Chapitre 15 : Une dernière nuit


Poudlard, jeudi 5 juin 1997

Elle n’y arrivait pas, elle avait beau essayer et y mettre toute sa bonne volonté, mais sa concentration était entachée par le soleil qui filtrait dans la salle de cours et qui détournait son regard du grand tableau noir. Le Professeur Lupin remarqua qu’Hermione ne suivait pas son cours mais il ne releva pas et la laissa rêvasser dans son monde. La leçon se termina et Hermione accueillit avec soulagement la fin des cours pour cette journée, songeant déjà avec délectation aux moments de détente qu’elle allait passer au soleil cet après-midi.

-Harry ? tenta-t-elle alors que ce dernier était en train de rassembler ses affaires.
-Mmm…
-Vous allez dans le parc cet après-midi ? Au bord du lac ?
-Je ne sais pas…, répondit-il en haussant les épaules. Je verrai avec Ginny, c’est elle qui décidera. Ses cours se terminent dans une heure, en attendant, je vais bosser un peu avec Hannah. Tu ne vois pas Malfoy ? demanda-t-il la regardant enfin, le visage fermé.
-Si… mais je me demandais-
-Ok, la coupa-t-il, à toute à l’heure alors, peut-être…
-… si on n’aurait pas pu après se voir tous au bord du lac…, termina-t-elle dans un murmure alors qu’Harry venait de sortir accompagné de Ron et Neville.

Elle soupira et termina de ranger ses livres avant de s’apercevoir qu’elle était seule dans la salle et que Lupin l’observait de son bureau d’où il était assis. Elle lui adressa un petit sourire qu’il lui rendit et il prit cette attention comme une invitation à la conversation.
-Comment vas-tu, Hermione ? Tu n’étais pas très concentrée aujourd’hui…
-Je sais, je suis désolée, s’excusa-t-elle avec une petite grimace. Ca pourrait aller mieux pour tout avouer…
-Tu veux en parler ? demanda-t-il d’un air concerné.
Elle haussa les épaules en baissant les yeux avant de les relever vers le professeur mais elle hésita à lui parler de ce qui la tracassait.
-C’est à propos d’Harry ? l’aida Lupin qui semblait en savoir plus qu’elle ne le pensait sur sa vie.
-Vous le savez, n’est-ce pas ? Pour Harry et moi ? C’est comme pour Draco ou Eléa j’imagine, vous l’avez senti ?
-Oui, et ce n’est pas quelque chose que je contrôle, je t’assure, je préfèrerais parfois ne pas avoir cette faculté, crois-moi ! s’exclama-t-il faisant sourire Hermione. Tu l’as dit à Harry et il ne l’a pas bien pris, n’est-ce pas ?
-C’est le moins qu’on puisse dire…, soupira-t-elle à nouveau. Il m’en veut, et ce n’est pas de ma faute, il est froid et distant et je crois que je suis en train de perdre mon meilleur ami…, réalisa soudainement Hermione avec tristesse.
-Tu n’es pas en train de perdre ton ami, Hermione, mais essaie de comprendre ce qu’il peut ressentir, ce n’est pas facile pour lui non plus. Ca remet en question ses idéaux familiaux, ça bouleverse tout l’équilibre de la famille parfaite qu’il pensait former avec ses parents, il doit faire son deuil de cette famille parfaite qui n’existe pas et réaliser que ses parents ne sont peut-être pas tels qu’il les avait imaginés et rêvés, expliqua Lupin avec psychologie.
-J’espère que vous avez raison, je ne peux pas vivre sans lui… Il nous a surpris aussi Draco et moi, ils se sont battus et il m’en veut de ne pas lui avoir dit avant, et c’est vrai qu’il a plutôt raison, je ne peux pas lui en vouloir pour ça…
-Au contraire, tu as le droit d’avoir ton jardin privé, une vie sentimentale et tes secrets ; tu n’as pas à tout lui dire. Bien avant qu’il sache qu’il était ton frère, il se conduisait comme tel, Hermione, et il a tout simplement agi en tant que frère vis-à-vis de Draco, continua Lupin. Il est évident maintenant que c’est plus difficile pour lui que ce soit Draco Malfoy plutôt que n’importe quel autre élève, et c’est compréhensible. Laisse-lui le temps de digérer tous ces bouleversements, Hermione. Tu n’as pas perdu ton ami, et tu verras que tu as gagné un frère…
Hermione resta silencieuse un moment, analysant les paroles plutôt justes et censées de Lupin.
-Merci, Professeur, déclara-t-elle finalement avec un large sourire avant de se diriger vers la sortie.
-Je t’en prie. Tu peux venir me parler quand tu veux, Hermione, je serai toujours là pour t’écouter si tu as besoin.
Elle acquiesça et sortit de la salle avec un moral quelque peu retrouvé malgré la tristesse qui menaçait toujours de la submerger quand elle pensait à Harry.

***

Le soleil faisait scintiller comme des milliers de diamants sur le lac calme et lisse qu’Hermione admirait assise sur un gros rocher. Elle était seule, elle savait qu’elle n’en avait pas le droit mais elle semblait peu s’en soucier alors qu’elle souhaitait plus que tout depuis plusieurs jours se trouver ailleurs qu’à Poudlard. Elle pouvait voir quelques groupes d’élèves rire, s’amuser et patauger sur les bords du lac, et d’autres étudier sérieusement en plein soleil ou à l’ombre. L’ombre. Elle lui cacha les rayons chauds du soleil sur sa peau et elle leva la tête pour voir la raison de ce brusque désagrément.

-Ca fait une demi-heure que je t’attends dans la Tour d’Astronomie…, déclara platement Draco qui s’efforçait visiblement de rester calme.
-Oh, j’ai oublié, désolée…, répondit Hermione avec une moue d’excuse et les sourcils froncés.
-Ca fait plaisir…, marmonna Draco en soupirant.
-Je suis désolée, vraiment. Je ne me souvenais plus de ce qu’on avait dit, et j’avais envie de profiter du soleil…
-Sans moi ? demanda-t-il levant un sourcil interrogateur.
-N-, non, pas sans toi, mais je ne savais pas où tu étais, et je pensais que…, bafouilla-t-elle avant d’abandonner ses explications foireuses.
-Le lac est grand, le parc immense, on peut être ensemble sans forcément être vus de tous les élèves de l’école, Hermione, déclara-t-il semblant lire dans ses pensées.
Elle acquiesça lentement et il leva les yeux au ciel en voyant qu’elle paraissait toujours aussi triste.
-On va marcher ? demanda-t-il lui tendant une main.
-Oui, bonne idée ! s’exclama-t-elle prenant sa main et se forçant à paraître plus enjouée.

Ils marchaient lentement, main dans la main, et ils s’étaient considérablement éloignés du château, longeant la rive et la lisière de la forêt interdite.
-Tu ne crois pas qu’on devrait retourner vers le château ? déclara soudainement Hermione en se retournant.
-Pourquoi ? Tu as peur ? Ouuuuuuhhhh, se mit à la taquiner Draco en la chatouillant.
-Arrêteuuuuhhhh !! cria Hermione en se pliant en deux et essayant de se dégager. Tu sais très bien que je suis chatouilleuse, c’est pas du jeu !
-« C’est pas du jeu ?? » Tu as quel âge, Hermione ?! se mit à rire Draco emprisonnant Hermione dans ses bras et bloquant ses mains dans les siennes derrière son dos. Tu es ma prisonnière ! Ah, ah, qu’est-ce que tu fais maintenant ? On joue moins à la maligne, hein ?!
Hermione esquissa un sourire en coin et commença à se frotter langoureusement contre Draco. Elle attaqua sa bouche, passant sa langue sur ses lèvres et l’embrassant doucement.
-Ok, tu triches là…, murmura Draco libérant ses mains et commençant à parcourir son dos tout en l’embrassant profondément.

Elle passa ses mains autour de son cou et ils s’embrassèrent pendant plusieurs minutes avant de rompre finalement le baiser pour reprendre leurs respirations. Hermione caressa doucement sa nuque, passant ses mains dans ses cheveux, son dos, embrassant son cou.
-Viens, souffla finalement Draco attrapant Hermione par la main et l’entraînant vers la forêt.
-Où on va ? Draco, la forêt est interdite ! déclara Hermione n’ayant aucune envie de s’aventurer dans les profondeurs sombres de ce bois.
-On ne risque pas d’y être dérangés comme ça ! répondit Draco continuant toujours de s’enfoncer dans la forêt.
-On devrait rentrer…, insista Hermione ralentissant la cadence.
-Bébé…, se mit à geindre Draco, c’est toi qui as commencé, et puis c’est romantique dans la forêt, non ?
-Excitant, c’est le mot auquel tu penses, excitant, ne me raconte pas d’histoire je t’en prie !
-Peut-être, je l’avoue, mais je t’aime bébé…
-Je n’ai aucune envie de me retrouver nue ici…, se plaignit-elle en regardant à droite et à gauche.
-Nue ? Qui a dit que tu devais être nue ? continua Draco poussant Hermione de façon à ce qu’elle se retrouve contre un tronc d’arbre.

Il recommença à l’embrasser, glissant ses mains sous son chemisier, puis sous sa jupe, atteignant son intimité et arrachant à Hermione des soupirs de satisfaction. Elle décida finalement de céder à son fantasme et l’embrassa à son tour avec la même ferveur, déboutonnant son pantalon et caressant son sexe au travers de son boxer. Il ne tenait plus, il n’en pouvait réellement plus, il était plus qu’excité vu les longs moments qu’ils avaient passé à s’allumer et s’encourager mutuellement.
-Je ne veux pas me coucher ici, c’est sale et humide, je-
-Retourne-toi, déclara Draco, haletant, dans un grognement.

Hermione s’exécuta et Draco libéra rapidement son sexe dur de son boxer avant de glisser ses mains le long des cuisses d’Hermione, remonter sa jupe et écarter sa culotte de sorte qu’elle n’entrave pas ses mouvements. Il la pénétra enfin par derrière dans un long soupir, et elle se cambra davantage afin de l’avoir plus profondément en elle. Il commença un lent mouvement de va et vient, en même temps que ses mains trouvèrent ses seins qu’il caressa énergiquement. Elle gémissait sous ses caresses, prenant appui sur le tronc d’arbre, et il fut satisfait de voir qu’elle bougeait ses hanches de sorte à prendre le même rythme que lui et rencontrer ses coups de reins. Il accéléra le rythme et glissa deux doigts sur son clitoris qu’il se mit à titiller avec insistance jusqu’à ce qu’il la sente se perdre et qu’elle crie finalement son nom le conduisant jusqu’à son propre orgasme. Il resta un instant en elle, caressant ses fesses, pendant qu’il reprenait sa respiration et il se retira enfin, tout en l’attirant à lui et elle posa sa tête contre sa poitrine, les yeux toujours fermés. Il l’embrassa dans son cou offert et posa ses mains sur son ventre, la gardant un instant tout contre lui avant qu’elle ne se retourne et réajuste ses vêtements. Il se rhabilla également et se mit à lui sourire tendrement, saisissant ensuite son visage dans ses mains et l’embrassant sur les lèvres.

-Merci bébé…, déclara-t-il amoureusement remettant les mèches de ses cheveux derrière ses oreilles dans un geste tendre.
-Je t’aime, répondit-elle l’embrassant à nouveau.
-Je t’aime aussi, dit-il en la prenant par la main afin qu’ils retournent au château.

***

Hermione avait laissé Draco rejoindre les Serpentards dans le parc et elle se mit à la recherche de ses amis dans le château. Elle aperçut Ron et Luna dans la Grande Salle, et s’avança vers eux appréhendant un peu la réaction du couple. Elle ne voulait pas les déranger, et elle ne voulait surtout pas avoir à nouveau un mur en face d’elle où Ron ne lui répondrait pas et l’ignorerait royalement. Elle décida de tenter un rapprochement et pour se donner une contenance et une raison à sa venue, elle prit une morceau de tarte aux pommes et un verre de jus de citrouille avant de s’asseoir près d’eux.
-Je ne vous dérange pas ? demanda-t-elle poliment attaquant sa part de tarte.
-Non, pas du tout ! répondit Luna alors que Ron haussa les épaules.
-Vous n’êtes pas sortis ? continua-t-elle regardant cette fois Ron.
-Si, un peu tout à l’heure, Luna et moi, répondit Ron. Si tu veux savoir où se trouve Harry, aucune idée. Il doit certainement être avec Ginny, ajouta le rouquin avant de se lever, bientôt imité par Luna. On te laisse, on se verra tout à l’heure au dîner, bye.
-Bye…, marmonna Hermione d’un air sombre, se retrouvant une fois de plus seule.

Elle croisa le regard mauvais de Pansy Parkinson qui la scrutait, et elle soupira en repoussant son assiette et son verre, avant d’enfouir sa tête dans ses mains. Padma et Parvati arrivèrent en gloussant et s’assirent face à Hermione attendant que cette dernière lève la tête pour engager la conversation.
-Hermione, c’est vrai ce qu’on raconte ? demanda Parvati d’un air intéressé.
-Quoi ? Qu’est-ce qu’on raconte ? demanda à son tour Hermione d’un ton las et peu intéressé par le dernier ragot de l’école.
-Tu n’es pas au courant ? Un bruit circule comme quoi toi et Malfoy seraient ensemble ! Des Serpentards vous auraient vus ensemble à de nombreuses reprises, c’est vrai ?
Hermione resta interdite un instant, regardant d’un air éteint les jumelles qui attendaient la réponse avec intérêt.
-Qu’est-ce que tu en penses toi personnellement Parvati ? demanda Hermione renversant la question.
-Que ce n’est pas vrai, bien évidemment ! Draco Malfoy et toi, c’est tout simplement impossible ! s’exclama Padma, répondant à la place de sa sœur.
-Et bien voilà, le débat est clos, termina Hermione en se levant et quittant la Grande Salle, agacée.

Elle monta d’un pas rapide les marches conduisant à la Tour Gryffondor, et pénétra dans la salle commune en poussant un soupir de soulagement avant de se raidir en voyant Harry et Ginny attablés dans un coin. Elle baissa les yeux en croisant le regard de Ginny qui avait levé la tête, et les regarda à nouveau apercevant son amie embrasser rapidement Harry et quitter la salle commune en direction du dortoir des filles sans un regard ou un mot pour elle. Elle hésita alors sur le fait de rejoindre Harry ou non, elle n’avait aucune envie d’être une fois de plus rejetée, elle pensait avoir eu sa dose pour la journée, mais en croisant le regard interrogatif d’Harry qui se demandait visiblement aussi si elle allait le rejoindre ou non, elle fut quelque peu soulagée de n’y voir aucune animosité et s’approcha finalement, s’asseyant à côté de lui.

-Concernant la rumeur qui circule, ce n’est pas nous, nous n’avons rien dit à personne sur Malfoy et toi…, déclara Harry après quelques secondes de silence.

Elle lui jeta un regard surpris, elle n’avait en fait pas pensé une seule seconde qu’un de ses amis ait pu lancer un tel bruit, et elle fut réellement abasourdie de voir qu’Harry avait trouvé nécessaire de le lui signaler. Cette remarque lui serra davantage le cœur, ça prouvait tout simplement que la confiance n’était plus de mise entre eux, et elle en fut réellement blessée.
-Je sais, je n’en ai jamais douté, répondit-elle sincèrement. Je me fous des ragots, les gens peuvent bien dire ce qu’ils veulent…
Harry se retint de lui faire remarquer qu’il ne s’agissait plus d’un ragot en l’occurrence mais d’un fait avéré, mais il préféra se taire, ne voulant pas déclencher davantage de tensions qu’il n’y avait déjà. Relancer le sujet Draco Malfoy ne mènerait de toute manière à rien, même s’il mourrait d’envie de lui demander si elle savait des choses sur Lucius Malfoy et les Mangemorts. Il était, après tout, à peu près sûr que s’il y avait quoi que ce soit en relation avec les Mangemorts et Voldemort, elle lui en parlerait.

Hermione remarqua qu’Harry avait devant lui la photo de la promotion de 1978 qu’elle lui avait offerte pour Noël. Elle n’avait pas revu cette photo depuis la dernière fois où ils s’étaient tous rendus compte qu’Eléa se trouvait dessus et qu’elle était la femme qui avait surgi pendant la réunion de l’Ordre du Phénix, elle ne savait pas l’époque qu’elle était sa mère et elle réalisa seulement maintenant en revoyant cette photo que ses parents se trouvaient dessus. Elle y jeta un coup d’œil en coin, elle mourrait d’envie de demander à Harry si elle pouvait lui emprunter quelques minutes le temps d’observer mieux ses parents, mais elle n’osa pas et emprunta au lieu de ça le manuel de Botanique d’Harry qu’elle ouvrit à la première page. Elle ne voyait que des lettres danser devant ses yeux et qui ne paraissaient pas former des mots et des phrases ayant un sens. Les dessins de plantes, herbes, arbres et autres fleurs lui donnèrent envie de s’évader et courir à nouveau dehors aussi loin qu’elle le pourrait. Elle soupira et ferma un instant les yeux en enfouissant ses mains dans les poches de sa cape. Elle avait froid, le jour avait décliné et sans le soleil du mois de juin, la salle commune se refroidissait rapidement. Elle fut soulagée de voir Seamus apporter des bûches dans la cheminée et elle regarda, d’un air absent, le Gryffondor allumer le feu. Quelques minutes s’écoulèrent sans qu’elle n’ose parler ou même regarder Harry quand ce dernier fit tout à coup glisser lentement vers elle la précieuse photo. Elle leva les yeux vers lui mais il avait retourné son attention sur ses morceaux de parchemin éparpillés autour de lui.

Le temps devait avoir épargné Eléa, ça ne pouvait pas être autrement, Hermione avait l’impression qu’elle paraissait aussi jeune aujourd’hui qu’à l’époque de cette photo. Elle reconnut les mêmes yeux clairs, pétillants, rieurs et malicieux. Elle avait certes croisé à certains moments un regard plus sombre et torturé, mais leur éclat était resté intact. Les mêmes fossettes creusaient ses joues, les mêmes ridules demeuraient au coin de ses yeux quand elle arborait un large sourire sur ses lèvres pleines et charnues. Elle avait hérité de son nez aquilin, de ses cheveux souples, épais et ondulés, même s’ils n’étaient pas de la même couleur et elle était presque sûre d’avoir les mêmes lèvres qu’elle. Elle avait en fait tout le bas du visage de sa mère. Elle regarda à présent plus en détail James et scruta son visage anguleux longuement. Harry ressemblait énormément à James, elle reconnaissait les mêmes traits, le même nez, les mêmes lèvres, les mêmes cheveux bruns en bataille et indomptables. Tout le monde le lui avait toujours dit et c’était vrai, Harry avait les yeux de Lily, ces grands yeux verts expressifs emplis de gentillesse et de bienveillance, alors que James avait des yeux bruns moqueurs et taquins. Elle ne trouva rien en James qui pouvait attester qu’il était son père, à part une même teinte dans le regard, et étrangement, elle n’en était pas contrariée outre mesure. Lily et James avaient vraiment l’air de s’aimer, et Lily et Eléa paraissaient être d’excellentes amies. Faits contradictoires et étranges quand on savait que moins de deux ans après cette photo, elles allaient se retrouver toutes les deux enceintes du même homme… Hermione soupira finalement et repoussa la photo vers Harry lui murmurant un « merci » étouffé. Ce dernier regarda une fois encore la photo et déclara en soupirant sur un ton vide d’expression à Hermione :
-C’est dommage pour tes yeux quand même, t’avais une chance sur deux…
Hermione le regarda et se mit à sourire légèrement alors qu’il tourna son regard vers elle pour lui rendre un timide sourire.
-Tu es prête pour la semaine prochaine ? demanda-t-il à nouveau.
-Qu’est-ce qu’il y a la semaine prochaine ? demanda Hermione en fronçant les sourcils.
-La photo de la promo !
-J’avais oublié !! se mit-elle à rire. Ca va donner…

Elle descendit déjeuner le cœur plus léger ce soir-là. Harry avait fait un effort pour ne pas être désagréable avec elle, et elle lui en était reconnaissante. Elle savait qu’il leur restait encore un long chemin pour se retrouver totalement mais elle avait confiance et savait que le temps et la patience jouaient désormais en sa faveur.

***

Poudlard, juin 1978

Ils s’étaient tous pressés dans le parc pour la photo de la promotion. C’était l’événement qui leur avait fait prendre conscience que dans moins d’un mois ils auraient fini la première partie de leurs études. Dans un mois, certains d’entre eux commenceraient à travailler, d’autres se prépareraient à des études supérieures. Sur les visages, les sourires n’effaçaient pas les regards inquiets et tristes. Quitter Poudlard, c’était quitter le cocon auquel ils étaient habitués. Un bouclier contre la vie d’adulte, une tour à l’abri de la vie incertaine qui se profilait devant eux, une armure contre la guerre. Car une chose était sûre, ils allaient devoir faire face au climat de guerre qui entourait la vie hors du château. Ils devraient être vigilants, ils devraient certainement se battre, certains allaient peut-être même mourir…

Eléa se tenait à l’ombre d’un grand chêne, observant les attitudes des élèves, devinant leurs peurs, leurs peines, mais aussi leurs joies d’avoir réussi cette première étape de leur vie. Lily riait aux éclats, entourée par les bras de James qui l’embrassait tendrement dans le cou. Rémus et Sirius plaisantaient ensemble alors que Peter faisait le clown, plus loin. Franck et Alice, main dans la main, se promenaient en attendant Hagrid qui devait prendre la photo, remplaçant le photographe toujours pas remis de son expédition aux Carpates, où il voulait faire des portraits de vampires.
Un peu plus loin se tenaient les Serdaigles et les Poufsouffles qui apparemment faisaient des pronostics sur le prochain match de Quidditch qui opposerait les Serpentards et les Gryffondors, un match dont l’équipe gagnante repartirait avec la coupe de Quidditch.

A l’écart des autres élèves, les Serpentards discutaient entre eux, complotant peut-être, médisant sûrement, arborant un sourire vénéneux qui leur allait si bien. Une chevelure blonde, presque blanche au soleil, attira son regard. Elle se souvint alors de la première fois où elle l’avait vu, de la première fois où il l’avait touchée. Lucius se retourna vers elle, il avait senti ses yeux sur lui, il lui sourit, charmeur, avec un clin d’œil. Cela faisait maintenant plus d’une semaine qu’ils se voyaient en douce, cela avait un côté très excitant. Seuls Lily, Rémus et Severus étaient au courant, peut-être Rodolphus. Ils se voyaient dans des salles de cours vides, dans les cachots, dans la salle sur demande aussi.
Même si elle n’était pas ravie de la voir avec Lucius, Lily se faisait souvent complice, pour la couvrir. Rémus, qui n’appréciait pas du tout ce retournement de situation, avait essayé plusieurs fois de la dissuader, lui disant qu’elle ne serait pas heureuse, qu’ils n’auraient jamais une relation entière, qu’elle souffrirait… Elle le savait, mais c’était plus fort que tout, elle ne pouvait pas se passer de lui. Sa seule potion contre cette amour se nommait Sirius et malheureusement elle ne pouvait plus compter sur lui.

Hagrid arriva enfin, sous les applaudissements de nombreux élèves, ce qui tira Eléa de sa rêverie nostalgique. Il mit quelques minutes à s’installer avec l’aide de James et Rémus. Hagrid était assez maladroit, ce qui provoquait les rires chez beaucoup. Voir cet homme gigantesque manipuler cet appareil qui, dans ses mains, paraissait aussi petit qu’une carte postale était assez drôle.
Les élèves se rassemblèrent alors pour prendre la pose, profitant de l’absence du photographe officiel pour se mélanger sans tenir compte des Maisons. James et Lily, main dans la main, se dirigèrent vers le premier rang, emportant Eléa avec eux. Elle sentit les élèves se presser derrière elle pour contenir dans la photo, quand soudain elle sentit une main caresser furtivement ses fesses, puis lui toucher la main pour finir par la lui serrer, puis s’échapper… Lucius était à deux pas d’elle, juste à côté de Severus.
Lily éclata de rire.
« Nooooon !!! » chuchota-t-elle tant bien que mal.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Eléa curieuse, en voyant les mines réjouies des quatre inséparables.
« Ils ont préparé quelque chose… », lui chuchota Lily à l’oreille.
« Quoi ? »
« Je sais pas, une surprise… »
« Bon c’est prêt les enfants ! » s’exclama Hagrid faisant cesser les rires. « Resserrez-vous un peu », dit-il en faisant signe de ses énormes mains.
Les élèves se serrèrent donc pour pouvoir tous entrer dans la photo, non sans mal.
« Préparez-vous… attention… »
Lily saisit brusquement le bras d’Eléa.
« Là-bas regarde, derrière Hagrid », dit-elle en riant, alors qu’un bruit sourd suivi d’une fine fumée blanche s’échappait de l’appareil photo.

Eléa ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Derrière Hagrid, s’élevaient quatre énormes ballons, en forme d’un lion rouge, les yeux roulant comme des billes et à la crinière dorée, d’un aigle bleu et argent dont le bec portait de grosses marguerites roses, d’un blaireau arborant un magnifique collier hawaïen et d’un serpent vert, louchant, la langue pendante. Cette joyeuse bande semblait sortir tout droit d’un dessin comique, aux couleurs criardes. Les animaux étaient accompagnés d’autres ballons multicolores qui portaient une banderole « Poudlard – Promotion 1977-1978 ». S’en suivirent ensuite d’énormes explosions de feu d’artifices multicolores, à la plus grande joie des élèves qui applaudirent les auteurs anonymes de la farce, bien que tout le monde se doutait de leur identité.

Les élèves s’éparpillèrent dans le parc en riant pour profiter de cette fin d’après-midi ensoleillée. Eléa resta une bonne heure avec Lily et les garçons, les félicitant pour leur feu d’artifices. Ils parlèrent de leur futures carrières, des ASPIC et bien sûr du match de Quidditch qui aurait lieu le week-end suivant. Eléa les surprit tous en leur disant que peut-être elle assisterait au match, personne n’osa interrompre cet après-midi de détente en lui demandant quelle équipe elle soutiendrait et elle leur en fut reconnaissante.

Elle rejoignit un peu plus tard les Serpentards en grande discussion.
« … espérant que ce gros abruti sait cadrer une photo », termina Bellatrix.
« Cadrée ou pas, la photo sera gâchée par ta simple présence… », répliqua Eléa avant même de s’asseoir.
« Eléa… », soupira Bellatrix, « il faudrait que tu comprennes que tu ne fais pas partie de cette Maison, et que ta présence n’est pas indispensable… »
« Toujours à vous étriper en public ? » trancha une voix froide derrière elles.
« Sev, tu as l’air en grande forme ! » se moqua Eléa.
« Je hais l’été et les photos, autant avouer que cette journée n’a été qu’un désastre… », avoua-t-il en s’asseyant près d’elle.
« J’aime bien les photos », déclara Crabbe, qui pour une fois avait réussi à mettre dans la même phrase sujet, verbe et complément au grand étonnement du groupe.
« J’ai toujours l’air d’avoir avalé un parapluie dessus », bougonna Severus.
« Je dois dire que pour une fois Potter a eu une bonne idée, au moins la plupart souriront sur la photo », soupira Lucius.
« Je n’ai pas souri », dit platement Severus. « En plus j’avais le soleil dans les yeux. »
« Arrête de râler Sev… », le consola Eléa.
« Bon », coupa Rodolphus, « on s’organise pour les révisions ? »

Ils décidèrent de former des groupes de révision par matières avec à la tête le meilleur élève dans le domaine pour les faire travailler. Severus s’occupait de la Potion et de la Botanique, Lucius de la Divination et des Sortilèges, Eléa de la Défense contre les Forces du Mal et de la Métamorphose, pour les options ils formaient des groupes de deux ou trois. Ils avaient décidé de travailler de cette manière pour mettre toutes leur chance de leur côté. Eléa n’avait pas vraiment besoin de ce genre de révisions, mais Lucius lui avait demandé si elle voulait bien les aider, et elle avait accepté.

***

Little Hangleton, vendredi 6 juin 1997

Eléa sortit de la réunion matinale des Mangemorts avec un début de migraine. Non seulement elle se sentait de moins en moins impliquée et intéressée par les discussions sans fin qui se déroulaient durant des heures dans le Grand Salon, mais elle commençait en plus à s’inquiéter sérieusement de la tournure que prenaient les opérations. Hermione était en danger et elle savait qu’elle ne pourrait pas s’empêcher de l’avertir et essayer de la convaincre par un moyen quelconque de la rejoindre afin d’assurer sa sécurité. Lucius était resté discuter avec Rodolphus et Rabastan, elle passa rapidement dans sa chambre récupérer les lettres que lui avaient données Hermione afin de les lire au soleil dans le jardin et descendit lentement le grand escalier. Elle s’arrêta en soupirant en voyant Bellatrix la fixer avec un regard mauvais, elle devait se contrôler, elle le savait et elle se força à songer aux lettres, à Hermione, et à leur prochaine rencontre pour ne pas penser à ses pulsions meurtrières. Bellatrix ne lui facilitait malheureusement pas la tâche…

-Tu écris encore à ce traître Eléa ??! demanda d’un air outré Bellatrix en voyant le paquet de lettres qu’Eléa tenait fermement contre elle.
Eléa prit une profonde inspiration inutile et se força à ignorer celle qui commençait à lui taper sérieusement sur le système.
-Tu pourrais me répondre quand je te parle ! insista Bellatrix et Eléa se demanda un instant si elle cherchait à se prendre une autre raclée ou si elle ne voulait pas au contraire se faire des amis, d’une manière peu conventionnelle il fallait l’avouer.
-Tu veux vraiment une réponse à cette question ? demanda en retour Eléa sur un ton glacial.

Bellatrix haussa les épaules et s’apprêta à se diriger vers le petit salon du rez-de-chaussée quand Eléa ferma les yeux, ne pouvant se retenir davantage. Le tapis de l’entrée bougea soudainement, se mettant à glisser sur le sol brusquement et Bellatrix perdit l’équilibre, tombant lourdement sur le dos en étouffant un petit cri. Eléa fit un énorme effort pour ne pas éclater de rire devant le ridicule dont venait faire preuve Bellatrix dans sa chute, mais au lieu de ça, elle descendit majestueusement les quelques marches qu’il lui restait d’un air digne et supérieur. Elle regarda Bellatrix de toute sa hauteur et déclara sur un ton neutre, faussement bienveillant avant de sortir du manoir :
-J’espère que tu ne t’es pas fait mal, j’ai toujours dit que ce tapis était dangereux…

Il n’était pas loin de midi, il faisait chaud, le soleil était au zénith et l’été se pressait alors que le printemps n’avait pas terminé son règne. Eléa choisit le compromis de s’installer moitié à l’ombre, moitié au soleil et elle examina les lettres s’assurant qu’elles étaient classées dans l’ordre chronologique. Elle avait le cœur qui battait à un rythme supérieur à la moyenne, elle savait que ces lettres étaient adressées à la mère adoptive d’Hermione, mais sa fille lui faisait un minimum confiance pour la laisser lire ces propos censés être confidentiels et sa lecture n’en serait que plus solennelle. Elle se sentait seule depuis quelque temps, Hermione lui manquait terriblement et elle ne vivait que pour leur prochaine rencontre. Quelque chose s’était brisé entre elle et Lucius depuis leur dernière violente dispute quand elle avait voulu tuer Bellatrix, et ce dernier semblait passer plus de temps que nécessaire auprès de Voldemort, et son implication dans la guerre ne cessait de s’intensifier. Elle ne pouvait cependant pas s’éloigner de lui, elle ne le lui dirait sûrement pas, plus maintenant, pas après tout ce qu’il avait dit et fait, mais elle savait qu’elle ne pourrait vivre sans lui, et cette faiblesse l’agaçait parce qu’elle en était dépendante et qu’elle ne pouvait la contrôler. Elle dénoua le ruban rouge reliant les précieuses missives et déplia la première en tremblant légèrement.

« Maman… Tu me manques… beaucoup… Il n’y a pas un jour sans que je ne pense à toi. Tu embrasseras papa pour moi, et tu lui diras combien je l’aime, je crois que je ne lui ai pas assez dit quand j’en avais encore l’occasion… » Elle sentait les larmes lui monter aux yeux en réalisant qu’ils avaient tué les parents de sa propre fille. Même si elle n’était pas celle qui avait jeté le sort fatal, elle ne s’en sentait pas moins personnellement responsable. Elle avait réellement gâché la vie de sa fille, elle avait vraiment tout raté et elle s’en voulait. Et si elle n’avait pas essayé de fuir cette nuit-là, si elle était restée auprès des Mangemorts, auprès de Lucius, auprès du Seigneur des Ténèbres… Non, elle avait fait le bon choix. Même si ça lui crevait le cœur de l’admettre, il valait mieux qu’Hermione ait été élevée par des Moldus plutôt que de grandir dans un environnement obscur qui était finalement toute sa vie et qui n’était pas un environnement propice à l’épanouissement d’un enfant.

« Tu restes ma seule et unique maman, elle ne pourra jamais te remplacer, je te le promets. » Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues. Elle savait qu’elle n’avait pas le droit de réclamer un statut de mère vis-à-vis d’Hermione, elle n’avait pas été sa mère, elle ne l’avait pas élevée mais elle espérait plus que tout avoir au moins gagné un statut particulier dans son cœur.

« Il m’a finalement embrassé hier soir... Ce n’est pas vraiment une surprise, mais je tenais à ce que tu sois la première au courant. Je voudrais tellement pouvoir le dire à Harry, et à Ginny... Pour Harry, c’est exclu je sais, je n’ose même pas imaginer sa réaction... Pour Ginny, je ne sais pas. Elle ne comprendrait pas non plus je pense, les Malfoy ont causé tellement de tort à sa famille qu’elle n’accepterait pas. » Eléa fronça les sourcils. Ca ne pouvait pas être… Non, ce n’était pas possible. Ca ne pouvait pas être ce à quoi elle pensait… Elle se mit à lire plus rapidement les lettres, dévorée d’une soudaine envie de voir apparaître clairement ce qui se cachait derrière ces allusions subtiles qu’elle aurait pu écrire elle-même il y a vingt ans. Elle sourit en lisant certains passages sur la scolarité de sa fille, elle se reconnaissait également dans la manière dont Hermione décrivait ses sentiments face à ses études.

Puis, le passage tant attendu fit enfin son apparition et elle en eut le souffle coupé, s’empêchant de respirer pendant quelques secondes. « Draco est rentré chez lui ce week-end, il va revoir son père, j’en suis sûre. J’ai peur. J’ai peur de le perdre… » Draco. Draco Malfoy. Hermione, sa fille, avait un petit ami et il s’appelait Draco Malfoy. Ironique dans un sens. Elle retint un fou rire, elle fut prise d’une soudaine envie de rire, et elle mit une main devant sa bouche alors que ses larmes se mêlèrent aux rires étouffés. Ce n’était pas si étonnant finalement, si Draco avait le même aura que son père, il était normal que sa fille ait pu être attirée par lui. Elle souhaitait vraiment rencontrer Draco Malfoy à présent et juger par elle-même celui qui avait réussi à capturer le cœur d’Hermione. Les choses risqueraient d’être compliquées par cet état de fait. Ce n’était pas qu’elles étaient simples, au contraire, elles étaient ambiguës du fait de son appartenance au clan des Mangemorts, de son attachement pour Lucius mais aussi de son amour indéfini pour Hermione. Hermione savait-elle que son petit ami aidait son père ? Eléa en doutait, et elle ne pouvait pas le lui dire, il fallait qu’elle le découvre d’elle-même, et vite. La guerre approchait, les premières hostilités ne tarderaient pas à être déclenchées et il valait mieux savoir dans quel camp se situer dès le départ. Il fallait vraiment qu’elle voit Hermione, et elle décida de lui envoyer un hibou le plus rapidement possible.

-Qu’est-ce que tu fais mon cœur ?
Elle n’avait pas vu Lucius approcher tellement elle était prise dans sa lecture et ses pensées.
-Je… Ce sont des lettres d’Hermione, qu’elle a écrites à sa mère adoptive mais qu’elle tenait à me faire lire…, expliqua-t-elle encore sous le coup de l’émotion. J’ai vraiment l’impression de la découvrir et de la connaître mieux, Lucius.
-Je suis ravi pour toi mon cœur, répondit sincèrement Lucius avec un sourire charmeur.
-Hermione a un petit ami tu sais…
-Ah oui ? Ce n’est pas étonnant tu sais, c’est de son âge.
-Tu ne devines pas qui c’est ? continua-t-elle, curieuse.
-Je devrais ? Il leva un sourcil interrogateur. Laisse-moi réfléchir cinq minutes… Un des Wesley, le rouquin ami de Potter dont le prénom m’échappe, non ?
Eléa secoua la tête en guise de négation et Lucius soupira.
-Je ne sais pas alors amour, j’avoue ne pas connaître le cercle des amis de ta fille vois-tu…
-C’est Draco, Lucius, déclara sans autre explication Eléa.
Lucius ouvrit la bouche pour répliquer, mais la referma en fronçant les sourcils.
-Intéressant…, finit-il par dire avec un petit sourire en coin.
-Tu n’aurais pas dit ça si tu n’avais pas su qu’elle était ma fille ! rétorqua Eléa un brin agacée bien qu’elle ne savait pas trop pourquoi.
-Je ne le nie pas, déclara Lucius sans ciller. Je savais qu’il était amoureux, c’était visible comme le nez au milieu de la figure et je comprends mieux pourquoi il n’a pas voulu m’en dire davantage…
-Est-ce que tu réalises, Lucius ?? Nos enfants ! Nos enfants sont amoureux l’un de l’autre !
-Les Malfoy sont irrésistibles, n’est-ce pas mon cœur ? déclara sur un ton séducteur Lucius.
-J’avoue que ça m’a amusé quelque peu, mais ça m’inquiète aussi Lucius… Ils sont en danger à Poudlard, j’ai peur tu sais…
-Ne t’inquiète pas, Draco connaît les passages secrets du château, ils pourront s’échapper facilement, j’ai tout prévu, amour. Tu ne croyais pas que j’allais mettre mon fils en danger, je sais ce que je fais.
-J’ai peur quand même, insista Eléa en haussant les épaules et détournant son regard.
-Tu ne dois pas lui dire, Eléa, déclara plus durement Lucius semblant lire dans ses pensées en la forçant à le regarder dans les yeux. Tu ne dois pas le dire à Hermione, je te l’interdis, elle risquerait de tout gâcher !
-Ne t’énerve pas…, marmonna-t-elle sachant pertinemment qu’elle ne pourrait pas faire autrement. Lucius…, est-ce que je lui dis pour nous deux ? Je sais beaucoup de choses sur elle à présent, et je m’aperçois qu’elle ne sait rien de moi… Elle sait que nous sommes dans le même camp, mais est-ce que je dois lui dire pour nous ?
-Non ! répondit avec autant de véhémence Lucius. Il n’est pas nécessaire qu’elle sache une telle chose pour le moment, c’est inutile.
Eléa acquiesça et se retint de lui demander agressivement si leur relation était inutile dans le sens insignifiante, mais elle préféra ne rien dire. Lucius n’avait peut-être pas tort, il valait mieux qu’Hermione ne soit pas au courant pour le moment. Elle ne voulait pas ruiner ce qui pouvait y avoir entre Draco et Hermione, et elle savait qu’en lui révélant leur relation, les choses risqueraient de se compliquer entre les deux adolescents. Elle ne songea qu’à une chose durant le week-end qui sembla passer au ralenti : envoyer un hibou à Hermione pour la voir au plus vite.

***

Poudlard, mercredi 11 juin 1997

« Eléa,
Merci pour ta lettre qui m’a fait très plaisir. Je suis très impatiente de te voir aussi, j’ai tellement de choses à te raconter ; mais vendredi, ce ne sera pas possible. C’est la finale de Quidditch qui oppose les Gryffondors aux Serpentards, et que l’on gagne ou que l’on perde, il faut que je vois ça ! Sans compter qu’il y aura une fête si on gagne ! et si on perd aussi d’ailleurs je crois… Quant à ce week-end, il sera plutôt occupé aussi. Les cours se terminent bientôt mais le Professeur Snape n’a pas l’air d’être au courant que l’année sera finie dans deux semaines… Et puis j’ai promis à mon petit ami de passer du temps avec lui. Je te propose un rendez-vous dans une semaine, mercredi prochain, 21h, notre endroit habituel. Dis-moi si ça te va. Je t’embrasse, à bientôt, Hermione. »

-Hermione… Hermione ?!
Hermione leva les yeux de son morceau de parchemin pour apercevoir Harry en train de la regarder avec empressement.
-C’est l’heure de la photo, dépêche-toi, on est déjà en retard ! expliqua Harry devant son regard interrogateur.
-Oh, d’accord… Harry, est-ce que je-
-Oui, la coupa Harry, tu peux emprunter Hedwige pour envoyer ta lettre à Eléa, dépêche maintenant !

Hermione acquiesça avec un grand sourire et alors que Ron, Neville et Harry descendaient déjà de la Tour Gryffondor, elle attacha sa lettre à la patte d’Hedwige et lui donna quelques miettes de biscuit et une petite caresse affectueuse avant de lui transmettre les directives de sa mission.

Elle descendit ensuite rapidement les étages jusqu’au Grand Hall où elle trouva Draco en grande discussion avec Pansy Parkinson. Elle fronça les sourcils et passa à côté d’eux, la tête haute, sans un regard aux deux Serpentards. Draco la suivit du regardet soupira en levant les yeux au ciel n’écoutant plus les affabulations de la petite brunette qui commençait à l’agacer. Il sortit dans le parc et chercha Hermione du regard parmi la foule des sixièmes années rassemblées pour la photo. Elle se tenait les bras croisés à côté d’Harry, attendant que le photographe arrive et donne ses instructions, et elle détourna la tête en croisant son regard. Le photographe arriva enfin et Hermione fronça les sourcils en apercevant un petit homme rondouillard dans un costume sombre.
-Vous avez vu cette cicatrice qu’il a dans le cou…, souffla Harry qui avait à peu près la même tête qu’Hermione.
-Ca date de quelques années apparemment…, déclara Ron. Il paraît qu’il est parti photographier des vampires dans les Carpates il y a une vingtaines d’années, et il n’en serait pas revenu indemne…
-Vous pensez que c’est un… vampire ? demanda Neville avec une mine horrifiée.
-Non Neville, les vampires ne supportent pas la lumière du jour. Il a seulement dû se faire mordre je suppose, répondit Hermione ne quittant pas des yeux le petit bonhomme.
-Mais quand on se fait mordre par un vampire, on ne devient pas vampire soi-même ? insista Harry, hypnotisé lui aussi par le photographe.
-Non ! Vous ne vous souvenez plus du cours du Professeur Lupin en troisième année ou quoi ?! On ne devient vampire qu’après avoir bu soi-même le sang de ce vampire une fois qu’il nous a tué en buvant notre sang ! Il paraît que c’est une expérience douloureuse et fascinante à la fois… Se voir mourir, puis renaître en quelque sorte d’une façon totalement différente, avec des sens nouveaux et exacerbés, une vision nouvelle du monde qui nous entoure…
Les trois garçons regardèrent d’un air ébahi la jeune sorcière.
-Tu en as déjà fait l’expérience ou quoi ?! s’exclama Ron alors qu’ils s’approchaient d’un vieux chêne sous lequel la photo de leur promotion allait être prise.
-Bien ! commença le photographe. Voici comment nous allons nous organiser. Les Poufsouffles et les Serpentards, vous monterez sur la petite estrade. Les Serpentards à droite et les Poufsouffles à gauche… Les Gryffondors et les Serdaigles, vous vous placerez devant, les Gryffondors à droite, les Serdaigles à gauche. Dans le calme s’il vous plaît ! s’exclama le photographe alors que le groupe des élèves se pressait pour s’installer.

Une fois que les Poufsouffles et les Serpentards furent installés, les deux autres Maisons firent en sorte à leur tour de se placer afin d’entrer dans le cadre du photographe. Tout le monde fut finalement à sa place au bout d’une bonne dizaine de minutes. Le photographe déclencha son appareil au moment où Hermione sentit Harry lui prendre la main et Draco frôler ses cheveux, et elle ne sut dire quelle attention lui fit le plus plaisir alors qu’elle souhaitait que ce moment ne s’arrête jamais.

La séance photo terminée, les élèves se pressèrent pour rentrer au château afin d’aller prendre un goûter dans la Grande Salle ou l’emporter pour le manger dehors, dans le parc. Hermione croisa à nouveau le regard de Draco qui lui fit le signe qu’elle reconnut et elle acquiesça. Luna et Ginny rejoignirent les sixièmes années avec des paquets pleins les bras.
-On a apporté le goûter ! déclara Luna avec enthousiasme.
-Cool, répliqua Ron voulant chiper un muffin dans un des sacs mais Luna l’en empêcha en lui donnant une claque sur la main.
-On va s’installer près du lac ? proposa Ginny.
-Ouais, bonne idée ! acquiesça Harry.
-Je… je ne viens pas avec vous, il faut que j’aille… faire…, bafouilla Hermione.
Harry, Ron, Neville, Ginny et Luna la dévisagèrent et Ginny se dirigea en soupirant vers le lac, suivie par Ron et Luna qui tira la manche de Neville.
-Tu comprendras si je ne te dis pas de lui donner le bonjour de ma part…, déclara sombrement Harry avant de suivre ses amis.
-Je n’en demande pas tant, marmonna Hermione en haussant les épaules se dirigeant vers le château afin de monter jusqu’à la Tour d’Astronomie.

***

-J’en ai marre…, déclara Hermione en pénétrant dans la Tour et voyant Draco assis sur la troisième marche des escaliers conduisant au balcon.
-De quoi ? demanda-t-il alors qu’elle était en train de s’asseoir entre ses jambes, sur la deuxième marche des escaliers.
-Tout…, répondit-elle en haussant les épaules tout en passant ses bras autour de ses genoux et posant sa tête contre sa poitrine. Il déposa un baiser sur sa tête.
-Même de moi ? demanda-t-il en levant un sourcil.
-Même de toi et tes questions stupides ! répondit-elle en riant. Sérieusement Draco, j’en peux plus, vivement que l’année se termine et que je sorte d’ici…
-Et moi je ne veux pas que l’année se termine, tu vas trop me manquer…, déclara Draco avec une moue boudeuse. Tu iras où ?
-Le pire, c’est que je ne sais même pas… Je crois qu’il est exclu que j’aille avec Eléa vu qu’elle est avec les Mangemorts… Je ne sais plus à quel monde j’appartiens Draco, les Moldus, les Sorciers… Avec qui je vais vivre désormais ? Je n’ai plus personne…
-Ne dis pas ça bébé…, déclara Draco aussi triste que pouvait l’être Hermione tout en caressant ses cheveux. Tu m’as moi, je t’aime…
Elle ne répondit pas et ferma les yeux un instant. Ils restèrent silencieux quelques instants avant que Draco ne reprenne le cours de la conversation.
-Je ne faisais que discuter avec Pansy Parkinson tout à l’heure, Hermione… Elle ne me disait de toute manière rien d’intéressant…
-Comme quoi ?
-Quoi, comme quoi ?
-Elle te disait quoi ? clarifia Hermione se demandant si elle avait vraiment envie de le savoir.
-Je ne sais même plus, répondit Draco en haussant les épaules. Elle espérait être à côté de moi sur la photo ou quelque chose comme ça…
-Oh. Elle est amoureuse de toi…
-J’en sais rien et je m’en fiche.
-Ce n’était pas une question, soupira Hermione. Des bruits circulent Draco, sur toi et moi, comme quoi on serait ensemble. Des Serpentards nous ont vus paraît-il…
-Je sais. Je m’en fous. C’est important pour toi ? Je veux dire, ça te préoccupe, ça t’ennuie ou autre chose ?
-Je me demande s’il ne vaudrait pas que tout le monde le sache finalement… Ca ne pourrait pas être pire, si ?
-Sérieux ? Tu voudrais qu’on ne se cache plus ?
-Je ne sais pas, tu en penses quoi ?
-Je ne sais pas si c’est une bonne idée bébé… Pour toi je veux dire. Tes amis ne l’ont déjà pas super bien pris, j’ai peur pour toi, que ce soit pire, que tu sois rejetée par tes amis Gryffondors et puis bon, du côté des Serpentards, ça ne sera pas mieux je crois…
-Tu as peur de perdre ton statut de leader si tes copains apprennent que tu sors avec une Sang de Bourbe ?! demanda Hermione se retournant tout à coup pour regarder Draco dans les yeux.
-Quoi ? N-, non ! Enfin, c’est pas ça, c’est juste que-
-Oublie, le coupa Hermione en se levant, c’était juste une réflexion comme ça, une mauvaise idée visiblement… Je vais remonter dans ma chambre un petit moment.
-Si tu veux que tout le monde le sache pour nous et qu’on ne se cache plus, c’est d’accord bébé. Je ferai tout ce que tu veux pour te rendre heureuse, tu le sais, déclara Draco qui s’était levé à son tour.
-Non, laisse tomber, on verra plus tard. Mieux vaut finir l’année tranquillement sans faire de vague, rétorqua Hermione en se réfugiant dans les bras de son petit ami.

Ils s’embrassèrent longuement avant qu’Hermione ne se dégage des bras de Draco et lui demande avec un petit sourire en coin :
-Prêt pour le match de vendredi ?
-Ne me cherche pas espèce de sale Gryffondor ! rétorqua Draco avec le même sourire.
-Serpentard à la manque !
-Gryffondor, tête de porc !
-Serpentard, tête de lard ! J’ai autre chose qui rime avec Serpentard tu sais…
-Tu crois que je n’ai rien d’autre qui rime avec Gryffondor ?!

Ils éclatèrent de rire avant de sortir de la Tour d’Astronomie et partir chacun de leur côté.

***

Poudlard, juin 1978

Le bureau du directeur était plongé dans la lumière dorée du soleil couchant. Rémus, James, Peter, Sirius, Lily et quelques autres élèves attendaient patiemment l’arrivée de Dumbledore qui les avaient convoqués par lettre le matin même. Une convocation aussi soudaine les avait inquiétés. Ils étaient une poignée, ils avaient organisé une sorte de résistance, surveillant certains élèves, en particulier les Serpentards, reportant à Dumbledore les faits inquiétants. Ils avaient déjà un pied dans l’Ordre du Phénix et plus la fin de leurs études approchait, plus leurs débuts dans la résistance approchaient, avec cette fois-ci des enjeux plus importants, des missions plus dangereuses.
Il entra enfin dans le bureau et leur adressa un sourire, les regardant un par un, comme un appel silencieux. Il s’assit dans son fauteuil et les invita à faire de même, faisant apparaître des chaises au dossiers recouverts de tapisserie.
Il prit en premier des nouvelles des différentes surveillances effectuées dans le château, puis leur exposa la raison de leur rendez-vous.

Une chose l’inquiétait depuis longtemps, depuis le mois de décembre pour être précis. Une élève avait pratiqué un acte de magie noire très élevé, fabriquant un extrait de pouvoir. Il leur expliqua qu’entre de mauvaises mains, cet extrait, si difficile à fabriquer, pouvait contenir les pouvoirs d’un grand sorcier. Placé dans une pierre précieuse purifiée et enchantée, il pouvait devenir une arme redoutable, remplacer une baguette magique. Bien utilisé, il pouvait tripler les pouvoirs d’un sorcier ou amplifier les effets d’un sort.

Cet extrait de pouvoir se trouvait en possession de Lucius Malfoy. Les réactions ne se firent pas attendre. En révélant le nom de Lucius, ils savaient très bien qui avait fabriqué l’extrait. Elle seule en était capable et était assez tête brûlée pour le faire dans l’enceinte du château. Dumbledore leur demanda de faire silence. Il ne nia pas que sa fille était l’auteur de cet objet. A quoi bon ? L’heure n’était pas aux explications, mais à l’action. Il ne pouvait pas laisser cette puce, dans les mains du préfet de Serpentard. Il décida alors de leur confier la mission de le ramener.
Ce week-end, le match de Quidditch viderait sûrement tout le château, la voie serait donc libre pour pénétrer les dortoirs de Serpentard et s’emparer de l’extrait de pouvoir. Il leur laissait carte blanche pour l’organisation, il voulait juste être prévenu en cas de problème ou quand la puce serait récupérée. Il nomma James comme leader de cette mission. Ils devaient agir vite et bien.

***

Little Hangleton, jeudi 12 juin 1997

Le jour déclinait, la nuit commençait à s’installer et les bougies illuminaient le manoir lui donnant une vision quelque peu fantasmagorique. Eléa s’ennuyait davantage chaque jour, elle aurait été toujours à Azkaban que ça n’aurait pas été pire. Quelquefois, durant la nuit, elle était prise d’envies irrésistibles de s’enfuir de ce manoir et d’emmener Hermione loin, très loin d’ici, pour tout recommencer à zéro, toutes les deux, rien que toutes les deux. Même si elle devait laisser Lucius derrière elle, elle se sentait prête à tout abandonner pour Hermione, pour être avec elle, et pour enfin jouer son rôle de mère qu’elle avait tant désiré parfaire depuis toute petite. Elle regardait d’un air absent le feu dans la cheminée de sa chambre danser joyeusement, d’une manière presque provocante. Lucius entra dans la chambre, à peine éclairée si ce n’est par une bougie posée sur la poutre de la cheminée, et s’approcha d’Eléa, recroquevillée dans un large fauteuil.

-Qu’est-ce que tu aimerais manger mon cœur ? demanda-t-il doucement.
-Rien, je n’ai pas faim, répondit-elle le regard toujours dans le vide.
-Je sais que les choses ont plutôt été tendues ces derniers temps chaton, je suis désolé, s’excusa Lucius. J’aimerais qu’on se retrouve toi et moi, Eléa… Dis-moi ce qui te ferait plaisir, je t’emmènerai où tu le désires, dans un endroit romantique, où on serait que tous les deux…
-Pourquoi ? Pour y faire quoi ? Baiser dans un endroit autre que cette chambre, Lucius ? demanda durement Eléa en regardant Lucius qui se raidit instantanément devant l’agressivité de sa compagne.
-Je suis désolée…, soupira-t-elle en voyant le regard blessé de Lucius qui faisait pourtant des efforts considérables pour sauver leur couple malmené depuis les derniers évènements. Je ne voulais pas dire ça, c’est juste que… Hermione me manque, j’aurais dû la voir demain et le rendez-vous est remis à mercredi prochain, et mercredi prochain, c’est loin…
Lucius ne répondit pas et acquiesça en gardant son regard dur et son air hautain.
-Tu me manques aussi…, ajouta-t-elle. Je n’ai pas besoin d’aller dans des endroits extravagants, être avec toi me suffit, du moment que tu es avec moi toi aussi, rien qu’avec moi Lucius, et pas avec tes réunions et tes plans dans la tête…

Il lui prit la main et elle se leva pour se réfugier dans ses bras.
-Dis-moi où tu voudrais aller…, lui souffla-t-il à l’oreille tout en caressant ses bras nus.
-Nulle part… C’est trop loin de toute manière…, répondit-elle passant ses mains sous sa cape.
-Dis-moi quand même, ferme les yeux et décris-moi l’endroit amour…
-Je ne sais même pas où c’est tu sais, c’est un endroit qui n’existe pas, je l’ai imaginé j’en suis sûre…
-A quoi il ressemble ?

Eléa ferma les yeux et Lucius la fit danser lentement en glissant ses mains autour de sa taille.
-Il y a un grand bâtiment blanc…, commença-t-elle. Je le vois d’où je suis… Je crois que je suis dans une petite maison mais je ne suis pas sûre… Le décor à l’extérieur est magnifique. J’ai une vue sur une petite place où il y a une fontaine au milieu. Une petite église ne doit pas être loin parce que j’entends les cloches sonner, c’est un mariage, ou un baptême, un événement heureux… Le temps semble s’accélérer, la nuit tombe. La place est éclairée par des petites lumières suspendues à des guirlandes et elles dansent sur les devantures des deux restaurants qui se font face. Des gens y dînent dehors, il fait doux pour la saison, ils rient et semblent heureux… Il est plus tard, les gens sont partis, le restaurant est fermé, les lumières sont éteintes et seule la lune se reflète dans la fontaine. C’est simple mais joli…
-Comment est la pièce dans laquelle tu te trouves ? demanda Lucius.
-Je ne sais pas, je voudrais aller m’asseoir près de la fontaine… J’ai la tête qui tourne Lucius…, déclara finalement Eléa agrippant les bras de Lucius qui avait accéléré les tournoiements.
-Ouvre les yeux alors, répondit-il stoppant le mouvement.

Eléa ouvrit les yeux et découvrit d’un air ébahi la fontaine de son rêve en face d’elle.
-Mais… mais, on n’a pas transplané, si ?
-Non, cœur, on n’a pas transplané, cet endroit n’existe pas, c’est toi-même qui l’as dit, c’est magique chaton ! Ne me regarde pas comme ça Eléa ! Tu peux aller t’asseoir au bord de la fontaine, tu en meurs d’envie, vas-y !

Eléa esquissa un sourire et s’approcha lentement de la fontaine, ne la quittant pas des yeux de peur qu’elle ne disparaisse. Elle reconnut le bâtiment blanc de sa description et les restaurants qui se faisaient face. Elle se hissa de façon à s’asseoir sur le rebord de la fontaine, et elle passa une main hésitante dans l’eau claire qu’elle trouva fraîche. Lucius la rejoignit et elle pointa d’un doigt la petite maison de ville à étage en face d’eux.
-Tu vois cette maison ? C’est la nôtre… Tous les soirs, on dîne à ce petit restaurant italien et les week-ends, Hermione et Draco viennent nous rendre visite et on dîne tous les quatre dans le restaurant d’en face…

Elle prit le bras de Lucius et glissa sa main dans la sienne en posant sa tête sur son épaule avant de fermer les yeux.
-Je suis tellement fatiguée Lucius…
-C’est normal chaton, produire une telle magie est exténuant, tu m’y as aidé, je n’aurais pas pu y arriver seul…

Elle n’entendait plus que la voix de Lucius dans le lointain tandis qu’elle se sentait sombrer malgré elle, ne pouvant contrôler sa descente dans les bras de Morphée. Lucius la retint pour ne pas qu’elle tombe du rebord du fauteuil sur lequel elle était assise. Puis, il la prit dans ses bras et il la porta jusqu’au lit où il la coucha précautionneusement dans les draps doux et soyeux. Il écarta les cheveux de son visage et l’embrassa doucement sur les lèvres.
-Bonne nuit mon amour…, souffla-t-il en s’allongeant à ses côtés avant d’éteindre la bougie sur la cheminée d’un claquement de doigts.

Poudlard, juin 1978

La foule en délire scandait les noms des joueurs alors qu’ils volaient à vive allure sous le soleil de juin. Eléa s’était assise avec Lily mais ne criait pas, elle avait choisi de n’être qu’une spectatrice, ne supportant aucune équipe. Rémus, Sirius, Peter et Lily avaient essayé de lui communiquer leur enthousiasme sans grand succès et acceptèrent cet état de fait en pensant qu’il était déjà miraculeux qu’elle soit venue de son plein gré.
Eléa regardait donc les joueurs virevolter dans les airs. Elle observa aussi les différentes tribunes. Les Serpentards avaient fait des banderoles, dont certaines assez éloquentes s’adressaient aux Gryffondors et soutenaient du mieux qu’ils le pouvaient leur équipe. La tribune des professeurs était remplie et son père la présidait, un sourire aux lèvres alors que Gryffondor venait de marquer un but, égalisant le score. Tout le château était là, voulant assister à cet événement qui marquait pour les septièmes années le dernier week-end de détente.

***

Poudlard, vendredi 13 juin 1997

Le Professeur Dumbledore avait donné son accord, le Directeur avait finalement été convaincu par Mme Bibine qui avait fait valoir comme argument principal que c’était la fin de l’année et le dernier match de la saison. Les rapprochements entre les Maisons avaient plutôt porté leurs fruits et une fête après la finale de Quidditch n’était pas une mauvaise idée, surtout que l’issue du match importait peu au bout du compte. Enfin, c’est ce que pensait Mme Bibine et Dumbledore avait préféré ne pas relever bien qu’il savait que l’enjeu était important pour les deux Maisons qui avaient toujours été en compétition.

Hagrid, aidé des Préfets des quatre Maisons, installa des tréteaux dans le parc et un chapiteau avant de suspendre des guirlandes lumineuses qui éclaireraient le buffet une fois que la nuit serait tombée en fin de soirée. Ils installèrent également des grandes torches qui devaient éclairer le site, et Hagrid, à la demande de Dumbledore, délimita un périmètre magique qu’il était impossible de franchir afin d’assurer la sécurité des élèves.

Après la fin des cours, les Préfets furent convoqués dans le bureau de Dumbledore qui insista pour que ces derniers fassent preuve de responsabilité et de surveillance durant la fête. Hermione ne pouvait s’en empêcher mais elle n’arrivait pas à avoir un regard ou une parole agréable pour le Directeur qu’elle dévisageait avec un air détaché et un regard froid. Dumbledore s’en était aperçu, il en était attristé bien sûr, mais il était persuadé que les choses finiraient par changer et évoluer. Il était d’un naturel optimiste ou du moins se forçait à l’être après les évènements tragiques qui avaient jalonnés sa longue vie.

Le match était sur le point de débuter et Hermione arriva en courant dans les tribunes. Elle avait été absorbée par ses lectures dans la bibliothèque et ne s’était pas rendue compte de l’heure qui tournait quand Neville était finalement venu la chercher. Elle chercha Luna du regard et aperçut enfin la jeune blondinette assise sur un banc, au milieu des tribunes. Elle prit une profonde inspiration et se dirigea vers elle en dérangeant quelques Gryffondors et quelques Serdaigles qui râlèrent par son passage devant leurs yeux bien qu’il n’y avait pour le moment rien à voir, ce qui l’énerva quelque peu. Neville lui adressa un grand sourire et se poussa afin qu’elle s’asseye à côté de lui. Elle le remercia avec un grand sourire et prit place entre Neville et Luna qui commença à engager la conversation.

-J’espère que ça ira pour Gin’…
-Comment ça ? demanda Hermione en levant un sourcil interrogateur.
-Elle s’est foulée la cheville hier en sortant du cours de Potions, expliqua Luna. Mme Pomfresh lui a donné un remède mais sa cheville la faisait encore souffrir ce matin, ça lui lançait beaucoup. Si elle a trop mal, je pense qu’ils devront la remplacer… Harry ne voulait pas qu’elle joue, mais elle a insisté.
-Oh, je l’ignorais…, murmura Hermione sur un ton triste.
En temps normal, elle aurait été la première vers qui Ginny se serait tournée pour lui confier ses maux, ses doutes, ses inquiétudes et les évènements de sa vie. Mais elle n’était de toute évidence plus sa confidente, plus sa meilleure amie et elle se demanda si elle était au moins toujours son amie…
-Tu soutiens les Gryffondors ou les Serpentards, Hermione ? lui demanda tout à coup Neville la sortant de ses pensées.
-Quoi ? Les Gryffondors bien évidemment ! répondit sans hésiter la jeune sorcière.
-Ok, mais tu sais, je comprendrais si tu avais décidé de supporter les Serpentards…
-Non, Neville, je supporte les Gryffondors, depuis toujours !
-D’accord, tiens alors.
Neville lui tendit un badge avec un slogan en faveur des Gryffondors qu’elle accrocha à son pull avec un sourire.

Les deux équipes firent enfin leur entrée sur le terrain sous l’acclamation de la foule en délire, véritablement surexcitée par un des évènements marquants de la fin de l’année scolaire. Mme Bibine donna ses dernières recommandations aux deux équipes, puis elle siffla le début du match qui débuta enfin. Les vingt premières minutes se déroulèrent plutôt d’une manière conventionnelle où chacune des équipes marquait des points sans jamais creuser un écart significatif. Selon Hermione, le match était même plutôt ennuyeux. Elle avait l’impression qu’aucun des joueurs n’osait prendre une initiative ou oser une action de peur d’échouer et de conduire son équipe vers la défaite. Même Harry et Draco n’arrivaient pas à repérer le Vif d’Or tandis qu’ils se guettaient mutuellement du coin de l’œil tentant parfois une action dans le but de se déstabiliser et faire baisser à l’autre son attention. Au bout d’une heure de jeu, le Vif d’Or passa enfin devant les yeux d’Harry qui ne perdit pas une seconde pour se lancer à sa poursuite, talonné par Draco qui l’avait remarqué lui aussi. Ginny avait du mal à tenir sur son balai et elle faisait un effort considérable pour continuer de participer tandis qu’elle n’avait qu’une envie, c’était de déclarer forfait pour aller s’asseoir alors que sa cheville la faisait réellement souffrir. Elle ne voulait cependant pas laisser tomber ses coéquipiers mais elle espérait qu’Harry ne tarde pas trop à se saisir de la précieuse petite boule ailée. Le match trouva finalement un dénouement confus, dans un enchaînement de manœuvres et de cris pour le moins déroutants. Ginny n’était plus concentrée et errait dans les airs sans se soucier du match qui était en train de se jouer entre Harry et Draco qui poursuivaient le Vif d’Or à toute allure, se mettant des bâtons dans les roues tout en essayant de se semer mutuellement. Ginny avait perdu de l’altitude, elle s’était mise à sangloter doucement alors qu’elle souffrait le martyr et elle ne vit pas arriver les deux attrapeurs dont l’attention n’était dirigée que vers leur but ultime et commun. Ce fut Draco qui la remarqua le premier et Harry, trop absorbé et hypnotisé par le Vif d’Or, ne vit pas qu’il se dirigeait droit sur elle.

-Potter ! hurla le Serpentard en s’arrêtant net.

Harry s’aperçut enfin de la présence de sa petite amie sur laquelle il se dirigeait à vive allure et poussa un « putain » de surprise avant de dévier sa trajectoire, non sans avoir fait une belle peur à Ginny qui lâcha ses mains de son balai, ce qui fit crier cette fois Harry de là où il se trouvait. Draco vit qu’elle perdait l’équilibre et la retint de justesse et il ne put s’empêcher de lui demander en voyant ses larmes couler sur ses joues :
-Ca va ?

La rouquine, sous le choc et le coup de l’émotion, ne répondit pas fixant le Serpentard avec des yeux écarquillés. Elle regarda finalement derrière Draco qui se retourna pour suivre son regard et découvrir le Vif d’Or à moins d’un mètre d’eux. Harry ne sembla pas intéressé par la boule dorée tandis qu’il revenait vers Ginny. Draco se lança donc seul à la poursuite du Vif d’Or qu’il ne tarda pas à attraper sans autre entrave. Un cri s’éleva des tribunes, suivi par le sifflet de Mme Bibine qui indiqua la fin du match et la victoire des Serpentards.

-Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda finalement Luna, abasourdie par l’issue facile du match.
-Je ne suis pas sûre d’avoir compris…, répondit Hermione en fronçant les sourcils.
-On a perdu, répéta pour la troisième fois Neville qui semblait anéanti par la défaite de son équipe.

Après le match, Hermione se dirigea vers l’infirmerie où elle se doutait que Ginny devait se trouver. Elle courut vers Harry qui en sortait, toujours dans sa tenue de joueur de Quidditch.
-Harry ! Comment va Ginny ?
-Ca va aller, elle souffre beaucoup. Mme Pomfresh est en train de lui faire un bandage à base d’herbes apaisantes que lui a apportées Chourave, répondit Harry. Elle pourra assister à la fête à condition de rester assise, mais elle l’a échappé belle, elle nous a fait une belle frayeur…
-Qu’est-ce qui s’est passé durant le match Harry ? Tout a été si… confus…
-Tu demanderas à ton petit ami…, répondit Harry tout à coup exténué.
-Harry…, insista Hermione.
-Tu pourras lui dire merci aussi par la même occasion…, soupira Harry.
-C’est sarcastique ? demanda Hermione en fronçant les sourcils. Parce qu’on a perdu ?
-Non, c’est sincère…, répondit Harry avant de se diriger lentement vers la Tour Gryffondor. On se voit tout à l’heure à la fête…

Hermione n’y comprenait vraiment rien, mais elle décida de suivre le conseil de son frère et de demander davantage d’explications à Draco quand elle le verrait à la fête. Pour le moment, il fallait qu’elle aille se préparer au plus vite afin d’aider les Préfets pour les derniers préparatifs.

***

[/i]Poudlard, juin 1978

Dans les couloirs désertés, des pas silencieux se dirigeaient vers les cachots, laissant les portraits perplexes devant ces bruits sans propriétaire. Rapidement les pas atteignirent la paroi rocheuse et une voix prononça le mot de passe, donné par Dumbledore lui-même.
Les pas s’arrêtèrent un moment et soudain un homme apparut au centre de la salle commune. Franck Londubat tenait d’une main une cape d’invisibilité, de l’autre la « carte des maraudeurs » comme elle avait été surnommée.
Les quartiers de Serpentard étaient désertiques, il se dirigea alors au fond de la salle commune, puis il prit vers la gauche un étroit couloir.
Franck essaya de ne pas trop s’attarder devant les tableaux, photos et autres fioritures qui peuplaient les murs, il s’étonna aussi du nombre de petites pièces et de recoins qui faisaient de ces dortoirs un véritable labyrinthe.
Il entra alors dans la chambre du préfet que ce dernier partageait avec deux autres élèves, Snape et Lestrange, comme il put le lire sur les malles à côté de leur lit. L’endroit était rangé, même trop, ce qui contrastait vraiment avec certaines chambres de Gryffondor. L’ambiance était studieuse et chaude, les lits en acajou contrastaient avec les couleurs froides de Serpentard. Il s’arrêta un moment pour jeter un coup d’œil à la carte. Personne. C’était trop facile.
Il se dirigea vers les effets de Malfoy et regarda sur les étagères si il trouvait ce qu’il cherchait, bien qu’il se doutait qu’un tel objet ne serrait pas posé là. James avait décrit une petite boîte, il avait aussi sur lui un minuscule éclat de cristal, censé remplacer l’extrait de pouvoir. Il se dirigea vers la malle et l’ouvrit délicatement. Les affaires étaient pliées soigneusement et rangées à la perfection. Il ne fut pas étonné de trouver des livres de magie noire. Il essaya de bouger les choses en les remettant ensuite à leur place exacte. Son attention fut attirée par une petite bourse en velours vert, il l’ouvrit pour y découvrir une petite boîte. L’extrait. Il l’avait enfin. C’était un très petit éclat de cristal, anodin, semblable au sien, pas plus gros qu’une puce. Le préfet ne verrait pas la différence, il procéda donc à l’échange, puis remit chaque chose à leur place.
Il se dépêcha ensuite de sortir de la chambre et jeta un œil à la carte, il vit avec inquiétude que le match était fini et que les élèves rentraient au château. Il remit la cape d’invisibilité que lui avait prêté le directeur et se dirigea vers la sortie rapidement, les élèves se rapprochaient vite. Il arriva à la porte lorsque celle-ci s’ouvrit en grand, laissant entrer Lucius furieux suivi de Severus, Rodolphus, Bellatrix et les autres, qui blâmaient « cet abruti d’attrapeur qui regretterait d’être né ». Franck se plaqua contre le mur et laissa le flot d’élèves mécontents entrer avant de s’infiltrer doucement entre deux élèves qui se retournèrent interloqués, ayant senti quelque chose.

Soulagé était le mot. Soulagé d’être sorti sans s’être fait remarquer et aussi d’avoir appris que Gryffondor était sorti vainqueur de ce match. Il arriva dans le couloir qui menait au bureau du directeur et profita d’une salle vide pour enlever sa cape. Il se dirigea ensuite vers le bureau et tomba presque nez à nez avec Dumbledore qui lui sourit malicieusement.

***

Franck entra dans la tour Gryffondor et ressentit toute l’effervescence, la joie que ses camarades ressentaient et qui organisaient une fête improvisée. Il se dirigea vers la chambre de James. Rémus, Peter et Sirius étaient en train de rigoler sur un des lits et sourirent en voyant Franck.
« Mission accomplie ? » demanda Sirius.
« Mission accomplie… Où est James ? »
« Sous la douche », répondit Peter.
« Où est la puce ? » s’enquit Rémus.
« Je n’ai pas le droit de le dire », dit Franck mystérieusement. « Ordre du chef ! » plaisanta-t-il.
« OK », rigola le préfet.
« Rémus, il faut que tu m’aides ! » s’exclama Lily en entrant dans la chambre sans frapper.
« A quel sujet ? » s’étonna-t-il.
« Eléa ne veut pas venir ce soir », dit-elle exaspérée.
« Quelle tête de mule ! » soupira-t-il en se levant.
« A qui le dis-tu ! Elle est dans notre salle commune.»
« Ok, j’y vais. Je vous laisse organiser le reste. »[/i]

***

Poudlard, vendredi 13 juin 1997


La fête se déroulait contre toute attente plutôt bien et les animosités entre Maisons n’étaient presque pas perceptibles bien qu’Hermione était sûre que cet état de fait ne devait être dû qu’à la victoire des Serpentards au match. Elle était persuadée que si ces derniers avaient perdu, ils auraient mené la vie dure aux Gryffondors, gâchant en même temps la fête. Les Professeurs dînaient sur une table un peu à l’écart et l’ambiance champêtre du repas n’était pas pour déplaire à Hermione car il lui rappelait des repas de son enfance pris dans le jardin quand elle vivait encore dans le monde des Moldus. Hagrid avait fait venir de Pré-au-Lard un groupe de musiciens qui jouaient différents styles de musique avec un enthousiasme certain. Elle avait observé un moment les Professeurs et plus particulièrement Dumbledore et ce dernier avait dû se sentir épié puisqu’il avait soudainement tourné la tête vers elle avant de lui sourire affectueusement. Elle avait esquissé un timide sourire puis avait retourné son attention vers son assiette et avait croisé le regard d’Harry qui lui avait à son tour adressé un large sourire.

Plus tard, les tables et les chaises avaient été mises à l’écart par magie par le Professeur Dumbledore lui-même et les élèves s’étaient mis à danser en riant commençant réellement à s’amuser. Hermione avait réussi à s’éclipser pour rejoindre Draco, caché derrière un gros arbre, à la limite de la barrière magique délimitant le périmètre de sécurité.
-Ca me tue de ne pas pouvoir danser avec toi, manger avec toi, rire avec toi…, déclara Draco entre deux baisers.
-Moi aussi, répondit Hermione avant de se dégager un peu de son étreinte.
Il la regarda d’un air interrogatif et elle soupira, s’inclinant contre l’arbre.
-Qu’est-ce qui s’est passé pendant le match, Draco ? demanda-t-elle tout à coup.
-Quoi ? Comment ça ? On a gagné ! s’exclama-t-il avec un air supérieur en riant à moitié.
-Comment ? insista-t-elle. Tu as été le seul à voler vers le Vif d’Or. Harry et Ginny semblaient pétrifiés, qu’est-ce qui s’est passé là-haut ?
Draco soupira et décida de lui raconter en détail ce qui avait échappé aux spectateurs.
-Tu as aidé Ginny ? Tu as vraiment aidé Ginny ?! hallucina Hermione.
-Pur réflexe, quand tu vois un obstacle devant toi, tu t’écartes ! se défendit Draco.
-Mais tu as dit à Harry de faire attention lui aussi, tu as aidé Ginny, Draco ! Tu l’as empêchée de se prendre Harry de plein fouet !
-Cet imbécile obnubilé uniquement par le Vif d’Or aurait été capable de faire annuler le match si un accident s’était produit !
-Pourquoi est-ce que tu ne veux pas admettre que tu as fait quelque chose de bien ? C’est si difficile pour un Serpentard de reconnaître qu’il a bien agi ?! Le Mal est inscrit dans vos gènes ou quoi ?! A moins qu’il ne soit inscrit dans les gènes des Malfoy et là, ce serait moins étonnant…, marmonna Hermione, réellement agacée.
-C’est bon, tu as fini ? s’amusa Draco, décidé à ne pas admettre qu’il avait pu aider Potter ou la cadette des Weasley.

Elle croisa ses bras sur sa poitrine avec une moue boudeuse et il la prit dans ses bras en riant dans ses cheveux. Et alors qu’elle avait laissé tomber sa mauvaise humeur et son agacement vis-à-vis de son Serpentard de petit ami qui l’énervait tellement parfois, ils avaient recommencé à s’embrasser, peu attentifs à Parvati et Lavande qui les observaient avant de s’éloigner en pouffant.

Hermione rejoignit finalement le cœur de la fête pendant que Draco reprenait ses esprits près du grand chêne avant de lui aussi rejoindre ses amis. Elle observa un instant avec un petit sourire Ron et Luna en train de danser, puis elle vit Harry inviter Hannah qui accepta en prenant la main que le Gryffondor lui tendait. Elle fut bousculée par un Serpentard dont elle ignorait le nom qui ne s’excusa pas mais lui lança un regard soutenu avec un rictus en coin. Neville s’approcha finalement d’elle et se mit à bafouiller en rougissant légèrement.
-Hermione, tu veux… euh, danser avec moi ?
-Hein ? Oui, bien sûr Neville ! répondit-elle détournant son regard du malotru pour adresser un large sourire à son camarade et le suivre au milieu de la piste de danse improvisée.

Draco lui jeta un regard d’abord surpris avant d’esquisser un sourire amusé, se moquant sans retenue du Gryffondor alors qu’Hermione leva les yeux au ciel, évitant de le regarder pour ne pas éclater de rire. La balade se termina, Neville la remercia maladroitement et elle osa aller s’asseoir près de Ginny, assise seule mais non loin de Gryffondors en grande discussion.
-Comment va ta cheville ? tenta-t-elle en s’asseyant à côté de la rouquine.
-Ca va, répondit d’une manière laconique Ginny en haussant les épaules.
Elles restèrent un instant silencieuses, visiblement mal à l’aise quand Hermione entendit qu’on l’interpellait.
-Hey Granger ! s’exclama Dean Thomas sous les rires de ses camarades. Là, c’est le coin des Gryffondors et là-bas, celui des Serpentards ! Tu as fait ton choix ??
-C’est quoi son problème…, marmonna Hermione en fronçant les sourcils ignorant l’ex-petit ami de Ginny volontairement.
-Parvati et Lavande vous ont surpris Malfoy et toi ce soir…, expliqua tout à coup Ginny d’un air détaché comme si elle relatait une de ses journées ennuyeuses. Je crois que d’ici lundi, toute l’école sera au courant pour vous deux…
-Quoi ? Mais elles n’ont pas pu… enfin je veux dire…, balbutia Hermione sous le choc de la révélation.
-Ca t’ennuie ? Je n’ai pas honte de mon petit ami moi…, continua Ginny en regardant cette fois Hermione dans les yeux avec un air de défi.
-Je vais être punie encore combien de temps Gin’ ?! s’énerva finalement la jeune sorcière. Je sais que j’ai fait une erreur, je sais que j’aurais dû te le dire, je regrette profondément, sincèrement et tout ce que tu veux ! Rien de ce que je pourrais faire maintenant ne pourra changer ce qui s’est passé ! Je te croyais mon amie, ma meilleure amie et j’ai vraiment besoin de ma meilleure amie en ce moment pour faire face à toute cette… toute cette chiotte ! criait maintenant Hermione qui s’était levée désignant les élèves présents à la fête dont elle avait remarqué qu’ils parlaient d’elle dans son dos depuis un bon moment maintenant. Et merde…, termina-t-elle dans un souffle, retenant ses larmes avant de courir en direction du château.
-Qu’est-ce qui se passe ? demanda Harry qui regarda s’éloigner Hermione en fronçant les sourcils alors qu’il venait de rejoindre Ginny en compagnie de Ron et Luna.
-Parvati et Lavande ont surpris Hermione et Malfoy ensemble…, répéta Ginny en soupirant.
-Oh…, lâcha Harry avec une petite grimace.
-Ouch, pas bon ça, ajouta Ron avec le même air.
-Vous croyez qu’il reste de la tarte au pomme ? Ron, tu veux pas aller voir s’il reste de la tarte au pomme ? demanda Luna alors que les trois autres lui jetèrent un regard navré.
-Quoi ? Vous en voulez aussi ? Vous dérangez pas, j’y vais ! s’exclama la blondinette tandis que Ron soupira en secouant la tête tout en s’asseyant à côté de sa sœur.

***

-Hey Malfoy ! Ta petite amie a l’air plutôt fâché ! s’exclama Blaise Zabini alors que Draco se retourna pour voir Hermione courir en direction du château.
-C’est vrai alors ? demanda finalement Pansy Parkinson fixant Draco avec un regard mauvais.
-Quoi ? demanda innocemment Draco bien qu’il se doutait de la teneur de la question de Pansy, lourde de sous-entendus.
-Granger et toi, Draco ! Vous êtes réellement ensemble ? Tout le monde ne parle que de ça depuis une demi-heure ! cracha Pansy avec amertume.
-C’est vrai, avoua Draco soutenant le regard de la brunette. Ca pose un problème ? demanda-t-il avec un regard dur balayant l’assistance autour de lui.
Goyle et Crabbe secouèrent la tête en signe de négation tandis que Pansy s’était renfrognée et que Blaise lâcha un petit rire.
-Ca explique pas mal de choses en fait, déclara Blaise. On comprend mieux pourquoi Crabbe et Goyle ont passé quelques nuits dans notre chambre sur des matelas ! Alors, c’est un bon coup dis-moi ? Tu as pris ton pied au moins j’espère !
-Ta gueule Zabini, déclara dangereusement Draco, la voix basse. C’est de ma petite amie dont tu parles je te signale…
-Ooooouuuuuuh, désolé, vieux ! Je ne savais pas que tu étais porté sur les Sang de Bourbe dernièrement ! Elle a du potentiel je dois l’avouer et les arguments placés au bon endroit si tu vois ce que je veux dire, siffla de manière provocante Blaise.
Draco posa brutalement son verre sur la table faisant sursauter Crabbe et Pansy.
-Je t’ai dit de la fermer Zabini ! dit-il élevant la voix alors que les Serpentards autour de lui s’étaient figés.
-C’est bon Malfoy, calme-toi…, soupira Blaise. Je me fous de ta vie sentimentale et sexuelle, tu fais ce que tu veux après tout. Reste juste à assumer…
-Est-ce que ça pose un problème à quelqu’un ? réitéra Draco qui s’était levé scannant les visages fermés dont certains étaient littéralement apeurés.
Des hochements de tête lui répondirent tandis que Blaise baissa les bras en levant les yeux au ciel.
-Bien, répondit-il avant de se diriger d’un pas assuré et rapide en direction du château.

Il trouva Hermione en pleurs, assise sur la première marche du Grand Escalier, qui s’élança dans ses bras dès qu’elle l’aperçut. Elle savait qu’une telle chose finirait par se produire un jour ou l’autre. Elle ne l’avait cependant jamais envisagée, imaginée et mise en scène dans son imaginaire pourtant fertile. Elle savait qu’elle surmonterait les regards, les sous-entendus, les murmures, les moqueries et certainement les insultes qui suivraient cette révélation. Mais elle ne savait pas comment elle allait réagir en se retrouvant face à ses soit-disant amies, Parvati et Lavande, dont elle partageait la chambre, et c’est ce qui lui faisait le plus peur.
-Pleure pas bébé…, lui murmura Draco en caressant ses cheveux.
-Mais tu ne les entends pas, ce qu’ils disent ?! hoqueta Hermione toujours en pleurs.
-Et alors ! Laisse-les parler ! On s’en fout bébé ! rétorqua Draco s’efforçant d’essuyer ses larmes sur ses joues avec ses pouces avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres.
-Tu pleures pourquoi au juste Hermione ? reprit-il alors qu’elle semblait se calmer. Tes amis sont déjà au courant, pas de grosse révélation pour eux, ils ont déjà eu le coup de massue. Mes amis ? C’est réglé ! Alors quoi ?
-Comment ça c’est réglé ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
-Ils ne t’ennuieront pas, répondit Draco fermement. Les autres ? Dont certains dont je ne connais même pas le nom ? Tu ne peux pas savoir à quel point je m’en fous !
-J’ai l’habitude remarque…, marmonna-t-elle en haussant les épaules.
-De quoi ?
-En tant que Sang de Bourbe, j’ai eu mon lot de moqueries et d’insultes…, expliqua-t-elle la tête baissée.
Draco soupira, il n’aimait pas qu’elle lui rappelle ce qu’il avait été, ce qu’il avait fait et dit vis-à-vis d’elle il y a encore peu. Il avait été de ceux qui s’étaient moqués d’elle et qui l’avaient insultée, et il détestait qu’elle lui renvoie, comme un boomerang en plein visage, ces années où la haine avait été son quotidien.
-Je t’aime, d’accord ? se sent-il obligé de dire tenant toujours son visage entre ses mains et la forçant à le regarder dans les yeux.
Elle acquiesça et il l’embrassa à nouveau sur les lèvres.
-Ok, on y retourne…, déclara-t-il d’un air décidé.
-Quoi ? Non, je n’y retourne pas Draco, c’est hors de question !
-Il le faut, sinon, ça voudra dire qu’ils auront gagné bébé, qu’ils auront réussi à te faire du mal…
-Je m’en fous, je ne veux pas y retourner Draco, c’est trop dur…
- Il le faut ! répéta Draco avec véhémence. Tu ne veux pas leur donner cette satisfaction, n’est-ce pas ? Tu es plus forte que ça Hermione nom de Dieu ! Tu es une putain de Gryffondor par Merlin ! Je te croyais plus courageuse que ça !
-Pas la peine de jurer…, déclara-t-elle les dents serrées. T’as raté ta répartition toi visiblement par contre… On se demande lequel de nous deux aurait plus sa place chez les Gryffondors…, soupira-t-elle et il sourit en voyant qu’elle avait à nouveau cette flamme dans ses yeux.
-On y va, déclara-t-il prenant sa main.
-Je ne veux pas dormir dans la même chambre que ces deux connes ce soir, Draco, déclara Hermione tandis qu’ils redescendaient à la fête main dans la main. Arrange-toi pour que je puisse dormir avec toi.
-Pas de problème, répondit le Serpentard en lui lançant un regard en coin amusé. Et tu te demandes lequel de nous deux a raté sa répartition ?!

Tous les regards se dirigèrent vers le couple qui était revenu d’un air digne à la fête. Ron faillit s’étouffer avec son jus de citrouille en les voyant enlacés tandis qu’Harry se contentait de les observer et de visiblement admirer leur courage. Draco entraîna Hermione sur la piste de danse, savourant enfin le bonheur simple de pouvoir danser avec celle qu’il aimait sans avoir besoin de se cacher.

-Vous croyez que Malfoy m’accorderait la prochaine ? demanda soudainement Luna et cette fois-ci Ron s’étouffa réellement en toussant bruyamment tout en essayant de reprendre sa respiration.

***

Elle ne quitta pratiquement pas la chambre de Draco du week-end, ce qui ne déplut pas au Serpentard pour tout avouer. Elle se risqua le samedi midi à monter jusqu’à sa chambre pour y chercher ses devoirs à faire et elle fut soulagée de n’y croiser que des Gryffondors de première et deuxième années qui ne la regardèrent même pas. Draco se fichait bien des regards et des murmures sur son passage et était monté déjeuner, comme d’habitude, de son pas traînant avec un magazine à feuilleter pendant le repas pour ne pas avoir à écouter les plaintes de Pansy et les débilités de Crabbe et Goyle. Hermione était allée déjeuner après tout le monde, en début d’après-midi, seule, à la table des Gryffondors, et Lupin lui avait tenu un instant compagnie, étonné de la voir seule et quelque peu mélancolique.

Le dimanche, Draco lui avait ramené de quoi prendre un brunch digne de ce nom directement dans sa chambre, ou désormais plutôt leur chambre, et ils avaient étudié sérieusement avant de sortir faire un tour dans le parc. Draco avait insisté pour qu’ils se montrent ensemble, arguant du fait qu’ils ne pourraient de toute manière pas faire autrement dès lundi avec la reprise des cours. Elle lui avait demandé de ne pas se montrer trop démonstratif en public dans un premier temps pour qu’elle s’habitue à cette nouvelle configuration et il avait accepté un peu à contrecœur.

Le début de la semaine se déroula plutôt bien et dans le calme. Ils étaient arrivés ensemble le lundi matin au cours de Potions mais elle avait lâché la main de Draco dès qu’ils étaient entrés dans la salle de cours pour rejoindre Harry et Ron. Ses amis s’étaient montrés plutôt amicaux et Harry lui avait même avoué qu’elle lui avait manqué durant ce week-end. Cette déclaration l’avait comblée de joie et elle n’avait pu s’empêcher de sourire de toute la matinée du lundi, même quand Snape leur avait donné une montagne de devoirs à faire pour la semaine prochaine.

Il y avait bien sûr les regards, les murmures inévitables et les réprobations exprimées ouvertement mais elle préférait les ignorer et avait même pris le parti d’oublier le comportement immature de ses camarades de chambre. Elles avaient été visiblement et de toute évidence gênées de se retrouver le lundi soir dans le dortoir. Parvati et Lavande ne lui avaient pas adressé la parole et elle avait préféré s’isoler dans son lit, fermant les rideaux pour avoir un semblant d’intimité, avec de la lecture et Pattenrond blotti contre elle. Elle les avait cependant entendues parler alors qu’il était assez tard et n’avait pu s’empêcher de laisser couler ses larmes en comprenant que sa relation avec Draco n’était pas acceptée de la part des Gryffondors et ne le serait probablement jamais. Ses deux camarades devaient sûrement penser qu’elle était endormie et elle avait été véritablement blessée d’entendre des propos durs à son encontre et vis-à-vis de Draco. Elle s’était endormie avec encore des larmes dans les yeux et s’était empressée de raconter tout le lendemain à Draco qui lui avait ordonné de passer la nuit de mardi à mercredi avec lui plutôt que de penser qu’elle pleurerait encore seule loin de lui.

Plus rien ne pouvait désormais l’atteindre et elle se sentait plus légère depuis qu’elle n’avait plus de secret à cacher à quiconque. Elle savait que Draco l’aimait, elle savait qu’Harry l’aimait et c’est ce qui était le plus important pour elle. Ron lui avait assuré de son amitié également et l’avait rassurée vis-à-vis de Ginny, lui expliquant qu’il fallait qu’elle lui laisse du temps, sa sœur étant bornée et rancunière. Elle s’endormit sereine dans les bras de Draco le mardi soir avec un sourire sur les lèvres en pensant à son rendez-vous programmé pour le lendemain avec Eléa.

***

Poudlard, juin 1978

Elle se dirigea vers la tour Gryffondor. Rémus et Lily avaient insisté pour qu’elle vienne fêter la victoire de l’équipe pour la coupe de Quidditch, elle avait hésité et finalement accepté. C’était ça ou rester avec les Serpentards qui broyaient du noir, ou même rester dans sa chambre, seule.
Elle avait fait un passage rapide par la salle de bain et s’était changée d’un coup de baguette magique. Elle aimait changer de tenue dans la journée, surtout pour une fête. Elle avait enlevé son corset pour mettre une robe plus légère dans laquelle elle se sentirait plus à l’aise pour danser, elle avait opté pour une jolie robe blanche style empire, qui lui arrivait au-dessus du genou et des ballerines blanches dont les rubans s’attachaient sur ses chevilles. Ses longs cheveux noirs ondulés lui tombaient jusque dans les reins.
Elle s’approchait du tableau lorsqu’il s’ouvrit de lui-même, laissant sortir des mélodies d’une gigue irlandaise jouée à la flûte, accentuée par les battements de mains, et de pieds. Elle entra, un sourire aux lèvres, la musique celtique lui donnait toujours envie de sourire, et elle vit un spectacle qu’elle n’avait pas eu l’occasion de voir souvent. Les meubles de la salle étaient tous contre les murs, une des tables d’étude était au centre de la pièce remplie de friandises, de bière-au-beurre et d’autres boissons sûrement prohibées par le règlement. Deux élèves jouaient de la flûte, debout sur la table, et le reste des élèves dansaient autour de la table dans une gigue effrénée. Elle sentit une main la saisir et fut entraînée dans le tourbillon d’élèves qui dansaient et riaient aux éclats.
Après un bon quart d’heure à ce rythme-là, les musiciens cessèrent de jouer et les danseurs reprirent leur souffle. Eléa et Lily avaient un point de côté mais elles en riaient et décidèrent de se rafraîchir avec une bonne bière-au-beurre. Elles rejoignirent les garçons qui apparemment n’en étaient pas à leur première et qui faisaient les pitres en s’esclaffant.
La soirée se poursuivit, alternant danses, tournées générales et discussions enflammées, sûrement par l’alcool. Elle ne regrettait pas d’être venue finalement, cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas autant amusée.
« D’où vous sortez tout cet alcool ? » demanda Eléa étonnée.
« On a fait une descente en début de semaine », expliqua Peter.
« Vous étiez si sûrs de gagner ? »
« Oui… », dit James, un sourire en coin, « mais sinon on aurait gardé tout ça pour fêter la fin des exams… whisky ? »
« Ah oui je veux bien ! » Elle tendit son verre que James remplit de whisky de feu.
« Tu as une sacré descente quand même ! » admira Peter.
« Oui et elle devrait être plus sérieuse ! » dit Lily en levant les yeux au ciel.
« Une petite danse ? » Rémus tendit sa main à Eléa.
« Avec plaisir ! »

Elle dansa donc avec le préfet qui se dit ravi qu’elle se soit joint à eux et en profitèrent pour discuter un peu. Eléa avait la tête qui lui tournait et se sentait un peu gaie, elle avait en effet une bonne descente, mais il était temps pour elle de continuer au jus de citrouille. Après sa danse, elle se dirigea vers la table pour se servir un verre, elle allait attraper la carafe lorsqu’une main la devança.
« Je te sers un verre ? »
Sirius était devant elle, le regard charmeur, un sourire aux lèvres. Le cœur d’Eléa bondit dans sa poitrine lorsqu’elle vit le jeune homme.
« Je veux bien oui », répondit-elle timidement.
« Assez d’alcool pour ce soir ? » s’amusa-t-il.
« Oui, je crois que c’est plus sérieux. »
Ils se regardèrent un moment en silence, Eléa avait presque oublié les autres élèves autour d’eux.
« Tu ressembles à un ange ce soir », dit-il en se rapprochant d’elle, « tu m’accordes cette danse ? »

Elle acquiesça alors que les flûtes reprirent de plus belle sur un rythme doux et lancinant. Il la serra contre lui, une main sur ses reins, sans la quitter des yeux. Eléa posa sa tête sur son épaule alors qu’il se perdait dans ses cheveux.
« Tu me manques », murmura-t-il.
« Tu me manques aussi », répondit-elle alors qu’il la serrait encore plus fort.
Il se recula un peu, la regarda dans les yeux et frôla ses lèvres de son index, puis y déposa un baiser, puis un autre plus profond. Ils se retirèrent dans un coin plus sombre de la pièce, sous le regard complice de Lily, et Eléa remarqua que James et Rémus n’étaient pas ravis de les voir ensemble. Cela lui était égal, Sirius, plus entreprenant, la prit dans ses bras et lui caressa le dos, puis descendit plus bas, tout en lui mordillant le cou.
« J’ai envie de toi », lui susurra-t-il. « On monte ? »

Elle n’eut même pas à répondre, il la prit par la main et ils entreprirent de monter les escaliers. Il n’était pas évident de monter des escaliers en colimaçon tout en s’embrassant, mais avec l’alcool c’était pire. Eléa rata une marche et elle tomba, emportant Sirius avec elle. Ils éclatèrent de rire, Sirius écarta les jambes de sa compagne et s’y installa, remontant sa robe, embrassant son ventre, jouant de sa langue autour de son nombril. Eléa, qui se perdait sous ses caresses, reprit ses esprits et se releva tant bien que mal pour atteindre la chambre de Sirius. Une fois dedans, Sirius insonorisa la pièce alors qu’Eléa lui retirait sa chemise, elle lécha son torse et mordilla ses mamelons qu’elle sentit durcir, tout comme une autre partie de son anatomie qu’elle entreprit de caresser à travers le pantalon. Il lui enleva sa robe en une fraction de seconde et l’embrassa sur la bouche, dans le cou, tout en parcourant de ses mains pressées tout son corps. Elle n’en pouvait plus d’attendre, elle n’avait pas envie de préliminaires, elle le voulait là, maintenant. Elle s’assit sur le lit et l’aida à enlever son pantalon, libérant ainsi son sexe gonflé qu’elle caressa, le lécha de tout son long, s’attardant sur son extrémité sous les gémissement de son partenaire. Elle arrêta ses caresses pour s’allonger, il s’installa entre ses cuisses et la pénétra d’un seul mouvement, alors qu’elle se mordit la lèvre de plaisir. Il commença son mouvement de va et vient, caressant sa poitrine, la regardant se tordre de plaisir sous ses assauts. Elle lui caressa les cheveux puis d’une étreinte le ramena plus près d’elle, le faisant aller plus loin en elle en gémissant. Il accéléra son mouvement, la faisant crier de plus en plus fort puis dans un dernier coup de rein il se répandit en elle tout en criant son nom alors qu’elle jouissait aussi. Ils restèrent dans les bras l’un de l’autre un petit moment, reprenant leurs esprits, leurs souffles, savourant ce moment d’intimité intense. Puis il se retira, s’allongea près d’elle en la prenant dans ses bras et lui caressa les cheveux tout en s’endormant.

***

Little Hangleton, mercredi 18 juin 1997

Lucius s’agenouilla devant le Seigneur des Ténèbres avant de se relever d’un air digne pour faire face à son Maître.
-Alors ? s’enquit Voldemort.
-Elle lui dira, Maître, aucun doute là-dessus. Eléa ne pourra pas faire autrement que lui dire, déclara Lucius avec un air satisfait.
-Bien, acquiesça Voldemort avec un sourire machiavélique au coin de ses lèvres.

***

La Cabane Hurlante, mercredi 18 juin 1997

Hermione était arrivée bien en avance à son rendez-vous et en attendant Eléa, elle s’entraînait à transformer du bois en acier mais elle avait du mal à se concentrer. Elle avait également occupé son temps d’attente à remettre d’aplomb la chaise qu’Eléa avait réduite en miette lors de leur dernière rencontre. Et elle tentait à présent de la changer en aluminium avec un succès tout relatif alors que deux des pieds de la chaise semblaient être en cuivre ce qui la fit tout à coup rire dans le silence de la vieille cabane.

-La transformation des métaux n’est pas un cours de septième année ? demanda une voix derrière elle et Hermione se retourna avant de se lever et sourire à Eléa qui venait d’entrer dans la pièce.
-On a commencé un petit peu il y a deux semaines mais le plus gros sera pour l’année prochaine, c’est vrai, répondit la jeune sorcière observant Eléa retirer sa cape et dévoiler une robe noire plutôt près du corps.
Elle était d’une beauté à couper le souffle et ses longs cheveux de jais lâchés dans son dos ajoutaient à l’allure sombre qu’elle avait ce soir. Seuls ses yeux bleus lui donnaient une touche lumineuse des plus délicieuses, accentuant son côté mystique et mystérieux.
-Bonsoir, déclara finalement Eléa s’approchant d’Hermione.
-Bonsoir, répondit Hermione venant à la rencontre de sa mère qui la prit dans ses bras.
Elles s’embrassèrent naturellement et Hermione fut plutôt soulagée de voir qu’elle n’était plus gênée par les marques d’affection d’Eléa et qu’elle lui en témoignait en retour sans aucune retenue non plus. D’un geste souple de sa baguette magique, Eléa transforma la chaise réparée en aluminium sous le regard médusé d’Hermione qui s’y assit sans dire un mot.
-Je te montrerai, lui promit Eléa avec un clin d’œil en s’asseyant en face d’elle.
-Je me demande si le professeur Snape est au courant que l’année se termine dans deux semaines, commença Hermione en soupirant. Il nous a donné une dissertation à faire et des herbes à aller chercher pour une Potion qu’on réalisera lundi prochain !
-Quelles herbes ? demanda Eléa. Je pourrais te les faire porter si tu veux.
-Non, ça va aller. J’ai déjà chargé quelqu’un pour cette mission !
-Draco ? suggéra Eléa avec un sourire en coin.
Hermione fut surprise et se demanda comment Eléa pouvait bien connaître le prénom de son petit ami puisqu’elle était sûre de ne lui avoir jamais mentionné, puis elle se rappela des lettres et ne put s’empêcher de sourire à son tour.
-Oui, Draco. Tu as lu les lettres alors ?
-Tu ne croyais tout de même pas que j’allais les regarder et les admirer sans les lire ! se mit à rire Eléa avant de redevenir sérieuse. Oui, je les ai lues Hermione et elles m’ont émues… Draco Malfoy alors ?
Hermione haussa les épaules en baissant les yeux avant de lui demander, légèrement embarrassée :
-Tu es déçue ?
-Déçue ? Pourquoi serais-je déçue ? demanda Eléa, surprise.
-Je ne sais pas… Tu dois certainement connaître son père, et puis bon, c’est un Malfoy, un Serpentard et tu aurais peut-être préféré que ce ne soit pas lui compte tenu des circonstances…
-Je ne le connais pas Hermione, mais je suis sûre que si tu l’as choisi, c’est qu’il doit être un charmant jeune homme, répondit Eléa pensant à Lucius et se retenant de lui faire des comparaisons familiales et d’autres commentaires plus sarcastiques.
-Ca n’a pas toujours été facile tu sais…, reprit Hermione le regard dans le vide en repensant au passé. Il m’a en fait détestée durant nos cinq premières années à Poudlard, il m’insultait, il était vraiment odieux…
-Pourquoi ?
-Parce que je n’étais qu’une Sang de Bourbe à ses yeux qui ne méritait pas de faire ses études à Poudlard et qui ne méritait peut-être même pas de vivre…
Eléa se sentit un peu mal à l’aise en entendant ces explications qui lui rappelaient ses jeunes années et le visage de Lily lui apparut. Elle fronça les sourcils en réalisant soudainement un fait important.
-Il a changé vis-à-vis de toi quand il a appris que tu n’étais finalement pas une Sang de-, une Moldue ? se reprit-elle avec un regard dur. Parce qu’Hermione, si il est avec toi pour de mauvaises raisons, pour ta filiation, alors il ne mérite pas-
-Non ! la coupa Hermione. Il m’aimait déjà avant de savoir tout ça… Je te le jure, dit-elle voyant le regard sceptique d’Eléa. Je n’aurais jamais accepté de faire quoi que ce soit avec lui si je savais qu’il voulait de moi uniquement parce que j’aurais été différente à ses yeux !
-D’accord…, murmura Eléa avant de changer de sujet de conversation. Qui a gagné le match de Quidditch ?
-Les Serpentards…, marmonna Hermione avec un sourire en coin et Eléa ne put s’empêcher d’éclater de rire. Déçue ?
-Oui ! Qu’est-ce que tu crois ?! Je supporte les Gryffondors, c’est ma Maison et mon équipe ! s’exclama Hermione sur la défensive.
-Oui, bien sûr…, railla Eléa.
-Tu peux rire, je ne ris pas tous les jours moi… Ma meilleure amie ne m’adresse plus la parole. Les filles qui partagent ma chambre et dont je pensais qu’elles étaient également des amies n’ont rien trouvé de mieux en nous surprenant Draco et moi que d’aller propager la nouvelle dans toute l’école. Résultat, les Gryffondors me détestent, les Serpentards me détestent et je dois supporter à longueur de journée les regards lourds et réprobateurs, sans compter les remarques désobligeantes quand elles ne sont pas des insultes…, déclara Hermione vidant finalement son sac.
-Et Harry ? Tu ne m’as pas parlé d’Harry…
-Il va bien. Ca va mieux entre nous, c’est déjà ça…, déclara Hermione en haussant les épaules.
-Ta meilleure amie n’est même digne d’être ton amie, Hermione, si elle a réagi de cette manière et qu’elle refuse de te parler…
-Elle a ses raisons, je lui ai menti et elle n’a pas complètement tort et puis je ne peux pas la détester, je l’aime trop pour ça ; et elle est la petite amie d’Harry, expliqua Hermione et Eléa soupira en rejetant ses cheveux en arrière.
-Et moi qui pensais avoir une vie compliquée…, marmonna-t-elle se retenant de rire en voyant le regard perdu d’Hermione. Résumons, tu veux bien… Tu as un petit ami qui t’aime, un frère qui de toute évidence semble enfin t’accepter et t’aimer lui aussi. Ta meilleure amie n’aura pas d’autre choix que de revenir vers toi si je comprends bien la situation… Les cours se terminent dans deux semaines et tu réussis brillamment tes études, ce qui me rend très fière de toi, je ne te l’avais jamais dit et je tenais à ce que tu le saches… Les autres qui ne semblent être que de sombres abrutis dans cette école ne méritent pas le moindre regard de ta part et je veux que tu marches dans les couloirs de cette fichue école la tête haute parce que tu es ma fille ! s’enflamma Eléa ayant parfaitement synthétiser le problème avant d’ajouter voyant la mine déconfite de sa fille : C’est vrai, Hermione, on s’en fout des autres, non ?
Hermione regarda Eléa d’un air blasé et désabusé avant d’acquiescer lentement.
-C’est toi qui as raison, de toute évidence…, reconnut-elle avant d’ajouter : Tu sais quoi ? Je suis sûre que tu t’entendrais à merveille avec Draco…
Eléa ne put cette fois-ci s’empêcher d’éclater de rire à nouveau.

-On a fait la photo de la promo aussi il a quelques jours, reprit Hermione. Le professeur Lupin m’avait donné celle de ta promo tu sais, pour que je l’offre à Harry pour Noël parce que ses parents étaient dessus… Et puis bon, je me suis aperçue que tu étais dessus aussi par la suite…
-Ah, ce cher Rémus, toujours le cœur sur la main à ce que je vois ! s’exclama Eléa de manière sarcastique.
-Je l’aime beaucoup, il a toujours été gentil avec moi.
-Rémus a toujours été gentil avec tout le monde, Hermione, même avec moi… C’est quelqu’un de bien, avoua-t-elle finalement.
-Eléa ? reprit Hermione après qu’un ange sembla passer dans la cabane à l’abandon.
-Mmm…
-Je… je ne ressemble pas beaucoup à James, pas vraiment en fait… Je veux dire, je n’ai rien trouvé en moi qui vienne de lui, à part peut-être la couleur de mes yeux, noisette, comme les siens…, déclara Hermione en fronçant les sourcils.
-Tu as peut-être les yeux noisettes comme James, Hermione, mais tu n’as certainement pas son regard ! Tu ressembles beaucoup à ta grand-mère tu sais… Quant à James… C’est vraiment important ? Franchement, James, tu peux te passer d’avoir quelque chose de lui !
Hermione lui jeta un regard choqué et Eléa soupira en levant les yeux au ciel.
-Je suis désolée… Approche, dit-elle en sortant une longue chaîne en or de dessous sa robe.
Hermione s’exécuta et rapprocha sa chaise de façon à se retrouver face à Eléa qui ouvrit le médaillon ovale qu’elle portait toujours autour de son cou.
-Regarde…
Hermione prit le médaillon dans sa main et observa un instant le visage souriant de sa grand-mère.
-Elle est belle…, murmura-t-elle avec émotion alors qu’Eléa ne pouvait détacher son regard de sa fille, repoussant délicatement et avec tendresse une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Tu trouves vraiment que je lui ressemble ? reprit la jeune sorcière. Elle a les yeux marrons aussi… Même si je lui ressemble beaucoup et que j’ai son regard, je t’en prie, laisse-moi au moins croire que j’ai hérité un petit quelque chose de mon père, au moins la couleur de ses yeux…, murmura Hermione, et Eléa acquiesça lentement, en silence, avec un petit sourire triste en refermant son médaillon.
-Hermione, commença Eléa prenant la main de sa fille dans les siennes. Il y a quelque chose d’important qu’il faut que je te dise… Je n’en ai pas le droit, je ne sais pas s’Il le saura mais il faut que tu le saches…
-Quoi ? demanda Hermione tout à coup inquiète par le ton grave d’Eléa.
-Voldemort… Il va attaquer Poudlard, Hermione, lâcha-t-elle enfin.
-Quoi ??? Quand ? demanda Hermione qui avait sursauté et qui s’était dégagée d’Eléa.
-A la fin du mois, le dernier jour d’école, quand tout le monde sera prêt à rentrer chez lui, il va attaquer Poudlard.
-Harry…, souffla Hermione. Il va vouloir tuer Harry!
-Hermione, je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit… Tu pourrais venir avec moi, me rejoindre, je pourrais te protéger comme ça !
-Je ne sais pas… Et Harry Eléa ?!! Tu trahis ton camp ? Tu nous aides… Pourquoi tu fais ça ? Il te tuera s’il le sait !
-Je le fais pour toi, je t’aime, je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose et je veux te protéger… On pourrait s’enfuir, avec Harry, avec Draco si tu veux !
-C’est insensé ce que tu dis… Il… il faut que je rentre…, déclara Hermione en se levant, désorientée.
-Hermione… Je devais te le dire, je veux te protéger tu sais…
-Je sais. Pourquoi tu ne viens pas avec moi toi ? Tu pourrais raconter tout ce que tu sais à Dumbledore !
Eléa se leva à son tour et lui répondit par un petit sourire triste que comprit Hermione.
-D’accord, reprit Hermione se calmant et prenant sur elle. Ecoute, je retourne au château et j’en parle à Dumbledore ou à Lupin, ou Snape, quelqu’un de l’Ordre quoi ! Ils vont prendre la meilleure décision je le sais ! Il ne saura pas que tu m’as dit quelque chose, parce que tu ne m’as rien dit ! Toi, tu retournes là-bas et tu fais comme si de rien n’était, si tu sais quelque chose, des détails, n’importe quoi, contacte-moi s’il te plaît, par le moyen qui te plaira, je peux venir où tu veux ! Il faut que j’y aille…
-Hermione, je suis désolée…, murmura Eléa en prenant sa fille dans ses bras. Tu veux que je te raccompagne à l’entrée du village ?
Hermione acquiesça dans les cheveux d’Eléa se retenant pour ne pas pleurer alors qu’elle était plus qu’inquiète.
-Draco t’attend à Pré-au-Lard ?
-Non, il est parti chercher les herbes, tu te souviens, pour le cours de Potions…, répondit Hermione et Eléa ne put s’empêcher de sourire.
-Oui, c’est vrai… Viens, dépêchons-nous, ça ira, tu verras…

Elles marchèrent main dans la main en silence jusqu’à l’entrée du village et tombèrent à nouveau dans les bras l’une de l’autre avant de se dire au revoir.
-Merci, déclara finalement Hermione.
-Tu me tiens au courant, hein ?
-Bien sûr, répondit Hermione avant de mettre la cape d’invisibilité sur elle et courir vers le cœur du village.

***

Poudlard, mercredi 18 juin 1997

Aussitôt rentrée à Poudlard, Hermione eut le premier réflexe de courir vers Draco et elle prit le chemin des sous-sols du château. Elle entra discrètement dans la salle commune des Serpentards et se rendit jusqu’à la chambre de Draco mais ne le trouva pas. Elle posa ses affaires sur le lit et scanna la salle commune avant de sortir et monter jusqu’à la Tour d’Astronomie. Elle arriva essoufflée dans la plus haute tour du château mais ne le trouva pas davantage. Elle soupira en s’asseyant sur la vieille malle pour reprendre sa respiration et redescendit plus lentement les étages afin d’arriver jusqu’au Grand Hall. Il était tard, personne ne traînait à cette heure tardive dans le château et elle doutait fort que Draco ait eu la subite envie d’aller étudier à la bibliothèque.

-Hermione ?
Elle se retourna subitement et fut soulagée de voir Ron qui la regardait avec un air interrogatif.
-Qu’est-ce que tu fais là Ron ?
-Je fais une ronde, c’est le boulot des Préfets, répondit le rouquin en haussant les épaules. Et toi ?
-Pareil…, mentit Hermione. Euh, Ron, tu n’aurais pas croisé Draco par hasard ?
-Non…, répondit Ron se renfrognant.
-D’accord, je vais me coucher alors…
-Mione… C’est pas contre Malfoy, ou contre toi… Je ne l’ai pas vu, juré, se sentit obligé d’ajouter Ron.
-Je sais Ron, merci. Et bonne nuit !
-Bonne nuit à toi aussi.

Elle décida de descendre à nouveau pour voir si Draco ne serait pas retourné dans sa chambre ou sa salle commune entre temps. Elle ne le trouva pas et décida de l’attendre en s’allongeant sur le lit. Le sommeil la tiraillait alors qu’elle luttait pour rester éveillée, mais il fut plus fort et elle abandonna la lutte se laissant sustentée par l’étreinte de Morphée qui l’enveloppa dans un sommeil léger et nébuleux. La porte de la chambre s’ouvrit une heure plus tard et Hermione sursauta en se redressant subitement.
-Je suis désolé bébé, je ne voulais pas te réveiller, s’excusa Draco à mi-voix.
-Non, non, je t’attendais, j’ai dû m’assoupir un peu, répondit Hermione en se levant tout en se frottant les yeux. Tu as trouvé les herbes ? C’est quoi tout ça ? demanda-t-elle en voyant le tas de morceaux de parchemin qu’il avait posé sur son bureau.
-C’est rien, marmonna-t-il s’efforçant de rouler ce qu’il ne voulait visiblement pas qu’elle examine de plus près.
-Et les herbes ?
-Hein ?
-Les herbes ! Pour le cours de Potions, tu les as trouvées ??
-Ah. Non, j’ai pas eu le temps bébé, je verrai ça demain…
-Pas eu le temps ?? Mais tu as fait quoi pendant tout ce temps ? commença-t-elle à s’énerver.
-Rien, j’ai fait ma ronde de Préfet c’est tout…, marmonna-t-il visiblement fatigué.
Elle regarda encore les parchemins éparpillés et fronça les sourcils en découvrant des plans.
-C’est quoi ces plans Draco ?
-Rien ! Je faisais ma ronde de Préfet, tu es sourde ou quoi ?!
-Je ne suis pas sourde, non, donc inutile de crier…, dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine. Souterrain 1, Souterrain 2, lut-elle à haute voix. Souterrain de quoi Draco ? Poudlard ? Qu’est-ce que tu fais avec des plans des souterrains de Poudlard ?
Il soupira et massa ses tempes douloureuses en fermant les yeux.
-Je crois que je viens de comprendre… Dis-moi que ce n’est pas ce à quoi je pense s’il te plaît…, murmura-t-elle commençant à paniquer en repensant à la révélation d’Eléa.
-C’est exactement ce à quoi tu penses…, répondit-il en soupirant à nouveau. On peut se coucher maintenant ? Je suis mort…
-Je veux une explication d’abord, insista-t-elle durement.
-Non.
-Je t’ai toujours tout dit Draco, je t’ai toujours fait confiance ! éclata-t-elle soudainement. Je n’arrive pas à croire que tu fasses ça ! Tu te rends compte que tu es en train de les aider à tuer mon frère, Draco ?!!!
-Je n’ai pas le choix ! Je ne peux pas faire autrement ! C’est mon père Hermione, essaie de comprendre toi aussi ! cria-t-il à son tour. Ecoute…, se calma-t-il en tentant un rapprochement.
-Ne me touche pas…, déclara-t-elle dangereusement en reculant d’un pas.
-Je t’aime Hermione, vraiment, je suis fou de toi, je ferai n’importe quoi pour toi mais je ne pouvais pas faire autrement… J’ignore ce qu’ils vont en faire et je n’ai pas l’intention de le demander…
-Je sais ce qu’ils vont en faire, Eléa me l’a dit, avoua-t-elle au bord des larmes. Ils vont attaquer Poudlard, Draco. Dans deux semaines, le dernier jour, ils vont attaquer l’école…, déclara-t-elle et sa voix se brisa.
Draco se passa une main dans les cheveux avant de prendre appui sur son bureau.
-Je t’aime aussi tu sais…, dit-elle se retenant pour ne pas pleurer. Eléa m’a proposé de la rejoindre, au plus vite, pour éviter tout ça, pour me protéger, pour tenter d’aider Harry…
Draco leva la tête pour la regarder, s’attendant à ce qui allait suivre mais la laissant formuler sa requête.
-Tu décides. Je te laisse choisir, pour nous deux. Je ne veux pas faire de choix, c’est trop dur, je ne peux pas et je ne veux surtout pas faire les mauvais… Tu as la nuit pour réfléchir.

Dois-je encore avertir du NC-17 , y'en a à tous les chapitres...

Hermione esquissa un sourire en coin et commença à se frotter langoureusement contre Draco.

Peut-être, je l’avoue, mais je t’aime bébé…

Retourne-toi, déclara Draco, haletant, dans un grognement.

Il la pénétra enfin par derrière dans un long soupir

Le temps devait avoir épargné Eléa, ça ne pouvait pas être autrement, Hermione avait l’impression qu’elle paraissait aussi jeune aujourd’hui qu’à l’époque de cette photo.

C’est dommage pour tes yeux quand même, t’avais une chance sur deux…

« Cadrée ou pas, la photo sera gâchée par ta simple présence… »,

« J’aime bien les photos », déclara Crabbe, qui pour une fois avait réussi à mettre dans la même phrase sujet, verbe et complément au grand étonnement du groupe.

Les Malfoy sont irrésistibles, n’est-ce pas mon cœur ? déclara sur un ton séducteur Lucius.

J’ai autre chose qui rime avec Serpentard tu sais…

Vous croyez qu’il reste de la tarte au pomme ? Ron, tu veux pas aller voir s’il reste de la tarte au pomme ? demanda Luna alors que les trois autres lui jetèrent un regard navré.

Et tu te demandes lequel de nous deux a raté sa répartition ?!

« Une petite danse ? » Rémus tendit sa main à Eléa.

-Elle lui dira, Maître, aucun doute là-dessus. Eléa ne pourra pas faire autrement que lui dire, déclara Lucius avec un air satisfait.
-Bien, acquiesça Voldemort avec un sourire machiavélique au coin de ses lèvres.

Franchement, James, tu peux te passer d’avoir quelque chose de lui !

Voldemort… Il va attaquer Poudlard, Hermione, lâcha-t-elle enfin.
-Quoi ??? Quand ? demanda Hermione qui avait sursauté et qui s’était dégagée d’Eléa.
-A la fin du mois, le dernier jour d’école, quand tout le monde sera prêt à rentrer chez lui, il va attaquer Poudlard.

Je crois que je viens de comprendre… Dis-moi que ce n’est pas ce à quoi je pense s’il te plaît…, murmura-t-elle commençant à paniquer en repensant à la révélation d’Eléa.

Tu décides. Je te laisse choisir, pour nous deux. Je ne veux pas faire de choix, c’est trop dur, je ne peux pas et je ne veux surtout pas faire les mauvais… Tu as la nuit pour réfléchir.

Allez à mon tour de faire un beau commentaire

Citation :

Le temps devait avoir épargné Eléa, ça ne pouvait pas être autrement, Hermione avait l’impression qu’elle paraissait aussi jeune aujourd’hui qu’à l’époque de cette photo.

Comment c'est possible ça d'ailleurs ?

Citation :

Les Malfoy sont irrésistibles, n’est-ce pas mon cœur ? déclara sur un ton séducteur Lucius.

Il a les chevilles qui anflent !!!

Citation :

J’ai autre chose qui rime avec Serpentard tu sais…

je veux savoir ce que c'était moi

Citation :

Et tu te demandes lequel de nous deux a raté sa répartition ?!

J'ai toujours pensé qu'Hermy aurait fait une parfaite Serpentard !

Citation :

« Une petite danse ? » Rémus tendit sa main à Eléa.

Hé, Eléa... pas touche hein
(faut se méfier avec elle )

C'était un coup monté ? Pour qu'Eléa dise quelque chose à Hermione ? Mais dire quoi ? A quoi ils jouent Lucius et Voldy ? (oui, je sais, j'en pose de ses questions !! )

Bon ça j'avais plus ou moins compris mais ce que je pige pas, c'est pourquoi apparement, en fait, Voldemort voulait qu'Eléa le dise à Hermione (mais sans lui dire qu'il voulait qu'elle lui dise )

Ne jamais laisser prendre une decision importante nous concernant par quelqu'un d'autre

Voila.... J'ai beaucoup aimé ce chapitre... Tout se précise... l'histoire s'accélère... Maintenant, je veux pas suiiiiiiiiiiiiiite

Et quel commentaire ! Merci !!!

Tiens, il a fallu que tu quotes le NC-17... Pourquoi ne suis-je pas étonnée ?...

mais je trouve qu'elle ne fait pas vraiment son âge non plus (23 ans)

Et j'arrête de faire un pavé sur Amy...

Citation :

Citation :

J’ai autre chose qui rime avec Serpentard tu sais…

je veux savoir ce que c'était moi

Allons... Y'en a des tas... J'en ai même un magnifique en anglais !

Ce manque de confiance qu'on a en Eléa c'est dingue quand même... Me demande pourquoi...

Merci ! La suite est écrite !!!

« Mais je le suis, crois moi ». Il la regarda d’un air sombre : « Je n’aime pas quand tu joues avec la magie noire, surtout au détriment des autres. »

et puis le choix que doit faire drago vas être trés interessant à mon avis.
je pense savoir se qu'il vas décider(enfin c que mon opinion) mais je sais pas si on a le droit de le dire
alors dite le moi si je peux donner mon avis

...
Pour en revenir à la fic, Dumbledore n'a déjà pas été un assez bon père pour s'occuper de sa propre fille, alors de là maintenant à s'occuper de sa petite fille... La situation avec la grand-mère de Neville n'est pas comparable. Dumbledore n'est pas que le directeur de Poudlard, il travaille aussi pour le ministère et est membre de l'Ordre du Phénix, c'est un homme débordé notre Dumbledore !