péguy
d'après un texte de Saint Augustin

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Harry resta toute une semaine à l’infirmerie. Son état paraissait stable, mais ses rêves chroniques préoccupaient Madame Pomfresh.
Quant à son moral, jamais il ne lui avait semblé plus bas. Revivre la mort de Sirius par l’intermédiaire des Détraqueurs l’avait anéanti, mais ce n’était rien comparé à ce qu’il subissait durant ses cauchemars…Il ressentait la terrifiante impression, chaque fois plus saisissante, qu’il allait périr, lui aussi.
Ron et Hermione passaient la plupart de leur temps libre à son chevet, délaissant quelque peu leurs tâches de préfets. Le professeur Lupin, lui aussi, rendait de longues visites au jeune Gryffondor, apportant avec lui du chocolat par tablettes entières.
Harry aurait aimé leur parler, leur exposer ses craintes, ses angoisses et ses peines, mais chaque fois qu’il sentait monter en lui le courage de le faire, Madame Pomfresh ordonnait à ses visiteurs de le laisser en paix. Pourtant, c’était dans ces moments de repos qu’il se sentait le plus vulnérable et le plus démuni face à son chagrin. Il savait au fond de lui que pendant des mois, il avait refusé d’admettre totalement la mort de son parrain…A présent qu’Halloween approchait, il se rendait bien compte que Sirius ne reviendrait pas. Des larmes brûlèrent ses yeux fatigués et glissèrent le long de ses joues. Il ne se sentait plus la force de les retenir.
Il possédait une terrible destinée : tuer ou être tué et celui dont il avait le plus besoin n’était plus là pour le réconforter et lui apporter ses précieux conseils. Maintenant, sur qui pourrait-il s’appuyer ?. Il lui fallait parler à ses amis, Miss Snake avait au moins raison sur ce point là !

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Enfin, le jour arriva où il put s’adresser aisément à eux sans être dérangé. Madame Pomfresh s’affairait en effet à soigner Neville et Drago qui occupaient deux autres lits de l’infirmerie.
Harry n’avait pas tout saisi de l’incident, mais il semblait que Drago ait attaqué Neville qui s’était défendu à coup de puissants contre-sorts. Le résultat offrait un spectacle des plus pitoyables.
-Il faut que je vous parle, s’exclama soudain Harry tout en observant les cheveux de Drago, dressés sur sa tête, d’où s’échappait une forte odeur de brûler.
Ron, Hermione et le professeur Lupin se rapprochèrent un peu du lit où Harry se trouvait allongé.
-Il y a certaines choses que je ne vous ai pas dites, commença-t-il. L’année dernière, juste après la disparition de Sirius, Dumbledore m’a convoqué dans son bureau…
Et il leur raconta tout : son désarroi face au calme du directeur de Poudlard, la longue tirade que lui avait faite Dumbledore, et surtout, le contenu de la fameuse prophétie.
Une fois le récit terminé, personne ne prononça un mot. Hermione plaquait ses mains devant ses lèvres en signe de stupéfaction, le professeur Lupin semblait soudainement trouver le sol de l’infirmerie très attractif et Ron gardait la bouche grande ouverte comme un poisson tiré hors de l’eau.
-J’aurais aimé que Sirius soit là…Il m’aurait dit quoi faire ! fit remarquer Harry pour couper court à ce lourd silence.
-Tu souffres beaucoup de sa mort, n’est-ce pas ? demanda le professeur Lupin.
Harry voulut répondre mais sa gorge se noua et il ne put que hocher la tête avec chagrin.
-Je voudrais tant le revoir…rien qu’une dernière fois !
Remus Lupin baissa ses yeux remplis de peine.
-Il y a un moyen, murmura-t-il, le regard toujours rivé vers le sol.
Harry l’observa, dubitatif. Il avait durant ses derniers jours à Poudlard, l’année précédente, recherché toutes les solutions possibles pour contacter Sirius et aucune n’avait fonctionné.
-Lequel ? interrogea-t-il, une nouvelle lueur d’espoir perçant dans le timbre de sa voix.
Lupin ne répondit pas, mais deux jours plus tard, alors que Harry sortait enfin de l’infirmerie, il lui demanda de le rejoindre dans son bureau.

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-Je refuse ! rétorquait Eilane Snake dont la voix résonnait derrière la porte.
Harry frappa et le professeur Lupin l’invita à rentrer dans le bureau.
C’était un endroit exigu, juxtaposé à la classe de Défense Contre les Forces du Mal, où s’entremêlaient toutes sortes de livres et d’objets étranges. Une agréable odeur de vieux grenier se dégageait de la pièce et deux fauteuils aux allures miteuses trônaient devant une vieille table en bois de chêne. Harry se sentait en sécurité en ce lieu qui lui rappelait beaucoup le Terrier.
Lupin se tenait debout, accoudé au mur tandis qu’Eilane faisait les cent pas dans la pièce.
En voyant Harry entrer, elle s’arrêta brusquement.
-Excusez-moi, marmonna l’adolescent.
Miss Snake lui sourit puis se retourna vers le professeur Lupin.
-Je ne peux pas faire ça! s’exclama-t-elle.
-Nous savons tous les deux que tu en es certainement capable…Maintenant, acceptes-tu de nous aider, ou pas ? C’est aussi simple que ça ! rétorqua Lupin, la voix amplifiée par la colère.
-Te rends-tu au moins compte de ce que tu me demandes ? s’emporta Eilane, qui avait recommencé à marcher de long en large dans la salle. Ce n’est pas quelque chose d’anodin ! Tu veux utiliser des pouvoirs qui te dépassent !
La peur se lisait dans les yeux clairs de la jeune femme. Jamais encore Harry ne l’avait vue dans un état pareil.
-Je te demande un service…Je sais très bien ce que cela te coûte, mais j’ai besoin de toi ! la supplia le professeur Lupin.
Eilane le regarda un instant, puis tourna la tête vers Harry.
-D’accord, murmura-t-elle, résignée, tout en fermant les yeux. Je le ferai…
-De quoi parlez-vous ? interrogea alors Harry qui n’avait pas osé prendre la parole auparavant.
-D’un moyen de revoir Sirius. Tu as déjà entendu parler du puits aux âmes, n’est-ce pas ? Nous allons l’utiliser pour communiquer avec ton parrain.
Harry observa un moment le professeur Lupin, les yeux écarquillés, puis se tourna vers Eilane Snake.
-Et elle ? Qu’est-ce qu’elle a à faire dans tout ça? demanda-t-il dédaigneusement.
Depuis sa dernière vision, Harry n’accordait plus qu’une confiance très limitée à son professeur de Défense Contre les Forces du Mal…Elle portait en elle un lourd secret et ce qu’il avait commencé à percer ne lui plaisait pas du tout.
-J’ignore si le pouvoir de ce puits n’est qu’une légende ou non, mais il faut une immense magie pour activer les portes entre les mondes, commenta Eilane sur le ton de la conversation.
-Oh oui…Je vois…la vôtre, c’est bien ça ? demanda Harry avec méfiance.
Eilane acquiesça mais le jeune Gryffondor reprenait déjà la parole sur un ton de défi.
-Et pourrait-on savoir d’où vous viennent ces si fabuleux pouvoirs ?
-Harry… ! commença Lupin tout en lançant un regard noir à l’adolescent.
-Laisse-le Remus… Il est en droit de poser la question ! Tu te méfies de moi, Harry, n’est-ce pas ?
Harry hocha la tête.
-Et tu as sans doute tes raisons… Mais en l’occurrence, je ne souhaite que t’aider !
Harry regarda hargneusement Eilane Snake. Il restait persuadé que cette femme lui cachait quelque chose, quelque chose qu’il n’aimerait certainement pas découvrir, mais son désir de revoir Sirius l’emporta sur sa raison et il accepta son aide. Après tout, si le professeur Lupin lui faisait confiance, elle ne devait pas être si dangereuse.

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Harry endura la dernière semaine d’octobre avec plus de mal encore qu’à l’accoutumé. Etrangement, l’idée de revoir Sirius ne l’aidait en rien à supporter les sarcasmes de Rogue et les quolibets de Drago Malefoy qui ne perdait pas une seconde pour s’en prendre aux membres de l’A.D. En revanche, cela lui avait permis d’échapper à ses sinistres cauchemars dont il se passait sans aucuns regrets.
La légende disait que le puits aux âmes ne permettait aux morts de revenir sur terre que lors de la veillée d’Halloween, aussi les professeurs Lupin et Snake avaient-ils décidés d’un commun accord de pratiquer le rituel précisément le 31 octobre à minuit.
Ce soir-là, Harry, Ron et Hermione se rendirent jusqu’à la cabane de Hagrid qui devait ensuite les guider dans la forêt interdite. A leur grande stupéfaction, ils aperçurent Neville, Ginny et Luna qui attendaient déjà à côté du demi-géant.
-Qu’est-ce que vous faites là ? demanda Ron.
-Moi aussi j’aimerais beaucoup revoir Sirius…, expliqua Ginny, tout en tentant d’empêcher Salem de sauter de ses bras.
-Je ne le connaissais pas, mais nous étions là quand ça s’est passé…, commenta Luna, l’air rêveur.
-Nous sommes venus te soutenir Harry ! ajouta Neville.
Harry leur sourit. Il n’aurait su comment l’exprimer mais les voir réunis avec lui le rassura un peu sur ce qui risquait de se produire, car même s’il pouvait un instant revoir Sirius, ce serait sans doute pour mieux le reperdre ensuite et cette idée lui était insupportable…
-Allons-y ! annonça Hagrid, et tous les sept pénétrèrent dans la forêt.
Il faisait encore tiède pour la saison. Les feuilles des arbres commençaient tout juste à tomber, recouvrant le chemin d’un doux tapis végétal. La nuit et un dense brouillard enveloppaient les lieux et sans la baguette d’ Hermione qu’elle avait allumée à l’aide d’une formule magique, ils se seraient retrouvés plongés dans l’obscurité. Jamais encore Harry n’avait remarqué à quel point la forêt interdite pouvait être silencieuse et cela produisit en lui une inquiétude grandissante. Il pressa le pas, imité par ses camarades et déboucha bientôt sur la petite clairière où Remus Lupin attendait, assis près du ruisseau, sa baguette allumée.
A nouveau, Harry entendit les murmures d’une complainte mais il tenta de ne pas y prêter attention et ceux-ci s’éloignèrent, sans toutefois totalement disparaître de son esprit.
-Eilane ne va pas tarder ! assura le professeur Lupin.
Quelques instants plus tard, en effet, Miss Snake apparaissait à l’orée du bois.
Elle portait pour l’occasion un robe bleue sombre qui lui tombait jusqu’aux chevilles. Ses cheveux noirs, parsemés de mèches argentées, flottaient derrière elle et ses pieds nus effleuraient le sol dans un bruissement gracieux. Elle paraissait enveloppée par la brume tel un manteau de fumée mais au fur et à mesure qu’elle avançait, il sembla à Harry que le brouillard se dissipait autour d’elle et lorsqu’elle arriva dans la lumière des baguettes d’ Hermione et Lupin, il avait totalement disparu.
Durant un instant, personne n’osa ni parler, ni même bouger et seul les miaulement indignés du chat de Ginny résonnèrent dans la clairière. Puis Harry se tourna vers Hagrid et le professeur Lupin et remarqua que tous deux observaient Eilane dans une attitude béate. La jeune femme prit alors la parole.
-Nous n’avons pas toute la nuit…Si vous êtes toujours sûrs de vous, nous devons commencer !
Elle leur demanda ensuite de se placer en cercle autour du puits et de faire silence. Tous obéirent et Ginny dû lâcher Salem pour le faire taire. Le chat se coucha en boule à ses pieds et se mit à ronronner. Quelques instant plus tard, Harry entendait de nouveau plus distinctement le murmure continuel qu’il percevait toujours à proximité du puits.
Eilane s’approcha elle aussi du monument et leva les mains au ciel.
-Que les voies qui séparent le monde des morts de celui des vivants soient en cet instant ouvertes…Que nos âmes soient à nouveau réunies…Que ma volonté soit réalisée.
La voix de la jeune femme, dont les tonalités mélodieuses s’étaient échappées, avait pris un ton froid et grave. Une aura de puissance inimaginable émana à nouveau d’elle tandis que la bille rouge de son pendentif se mettait à briller dans les ténèbres. Harry sentit sa cicatrice le brûler mais l’excitation de revoir Sirius atténua la douleur.
Soudain, l’air se fit plus dense, presque palpable. La brume s’évadait du puits comme d’un volcan et s’éparpillait sur le sol, si bien que Harry ne voyait plus ni l’herbe, ni les feuilles roussies, tombées des arbres.
Salem, apeuré par l’étrange phénomène, grogna de mécontentement.
-J’invoque l’esprit de Sirius Black…Par delà l’âme et le corps, entends mon appel.
Eilane baissa les bras. La brume s’élevait à présent au-dessus du puits et prenait doucement la forme d’un être humain. Lentement, le visage se dessina et apparurent les traits légèrement émacié de Sirius.
Harry sentit son cœur battre atrocement fort dans sa poitrine et des larmes chaudes montèrent à ses yeux.
Sirius, sous sa forme vaporeuse, se tourna vers lui et lui sourit.
-Ne sois pas triste, Harry !
Le jeune Gryffondor se frotta les paupières et lui rendit son sourire.
-Ce n’est pas parce que tu ne me vois plus que je ne veille pas sur toi ! rajouta Sirius.
-Mais je me sens si perdu ! commenta Harry. Il y a une prophétie et…
-Je suis au courant pour la prophétie…
-Comment ? demanda Hermione.
-Là où je me trouve, les choses sont différentes… Le passé, le présent et l’avenir deviennent indistincts, nous avons ainsi une vision globale de l’histoire de l’univers ! expliqua Sirius.
-Alors…tu sais ce qui va se passer ? interrogea avidement Harry.
Un instant, il crut voir dans le regard de son parrain une intense détresse mais celle-ci disparut aussitôt.
-En partie, oui…Mais je ne peux interférer sur le futur…
-Donc, vous ne pouvez rien nous dire ?
Hermione paraissait déçue.
-Malheureusement pas grand-chose… Voila tout ce que je suis en mesure de vous apprendre : le monde tourne…il en a toujours été ainsi…quels que soient nos actes, l’histoire se répète inlassablement…Vous vous apprêtez tous à vivre les heures les plus sombres de votre vie…Ce qui doit arriver adviendra, rien ne pourrait l’empêcher…
-Ca ne nous aide pas vraiment ! fit remarquer Lupin.
-Et j’en suis désolé !... Tu n’aurais pas du lui demander de me contacter, rajouta Sirius en se tournant vers Eilane, qui paraissait épuisée par l’effort que lui demandait le fait de maintenir le lien avec l’au-delà.
-Nous n’avions pas tellement d’autre choix, commenta-t-elle.
-Peut-être… mais la magie noire est dangereuse, surtout si c’est toi qui l’utilise ! fit remarquer Sirius.
-Je suis prudente ! se défendit Eilane.
-Mais tu ne fais pas appel qu’à tes propres pouvoirs en ce moment…
Harry ne comprit pas ce que les paroles de son parrain signifiaient mais la douleur de sa cicatrice s’intensifia légèrement.
-Je ne peux rester plus longtemps…, dit alors Sirius.
-Non…, s’écria Harry, mais déjà la brume semblait se troubler.
-Je ne serai jamais très loin, Harry…
L’adolescent sentit à nouveau les larmes perler sur ses joues.
-Te reverrai-je ? demanda-t-il avec espoir.
-Un jour nous nous retrouverons, oui…Mais ce moment n’est pas encore venu…Pour l’instant, tu dois apprendre à vivre par toi-même… Prends soin de toi…
La voix de Sirius se fit lointaine et les dernières volutes de fumée se dissipèrent.
Remus Lupin eut tout juste le temps de rattraper Eilane, éreintée, qui s’écroulait sur le sol.
Harry sentit la douleur de sa cicatrice s’envoler tandis que les murmures revenaient douloureusement à ses oreilles. Mais il ne les écoutait plus, il ne les entendait même plus. Sirius était vraiment parti, cette fois…Il s’assit sur le rebord du puits, le regard vide. Ses amis, debout à ses côtés, n’osaient dire un mot. Même le chat de Ginny, habituellement si bavard, ne faisait plus un bruit.
Mais Harry fut bientôt sorti de sa torpeur. Un cri strident, provenant du château, déchira soudain la nuit. Tous se redressèrent d’un bond et partirent à toute vitesse, sans prendre le temps de réfléchir, en direction de l’école.
Alors, Harry l’entendit plus distinctement…Le murmure qu’il avait refusé d’écouter quelques instants plus tôt s’intensifiait dans sa tête. Une voix étrange, inhumaine, répétait inlassablement les mêmes paroles :

"ça a commencé"