Rowan
Esquisse
Inscrit le : 02 Sep 2004
Messages : 1180
Points : 25 10
Localisation : Somewhere in between what is real and just a dream...
Vos artistes favoris : Muse, Nightwish, Evanescence, Within Temptation
Inscrit le : 02 Sep 2004
Messages : 1180
Points : 25 10
Localisation : Somewhere in between what is real and just a dream...
Vos artistes favoris : Muse, Nightwish, Evanescence, Within Temptation
Warning ! NC-17 Warning !
_________________
Citation :
Chapitre 13 : Confiance et franchise
Manoir des Malfoy, avril 1997
La journée de samedi se déroula paisiblement au manoir des Malfoy. Lucius se chargea de raconter en détail à Draco son héroïque évasion de la prison d’Azkaban et comment il avait réussi en plus à y sortir ses amis Mangemorts. Il ne s’étendit cependant pas sur le ralliement des Mangemorts à Little Hangleton et le retour du Seigneur des Ténèbres, il ne voulait pas que Draco s’attire des ennuis s’il en savait trop.
L’après-midi, Draco erra dans l’immense bâtisse pensant à Hermione et se demandant ce qu’elle était en train de faire et si elle pensait à lui. En fin de soirée, il entendit ses parents se disputer et leurs cris lui donnèrent la nausée alors que des scènes similaires du passé lui revenaient en mémoire. Puis, le silence retomba et il savait qu’ils étaient en train de se réconcilier à leur manière. Finalement, il se coucha, sombrant dans un sommeil qui lui ferait oublier la lourde atmosphère familiale.
Il se réveilla à l’aube le dimanche matin et se leva sans tarder, appréciant le silence et le calme régnant dans le manoir. Ce fut lorsque ses parents se pointèrent pour le petit déjeuner qu’il se mit à souhaiter que ces deux jours passent le plus vite possible afin qu’il retourne à Poudlard.
-Tiens mon chéri, je t’ai pris un dragon en chocolat pour Pâques chez le meilleur chocolatier de Londres ! exulta Narcissa en déposant le paquet sur la table, à côté de Draco.
-Je n’aime pas le chocolat maman..., marmonna Draco sur un ton désolé.
-Depuis quand est-ce que tu n’aimes pas le chocolat ?! demanda-t-elle comme s’il s’agissait d’un caprice passager.
-Je n’ai jamais aimé le chocolat, répondit-il la voix toujours aussi basse.
-Par Merlin, Narcissa ! éclata Lucius. Tu devrais savoir que ton fils n’aime pas le chocolat !
-Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda-t-elle d’un air soupçonneux. Tu veux dire que j’ai mal élevé mon fils ? Ou devrais-je dire ton fils, Lucius ! Parce que tu le savais toi peut-être ?!
-Ca ne fait rien maman..., murmura Draco voyant que les choses s’envenimaient.
-Parce qu’on peut dire que tu as été présent peut-être pour l’éducation de ton fils ?! poursuivit-elle ignorant la remarque de Draco. Surtout après deux mois passés à Azkaban et huit mois en cavale Lucius !
-Ne recommence pas Narcissa, l’avertit dangereusement Lucius les dents serrées.
-Dix mois sans nouvelle Lucius ! Nous laissant avec les ennuis que tu t’étais créés !
-Ca ne fait rien maman ! répéta plus fort Draco captant enfin l’attention de ses parents. Je le donnerai à quelqu’un en rentrant à Poudlard...
-Voilà, tu pourras le donner à ta petite amie, Draco, acquiesça Lucius avec un sourire en coin.
-Je n’ai pas de petite amie, mentit Draco en regardant la table.
-Allons, ne me raconte pas d’histoire Draco... Tu es devenu un homme maintenant, je me suis aperçu que tu avais changé.
-Bien sûr qu’il a changé ! renchérit Narcissa qui ne semblait pas avoir décoléré. On change en dix mois !
Lucius jeta un regard noir à sa femme mais prit le parti de l’ignorer, préférant continuer d’interroger Draco.
-Tu peux nous le dire, Draco. Que l’on sache au moins si elle appartient à une bonne famille.
-Laisse-le Lucius ! Tu ne vois pas que tu le mets mal à l’aise ! aboya à nouveau Narcissa.
-Je ne le mets pas mal à l’aise ! Je suis son père, je m’intéresse à lui et à sa vie de laquelle j’ai été éloigné pendant dix mois comme tu dis !
Sur ces mots, Hedwige, la chouette au pelage blanc d’Harry, entra dans un bruissement d’ailes dans la salle à manger, et se posa délicatement sur la table, à côté de Draco. Narcissa et Lucius regardèrent d’un air médusé Draco qui détacha de la patte de l’animal la lettre qui lui était destinée avant de la lire et d’arborer un franc sourire.
« Passe un bon dimanche de Pâques. J’espère que tout se passe bien pour toi. Donne-moi de tes nouvelles. Je t’aime. Tu me manques... »
Elle n’avait pas signé le mot mais il trouva que c’était dans un sens plutôt intelligent.
-Un mot de ta petite amie ? demanda Lucius avec un sourire en coin alors que Narcissa soupira le fusillant une fois de plus du regard.
-Est-ce que je peux sortir de table ? demanda Draco tournant un regard implorant et plein d’espoir en direction de sa mère.
-Oui, mon chéri, tu peux sortir de table, accorda Narcissa soutenant le regard froid et meurtrier de son mari.
-Merci..., souffla Draco, soulagé, en se levant sans tarder afin de rejoindre sa chambre au plus vite.
Il inspira profondément en refermant la porte derrière lui. Il se sentait étouffé, comme s’il avait un étau qui lui enserrait les poumons. Il s’installa à son bureau et lut à nouveau trois fois de suite le mot que venait de lui envoyer Hermione. Il se demanda si elle irait finalement se promener au bord du lac cet après-midi, et avec qui... En songeant à l’éventualité qu’elle pourrait y aller avec Potter ou Weasley, son cœur se serra et il fut heureusement sorti de ses sombres pensées par un petit bruit derrière lui. Il se retourna et aperçut Hedwige qui donnait des coups de bec contre le carreau. Il se leva pour aller lui ouvrir et la chouette se mit à hululer bruyamment en volant dans sa chambre.
-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Elle a exigé une réponse, n’est-ce pas ? demanda-t-il en riant.
Il prit un morceau de parchemin et écrivit de son écriture large et ronde ces quelques mots : « Passe un bon dimanche toi aussi, et fais-moi plaisir, vas faire un tour au bord du lac cet après-midi et pense à moi. Je penserai à toi au même moment, ce sera un peu comme si on était ensemble. Tout va bien, ne t’inquiète pas. Tu me manques aussi. Je t’aime encore plus. »
Il ne signa pas non plus et relut trois fois le mot, se demandant si ce n’était pas trop empreint de sentimentalité et de mièvrerie mais il ne changea rien, il était sûr qu’elle apprécierait, les filles adorent après tout qu’on leur envoie ce genre de lettre d’amour. Il roula le morceau de parchemin et y glissa une petite rose blanche avant d’attacher le tout solidement à la patte d’Hedwige. Il donna quelques miettes de brioche à la chouette et lui ouvrit la fenêtre pour qu’elle s’envole jusqu'à Poudlard.
Il resta enfermé tout le reste de la matinée dans sa chambre, ayant peur de descendre au salon et affronter une nouvelle fois l’orage qui tournait et qui menaçait d’éclater à chaque instant entre ses parents. Aux alentours de midi, Narcissa frappa doucement à la porte de sa chambre et entra après qu’il l’ait invitée. Elle avait l’air assez triste et il remarqua qu’elle avait les yeux rougis par des larmes récemment versées. Il soupira légèrement et eut une soudaine envie de la prendre dans ses bras mais il ne le fit pas, il ne le faisait jamais, il ne l’avait jamais fait finalement. Les marques de tendresse et d’affection n’avaient pas lieu d’être au sein de la famille. Il avait du mal à se souvenir de moments joyeux, des cris revenaient le plus souvent, des cris, des insultes, de la haine contre le pouvoir en place et contre les Moldus, de l’agressivité et parfois même de la brutalité. Mais toujours une certaine prestance, un respect et une dignité dont il fallait faire preuve au sein d’une famille noble de sang pur comme la leur.
-On va passer à table, Draco, déclara faiblement Narcissa. Ton père a voulu qu’on mange de la dinde...
Et elle accentua bien sa prononciation sur la volaille avec quelque peu d’amertume et de dégoût dans la voix. Draco soupira à nouveau, le déjeuner allait de toute évidence être joyeux, il espérait en tout cas pouvoir l’avaler et il essaya de mettre toute la bonne volonté du monde pour se rappeler de bons souvenirs passés en famille.
Le déjeuner se déroula contre toute attente plutôt bien et dans une atmosphère quelque peu détendue. Lucius et Narcissa faisaient visiblement des efforts pour que ce week-end ne tourne pas au désastre et Draco leur en était reconnaissant pour ça. Il se mit à se demander en regardant ses parents faire des efforts de politesse si ils s’étaient réellement aimés un jour… Il ne les avait jamais vus faire preuve de démonstrations d’amour et il avait toujours cru qu’ils réservaient ces moments pour leur intimité, mais maintenant qu’il avait assez de maturité, il avait un sérieux doute sur la profondeur des sentiments unissant ses parents.
Le déjeuner s’éternisa et Draco se surprit à passer tout de même un bon moment en compagnie de ses parents. Le fait que Narcissa avait les joues légèrement rosies par le vin, qu’elle n’avait pourtant pas bu en grande quantité, ne devait pas être étranger à sa bonne humeur. Devant l’insistance de Lucius, Draco lui raconta le déroulement de cette année scolaire à Poudlard et Lucius ne fut pas mécontent des résultats plutôt honorables de son fils. Il parut fort intéressé quand Draco lui parla des collaborations Inter-Maisons et du fait qu’il devait faire équipe avec Hermione Granger. Il fut incapable d’expliquer la raison qui le poussa à ne pas en dire davantage, mais il jugea préférable à cet instant de ne pas mentionner à son père les bouleversements dans la vie de cette dernière. Et il fut surpris que son père ne crache pas sa haine contre les Moldus en apprenant la nouvelle, il ne daigna même pas relever le fait qu’il devait avoir énormément de mal à collaborer avec une Sang de Bourbe. Au contraire, son regard s’était illuminé et un léger sourire en coin n’avait fait qu’accentuer la confusion dans l’esprit de Draco.
Il s’échappa finalement dans l’après-midi et alla marcher seul dans le grand parc entourant le Manoir avant de s’asseoir au pied d’un chêne centenaire, fermer les yeux et se concentrer pour visualiser le visage d’Hermione.
***
-Hermione ? demanda Ginny s’arrêtant en même temps que son amie sur le chemin rocailleux et la regardant d’un air interrogatif.
Après quelques secondes d’absence et un léger étourdissement, Hermione cligna des yeux, se mit à sourire et regarda finalement Ginny.
-Quoi ?
-Rien, t’es bizarre..., répondit la rouquine lui attrapant le bras afin qu’elles se remettent à avancer.
-Hey les filles ! s’exclama Ron. Faudrait peut-être penser à accélérer le pas ou on y est encore au milieu de la nuit à faire le tour de ce lac !
-J’étais en train de penser Gin’... que je ferais bien un concours de ricochet !! déclara Hermione avec enthousiasme courant avec Ginny pour rejoindre Harry, Ron, Luna et Neville qui avaient pris de l’avance.
-Quoi ? demanda Ron la regardant comme si elle venait de proposer d’aller sur la Lune.
-Je suis partant ! répondit Harry se mettant entre Hermione et Ginny les prenant toutes les deux dans ses bras. Hermy, Ginny et moi contre vous trois !
-Vous êtes morts ! ajouta Luna qui commença à ramasser des cailloux plats.
-Vous êtes tarés..., déclara Ron platement regardant ses amis un à un.
***
Poudlard, avril 1978
Ses pas résonnaient dans les couloirs, Sirius la rattrapait, il fallait qu’elle rejoigne son dortoir au plus vite, il ne pourrait pas l’y rejoindre et elle disposerait ainsi de plus de temps pour réfléchir, et pour que la colère de son compagnon s’atténue quelque peu. Elle gagna les escaliers et pensa arriver à ses fins lorsque l’escalier dont elle avait monté la première marche se mit à pivoter, lui faisant perdre l’équilibre. Elle cria de surprise, mêlée à la peur, mais une main ferme la retint par le bras la faisant gagner le palier et l’attira vers le couloir le plus proche. L’étreinte n’avait rien d’amicale, il lui broyait littéralement le bras, il la mena sans un mot dans la première salle vide qu’il trouva, l’y fit rentrer sans ménagement et claqua la porte. Il prit appui un instant sur sa main qu’il avait posée sur la porte, il essayait de se calmer et respirait profondément.
Elle ne bougeait pas, elle était restée debout près du bureau, les larmes avaient cessé, mais elle avait cette boule au fond de la gorge qui l’empêchait de respirer correctement. Elle savait qu’elle perdait le contrôle de la situation et elle détestait ça. Elle ne savait pas comment réagir, elle angoissait, elle en tremblait même.
Il se retourna et la regarda dans les yeux, elle put lire toute la colère qu’il essayait de contenir. Le silence pesant qui s’installait entre eux n’augurait rien de bon, elle fit alors un pas vers lui, mais son regard lui transperça le cœur.
« Tu m’a menti », articula-t-il difficilement.
« Non Sirius », souffla-t-elle, « je ne savais pas pourquoi la fête était donnée, tu te souviens ? »
« Mais tu ne m’as rien dit le lendemain ».
« Tu ne m’as rien demandé. »
« Tu aurais dû Eléa ! » s’emporta-t-il.
« Que voulais-tu que je te dise ? Au fait Sirius, la fiesta d’hier soir, c’était pour fêter les attentats et tous les morts qu’il y a eus ! » Elle monta le ton.
Il eut un petit rire cynique.
« Quand tu as su, tu n’aurais même pas dû rester… ne serait-ce que par respect pour moi, ou pour Lily. »
« Je suis désolée Sirius… j’ai fait des efforts, j’ai été gentille et amicale, mais je ne peux pas changer entièrement… »
« Je ne te l’ai jamais demandé. »
Elle fit quelques pas, se rapprochant de lui.
« Pourtant tu me reproches mes amitiés, mes idées… »
« Putain Eléa !!! Tu as fêté la mort de centaines de personnes !! Tu le réalises ? »
Elle ouvrit la bouche pour répondre mais se ravisa et ne dit rien.
« Dis ce que tu penses », lui ordonna Sirius.
« Non, je ne crois pas que ça résoudrait les choses. »
« Peut-être que si en fait », répondit-il sèchement.
« Non Sirius, je t’en prie, non… » le supplia-t-elle.
Il s’écarta d’elle et grommela quelque chose qui ressemblait à un juron.
« Tu vas me dire que ce n’était que des Moldus ? »
« Arrête… »
« Qu’ils étaient sans importance c’est ça ?? »
« Sirius, je t’en prie… »
« Qu’un bon Moldu est un Moldu mort ? »
« Ne rejette pas ta haine de tes parents sur moi !! » cria-t-elle
« Pourtant plus je te connais et plus je me rends compte que tu es comme eux ! »
« Tu le savais ! On en avait parlé, tu savais à quoi t’attendre ! »
« Et bien je ne peux plus ! Je ne peux plus supporter que la femme que j’aime boive à la santé de morts et à la victoire des Mangemorts ! » aboya-t-il.
Ils s’arrêtèrent un instant. Eléa sentait ses larmes chaudes baigner ses joues, Sirius avait du mal à se contenir aussi, un mélange de tristesse et de colère.
« C’est fini », se contenta-t-il de dire.
Eléa releva brusquement la tête vers lui.
« Non… non, ne dis pas ça… » Elle s’approcha de lui et lui caressa le visage. « Ne dis pas ça, je t’en prie. »
« Eléa… »
Une larme coula délicatement sur sa joue, Eléa l’essuya de sa main et l’embrassa tendrement.
« Sirius, je peux changer, je ferai tout ce que tu voudras », sanglota-t-elle entre deux baisers.
Il essaya de se dégager doucement. « Eléa, ce n’est plus possible… »
« Je t’en prie, ne me quitte pas », pleura-t-elle. Elle l’embrassa passionnément et il lui rendit son baiser. « Je t’aime Sirius, ne m’abandonne pas… », supplia-t-elle.
Ils s’embrassèrent à nouveau, puis il détacha en douceur les bras qu’elle avait enlacés autour de son cou.
« Je t’aime aussi. » Il tenait ses mains dans les siennes. « Mais ça ne suffit pas. »
Il tourna les talons et ferma la porte derrière lui. Elle se précipita alors sur elle et sentit encore sa présence. Il était derrière elle, sûrement la tête appuyée contre le bois massif, en se concentrant elle arrivait à entendre sa respiration. Elle posa sa main contre la porte, comme pour caresser Sirius au travers de la matière. Soudain, elle ne le sentit plus. Il venait de partir, il l’avait quittée. Elle se laissa glisser le long de la porte et fondit en larmes, désespérée.
***
Little Hangleton, dimanche 13 avril 1997
Eléa était assise dans le petit salon du premier étage, confortablement installée dans un fauteuil, les jambes repliées pour servir appui à son morceau de parchemin vierge, et elle tournait sa plume entre ses doigts, réfléchissant à la manière dont elle allait lui tourner habilement l’idée du rendez-vous. Elle commença à écrire alors que les mots lui venaient et défilaient naturellement dans son esprit, elle était tellement prise dans sa lettre qu’elle n’entendit pas Bellatrix entrer et elle s’aperçut finalement qu’elle se tenait devant elle, les bras croisés.
-Qu’est-ce que tu veux ? demanda Eléa froidement levant finalement la tête.
-Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu écris à Lucius ? Tu ne crois pas que tu devrais lui fiche la paix cinq minutes ?! Il est avec sa famille en ce moment Eléa, il n’a pas besoin que tu lui écrives un pavé mielleux qui pourrait lui attirer des ennuis avec sa femme !! rua Bellatrix, et Eléa se demanda pendant quelques secondes si Bellatrix avait envie de se prendre une raclée ou autre chose.
-Qu’est-ce que ça peut bien te foutre ?? Pourquoi est-ce que tu viens me faire chier là alors que je ne t’ai rien demandé et que je suis tranquille ?! aboya en retour Eléa légèrement dubitative.
Et alors qu’elle ne s’y attendait pas du tout, Bellatrix lui arracha la lettre des mains et se précipita au fond du salon, près de la bibliothèque. Eléa se leva d’un bond et fouilla un instant dans ses poches.
-C’est ça que tu cherches ? demanda ironiquement Bellatrix brandissant dans sa main la baguette d’Eléa. Règle numéro un, Eléa, ne jamais laisser traîner sa baguette !
-Règle numéro deux, conasse, apprendre à se passer d’une baguette si on veut être une sorcière digne de ce nom ! répliqua Eléa levant une main et projetant Bellatrix contre la bibliothèque derrière elle.
Sous la violence du choc, Bellatrix lâcha la baguette d’Eléa que cette dernière s’empressa de récupérer par télékinésie.
-Et maintenant quoi Eléa ? demanda Bellatrix en se relevant difficilement.
-Et maintenant, rends-moi cette lettre, tout de suite, ordonna Eléa d’une voix calme mais ferme.
Bellatrix eut un sourire mauvais et commença à déplier le morceau de parchemin.
-N’y songe même pas Bellatrix…, l’avertit Eléa d’un air dangereux faisant un pas dans sa direction.
Mais Bellatrix ignora cette remarque et commença à lire à haute voix :
-« Mon Cher Severus- »
-Incendia !
Le parchemin se consuma sous la force d’une flamme puissante. Bellatrix n’eut pas le temps de continuer sa lecture et dut lâcher la lettre pour ne pas se brûler.
-Sale garce…, fulmina Bellatrix devant le sourire narquois de son adversaire, alors comme ça on écrit aux traîtres ?
-Ça ne te regarde pas.
-Je me demande ce qu’en penserait le Maître…, dit-elle pensive.
-Fais ça et je te jure que tu vas regretter amèrement d’être en vie, la menaça Eléa.
Bellatrix eut un rire dément et sans crier gare…
-Viscerem ! dit-elle en faisant un geste circulaire de sa baguette.
Eléa s’écroula en se tordant de douleur, elle avait l’impression que ses entrailles se retournaient en elle. La douleur s’arrêta et elle vit Bellatrix, un sourire aux lèvres qui la regardait, elle avait toujours adoré regarder ses victimes souffrir à ses pieds. Eléa se releva d’un bond comme si rien ne s’était passé.
-Tu vas prendre la raclée de ta vie ! Elle l’envoya valser contre la bibliothèque qui perdit sous le choc quelques livres poussiéreux. Depuis le temps que j’attends de te faire la peau….Elle poussa d’un geste les fauteuils et tables qui lui entravaient le chemin.
-Ne rêve pas… Endoloris !
-Protego !
Le sort se répercuta sur un des murs dans un bruit sourd. Les maléfices fusèrent à une cadence infernale, cassant vases, lustres et mobilier avec fracas. Eléa sentait toute la haine cumulée depuis plus de seize ans se libérer. Plus que des sorts, elle avait vraiment envie de l’étrangler à mains nues. Elles entendirent des pas et virent Rodolphus et Rabastan se ruer vers les portes vitrées du petit salon, Eléa jeta rapidement un sort d’entrave qui les empêcha d’entrer, ils essayèrent de forcer les portes, mais Eléa ne voulait pas être dérangée.
-Claudate !
Les portes vitrées furent immédiatement remplacées par des murs. Elle eut un sourire victorieux qui s‘effaça aussitôt. Bellatrix avait profité de la diversion pour lui enchaîner magiquement les mains.
-Un petit problème chatooooon ?? dit-elle d’un air dégoûté alors qu’Eléa tirait sur ses liens en s‘énervant.
-Mais pas du tout…, dit-elle alors que son visage s’éclaira. Elle ouvrit ses mains, les paumes jointes dans sa direction, et dit avec un sourire sadique : Nebulla.
Sous les yeux effarés de Bellatrix, une sorte de spirale de feu sortit de ses mains, Bellatrix eut le réflexe de se baisser à terre et d’éviter de recevoir la spirale de plein fouet. Elle s’écrasa sur le mur et y laissa un énorme cratère et une partie du mur s’écroula sur Bellatrix, qui lâcha sa baguette et libéra Eléa. Elle en profita pour s’avancer vers son adversaire qui tentait de se relever, elle la prit par les cheveux et la souleva pour la jeter la tête la première dans les étagères de la bibliothèque qui cédèrent sous le choc. Bellatrix essayait de se relever, le nez en sang, elle tendit sa main vers sa baguette qui gisait à un mètre d’elle, mais Eléa écrasa la baguette de son pied gauche sous le regard furieux de sa propriétaire.
-Un petit problème Bellaaaaaa ?? railla-t-elle avant de lui asséner un coup de pied magistral dans le visage.
Bellatrix était à bout de force, Eléa s’approcha d’elle lentement, se délectant de ce moment si souvent rêvé et saisit sa baguette pour lui donner le coup de grâce en la décapitant. Elle leva sa baguette et commença son mouvement lorsqu’elle sentit quelque chose de glacé lui saisir le poignet si fort que le sang n’arrivait plus à l’extrémité de ses doigts.
Elle se retourna vivement et se trouva face au Maître qui la regardait dans les yeux. Il n’eut pas besoin de paroles, elle pâlit sous son regard et ses pensées qui lui parvenaient. Il la lâcha et retourna, sans un regard à Bellatrix, vers ses appartements. Eléa soupira, la tentation était forte, mais si elle Lui désobéissait, Il la tuerait.
Elle regagna alors sa chambre et saisit une feuille de parchemin.
« Cher Severus,
J’aimerais te rencontrer, j’ai besoin de te voir.
Je te propose de profiter de l’absence de Dumbledore pour te rencontrer demain dans tes appartements à 18h.
Ne réponds qu’en cas d’empêchement.
Tendrement,
E.D. »
***
Poudlard, lundi 14 avril 1997
Il entra dans ses appartements et fut surpris par la chaleur qui y régnait, il tourna la tête vers la cheminée d’habitude éteinte où dansaient d’énormes flammes. Elle était devant l’âtre, vêtue d’une fine robe de soie rouge qui ne masquait rien de ses formes voluptueuses, sa peau pâle prenait les couleurs du feu. Elle était de dos, mais il aurait pu la reconnaître entre mille et ses longs cheveux noirs y étaient, il devait l’avouer, pour beaucoup. Elle les avait gardés longs finalement, elle devait s’être réconciliée avec elle-même alors… Il se souvenait comme si c’était hier de sa crise de démence la veille de sa fuite et c’était alors la dernière fois qu’il l’avait vue. Elle hurlait, littéralement, et elle avait des ciseaux dans la main et une femme enceinte de cinq mois qui hurle avec des ciseaux à la main n’augure en général rien de bon alors que l’hystérie l’avait de toute évidence gagnée à l’époque… Elle avait saisi une mèche de ses cheveux sur le côté et l’avait coupée d’un geste rapide et sûr, avant de retourner le ciseau en direction de son ventre légèrement arrondie. Elle tremblait, elle hésitait, elle les testait, les jaugeait, guettant leurs réactions, mais que pouvaient-ils faire ? Elle les avait avertis que s’ils faisaient un geste de plus, elle n’hésiterait pas à la tuer, désignant son ventre, même s’il fallait qu’elle en meure aussi… Alors, ils s’étaient mis à prier silencieusement, de concert, sans se consulter, pour qu’elle retrouve un semblant de raison et lâche l’arme tranchante et coupante qu’elle avait dans les mains. Ils avaient retenu leurs souffles quand elle avait une nouvelle fois levé le ciseau et coupé une autre mèche de ses cheveux, de l’autre côté cette fois. Puis, il l’avait regardée fixement et avait fait un pas dans sa direction, malgré les récriminations de ses camarades. Mais il savait ce qu’il faisait, elle était affaiblie par son état et elle ne pourrait pas le contrer. Elle avait levé les yeux vers lui et son regard s’était troublé alors qu’elle le suppliait faiblement de ne pas faire ça. Elle avait réussi en luttant de tout son être à retourner une fois de plus le ciseau en direction de son ventre, mais elle s’était saisie maladroitement de la lame aiguisée et du sang perlait de sa main droite. Il avait continué à avancer, confiant, sachant qu’elle ne pourrait plus rien tenter à présent, et il lui avait arraché l’arme de la main la jetant à l’autre bout de la pièce pour pouvoir la rattraper alors qu’elle s’effondrait sur le sol, les yeux baignés de larmes et injectés de sang.
Il frissonna en repensant à ce triste souvenir qu’il avait dû garder d’elle, regrettant de ne pas voir pu l’aider davantage.
Elle se retourna enfin et le regarda dans les yeux. Elle était encore plus belle qu’à Grimmauld Place, les années de prison n’avaient pas fané sa peau, ni son regard d’un bleu étincelant, elle avait encore ce visage enfantin qu’elle avait adolescente. Elle paraissait plus reposée que la fois où elle avait surgi pendant la réunion de l’Ordre, il y a quelques mois. Il n’avait pas pensé que la voir à nouveau le chamboulerait autant, mais après tout, même s’il avait gardé un infime espoir, il la croyait morte, comme tous d’ailleurs. Il n’avait pas su dire si il avait été content ou affolé de la voir si vivante et si déterminée. Les souvenirs avaient refait surface alors qu’il pensait avoir franchi une étape dans son processus de réconciliation avec lui-même et son passé bancal. Il avait fallu qu’il la voit à peine une minute pour que des années de thérapie introspective tombent à l’eau et rien que pour ça, il lui en voulait.
-Tu es en retard Severus, dit-elle faussement agacée.
Il s’avança vers elle, déposant au passage sa cape sur un des fauteuils. Qu’est-ce qu’elle croyait ? Il avait l’impression qu’elle lui parlait comme s’ils étaient un couple marié depuis des années. Les fossettes qui se creusèrent dans ses joues quand elle se mit à sourire en voyant son regard glacial la déshabiller le replongèrent à nouveau dans leur passé chaotique et leur amitié ambiguë, et il ne put contenir un soupir d’agacement.
-Tu ne devrais pas être là, on aurait pu se voir ailleurs, ton père pourrait rentrer plus tôt que prévu.
Il jouait bien le jeu finalement, entrant dans sa mini scène de ménage théâtrale improvisée. Recevoir son stupide hibou pour ce stupide rendez-vous l’avait déstabilisé et agacé, mais il pouvait jouer finalement si c’était ce qu’elle voulait. La comédie et les faux-semblant étaient dans ses cordes et il en connaissait même un rayon en la matière, ayant expérimenté dans le passé toutes les facettes possibles et inimaginables du mensonge et de l’apparence.
-Tu sais très bien que ce genre de réunion dure des siècles, dit-elle d’un ton nonchalant, et tu sais que j’aime prendre des risques…, sourit-elle.
-Je sais, soupira-t-il.
C’était bien plus que des risques à son niveau, et dans son cas, elle avait joué avec sa vie et avait défié la mort plus d’une fois. Il devait admettre qu’il en avait fait autant finalement, mais elle remportait incontestablement et sans discussion la palme dans ce domaine-là.
Ils s’observèrent quelques minutes en silence, il se demanda ce que celle qui fut jadis sa meilleure amie lui réservait, mais il décida de rompre le silence qui devenait de plus en plus pesant en abordant un événement qui lui tenait à cœur. Pas sur le fond, et cette admission le fit tressaillir, mais sur la forme…
-Je me suis rendu chez les médecins après votre passage le mois dernier…
-Oh ! L’Ordre du Phénix, oui, évidemment… Les Aurors ne se sont pas déplacés ? demanda-t-elle surprise.
-Si, mais ils ont eu du mal à supporter le… spectacle.
Il choisit consciencieusement le mot le plus approprié à la petite mise en scène dont il avait reconnu instantanément la signature. Elle avait décidément le sens de la représentation et du divertissement et il se mit à songer, gardant son sourire intérieurement, qu’elle aurait fait une excellente meneuse de revue.
-Ils étaient beaucoup moins fragiles à l’époque…, railla-t-elle, en s’asseyant sur son bureau.
-Il faut dire qu’il y avait de quoi être choqué, répondit-il sèchement.
-Je t’en prie Severus, ne me fais pas croire que la vue de ces pauvres petits Moldus assassinés t’a fait de la peine… Si ? s’amusa-t-elle.
Elle eut un petit rire moqueur devant le silence qu’elle eut en gage de réponse. Elle avait vraiment un sens de l’humour douteux, et il en avait un peu marre de faire la conversation avec l’impression de réciter des lignes déjà écrites à l’avance.
-Pourquoi voulais-tu me voir, Eléa ?
-Pourquoi ? Mais pour connaître la cause de ta trahison, voyons. Elle sauta du bureau et avança vers lui doucement, comme un félin se préparant à attaquer sa proie. Comment Severus Snape, faisant partie de l’élite des Mangemorts et grand défenseur du sang pur, a pu retourner sa veste et faire partie de l’Ordre du Phénix ?
-C’est une longue histoire, se contenta-t-il de répondre, trop longue. C’est en partie à cause de Sarah.
Si elle se proposait à cet instant de jouer le rôle de la psy, elle pouvait repasser, il n’avait aucune envie de déballer des sentiments trop profondément enfouis. Et surtout pas à elle. Il ne lui devait rien après tout.
-Je vois… L’amour fait vraiment faire des choses stupides…
-Tu sais de quoi tu parles, n’est-ce pas…
Elle retourna vivement son regard vers lui, empli de colère puis soudain il se transforma en regard joueur, séducteur. Elle continua de s’avancer vers lui à pas feutrés. Il n’aimait cette façon qu’elle avait de passer d’une émotion à une autre en une fraction de seconde, ça la rendait insaisissable et quelque peu dérangeante.
-Dis-moi, chuchota-t-elle, dis-moi que cela ne te manque pas. Elle était à présent si proche de lui qu’il pouvait sentir son parfum ambré. Elle s’approcha, lui murmurant à l’oreille : l’odeur du sang, sentir la peur des victimes devant ton pouvoir. Elle l’embrassa dans le cou et poursuivit : leurs cris de douleur… Elle lui mordit le lobe de l’oreille et le sentit frissonner. Sentir leur cœur s’arrêter sur tes simples paroles… Elle l’embrassa sur la bouche et lui caressa le bas du dos. Dis-le moi Severus, que les torturer ne te manque pas. Elle passa ses bras autour de son cou et le regarda dans les yeux.
Elle se pressa langoureusement contre lui et sentit naître son érection, elle le caressa à travers son vêtement et l’embrassa. Il glissa sa langue entre ses lèvres offertes, caressant la sienne avec douceur, puis plus durement. Il la poussa contre le bureau, lui remonta sa robe tout en l’embrassant, et fit glisser sa main sous sa culotte, trouvant son point le plus sensible et la caressa frénétiquement. Il glissa un doigt en elle, puis deux et les bougea tout en caressant son clitoris de plus en plus gonflé, ses gestes étaient précis, de plus en plus rapides, elle gémissait à son oreille puis elle s’accrocha à son cou et lui mordit la lèvre en jouissant.
Il retira sa main humide de son intimité et elle le repoussa vers sa chambre tout en lui enlevant sauvagement sa veste noire, arrachant au passage quelques boutons. Il la serra dans ses bras forts et enleva d’un geste rapide sa robe, elle frissonna et ses seins se dressèrent sous les caresses brutales de son amant. Elle lui déboutonna son pantalon en gémissant et libéra son sexe dressé de sa prison d’étoffe. Elle le caressa dans un mouvement de va-et-vient lascif, insistant sur son extrémité si réceptive, il grogna de plaisir et elle le poussa sur le lit. Il saisit ses seins qu’il pétrit sans ménagement en même temps qu’elle s’empalait sur lui. Alors qu’elle commençait à bouger ses hanches, il la souleva et la renversa sur le lit, la tenant par les poignets, au-dessus de sa tête, face à lui, littéralement clouée. Elle essaya de se débattre mais de sa main libre, il écarta ses cuisses fébriles et la pénétra d’une seule poussée, entrant dans son intimité brûlante et humide.
Elle haletait sous les coups de reins de son amant, il ne l’avait pas lâchée, elle aurait pu se libérer par télékinésie, mais elle ne voulait pas, elle était complètement à sa merci. Elle essaya de l’embrasser mais il recula, plongeant son regard noir dans le sien, elle gémit de plaisir et il accentua le rythme, la sentant se perdre sous lui. Il relâcha ses poignets, mais comme elle voulut se libérer, il resserra son étreinte, lui arrachant un cri de douleur. Elle lui jeta un regard courroucé mais il lui donna un puissant coup de rein qui, cette fois, la fit crier de plaisir. Elle le regardait à présent, ses yeux mêlés de plaisir et d’incompréhension. C’est alors qu’elle le sentit brusquement dans ses pensées, il lisait en elle, elle n’arrivait pas à se défendre sous ses caresses, son bas ventre était en feu, des vagues de plaisir commençaient à l’envahir. Elle secoua la tête, « arrête, Severus » mais elle vit défiler les images du Maître, des pièces du Manoir, l’image de Lucius à la dernière réunion, les parchemins et les livres éparpillés sur la table, elle essayait de se défendre mentalement mais elle n’y arrivait pas, les meubles autour d’eux commencèrent à trembler, un verre sur la table de chevet explosa violemment. « Severus, Non ! » Le discours du Maître lui revint à l’esprit, les créatures marines, les négociations avec les géants, il accéléra son rythme, leur plaisir s’intensifia et elle s’arqua noyée par les ondes traversant son corps se mordant la lèvre jusqu’au sang, il sentait tout en Eléa se contracter et il se répandit en elle dans un dernier soubresaut.
Il resta en elle quelques secondes, reprenant son souffle, puis il se retira. Elle le poussa violemment, visiblement très en colère, les meubles recommencèrent leur danse dans un bruit sourd.
-Mais t’es complètement malade ou quoi ?
Il se contenta de lui sourire sournoisement.
-J’aurais pu te tuer, tu en es conscient ?
-Mais tu ne l’as pas fait, répondit-il calmement tout en se levant pour se rhabiller, tu as voulu jouer Eléa et tu as perdu. Il arborait un sourire triomphal.
Elle était furieuse, plus que tout, c’est ce sourire qui la faisait enrager.
-J’espère que tu as eu ce que tu voulais ! cria-t-elle tout en retournant les draps à la recherche de sa petite culotte, qu’elle trouva finalement à un mètre du lit.
-Et toi ? Que cherchais-tu exactement ? demanda-t-il sèchement alors qu’elle remettait sa robe.
-Ce que je cherchais ? Baiser Severus, c’est tout ce que je voulais !
-Dans ce cas tu as eu ce que tu voulais !
Ils se toisèrent quelques secondes, elle essaya de se calmer en inspirant profondément. Il s’approcha d’elle en se rhabillant, levant un sourcil en constatant les boutons arrachés qu’il répara d’un coup de baguette magique.
-Je ne peux pas retourner avec les Mangemorts Eléa, d’une part parce qu’Il me tuerait, d’autre part parce que je n’en ai pas envie. Son ton était sec et cassant. Les choses ont changé, je ne suis plus celui que tu as connu il y a seize ans, s’emporta-t-il, et même si je regrette notre amitié, comme je regrette celle de Lucius, nous sommes en guerre et nous sommes ennemis.
-Dans ce cas, nous n’avons plus rien à nous dire… Sa voix se brisa.
Elle fit volte-face et se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit à la volée avant de se transformer en chat et courir hors du château pour pouvoir transplaner et regagner Little Hangleton.
Severus Snape se regarda dans un miroir en soupirant. Il fut incapable de dire s’il avait bien agi, s’il avait bien fait de faire ce qu’il venait de lui infliger. Il n’avait finalement aucun remord envers elle, c’est son reflet qu’il ne pouvait pas supporter, il allait devoir encore prendre sur lui pour ne pas flancher et tout envoyer balader. Il sortit de la salle de bain et regarda, dépité, son appartement qui semblait avoir été visité par une tornade. C’était presque le cas. Il répara et rangea tout de quelques gestes gracieux de sa baguette. Il avait appris quelques informations intéressantes et avait mis fin à une amitié à laquelle il tenait beaucoup, bouclant ainsi une partie de son passé. C’était toujours ça de gagné, il venait de mettre une pierre de plus à l’édifice de la reconstruction de lui-même. Il fut tiré de ses pensées par quelqu’un qui frappa à sa porte.
-Severus ! C’est Rémus, ouvre-moi !
Severus leva les yeux au ciel avant de lui ouvrir brusquement la porte. Rémus entra légèrement nerveux.
-Eléa est dans le châ-
Il s’interrompit, dévisageant son interlocuteur, empli d’incompréhension.
-Ne joue pas avec le feu Severus…
-J’ai joué… et je l’ai éteint.
***
Poudlard, avril 1978
Il était sûrement tard, elle ne savait pas exactement. Assise contre la porte, la tête dans les genoux, elle avait cessé de pleurer, ses pensées se bousculaient dans son esprit, le temps semblait s’être arrêté. Elle s’en voulait, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle si il l’avait quittée. Elle était vraiment bonne à rien, incapable de garder un homme à ses côtés, un homme qui l’aimait qui plus est. Elle savait où elle avait fauté. Devait-elle renier ses convictions et celle qu’elle était pour rester avec Sirius ? Elle avait fait beaucoup d’efforts et cela avait apporté ses fruits dernièrement, alors elle pourrait peut-être en faire d’avantage.
Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment ? Elle l’aimait et il avait les mêmes sentiments pour elle, pourquoi cela ne suffisait-il pas ?
Elle se sentait seule, plus seule que jamais et en colère. Très en colère en fait. Elle releva la tête et ses yeux s’enflammèrent d’une nouvelle étincelle. Elle se leva d’un bond. Rien ne serait arrivé si Lucius n’avait pas parlé, il était parfaitement conscient de ce que ses paroles auraient comme impact.
Elle claqua la porte derrière elle et se dirigea vers les cachots, essuyant les dernières traces de larmes de ses yeux du revers de sa main.
La colère commençait à la submerger comme une immense vague. Elle atteignit les couloirs sombres des sous-sols, elle avait du mal à se calmer, les flammes vacillèrent sur son passage, les armures et les tableaux tremblèrent. Elle fit un entrée fracassante dans la salle commune des Serpentards. Ils arrêtèrent tous leurs activités, les regards d’appréhension se croisèrent.
Elle le vit, il se leva de son grand fauteuil et la fixa froidement. Les meubles bougèrent comme si une secousse sismique remuait le château.
« Tout le monde dehors », dit-elle en serrant les dents.
Personne ne bougea, surpris d’un tel ordre, venant d’une intruse dans leur Maison.
« DEHORS !! » hurla-t-elle alors que les portes de la salle commune s’ouvrirent à la volée d’un geste d’Eléa.
Ils se pressèrent tous vers la sortie, laissant Eléa et Lucius l’un en face de l’autre, comme pour un duel.
« Tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ? » railla-t-il.
« Ferme-la ! » cria-t-elle. « Je ne te permets pas de te moquer de moi, Lucius, j’espère que tu es content de toi ! Tu es content d’avoir brisé la seule chose qui me rendait heureuse ? »
« Je t’en prie Eléa, tu croyais vraiment que ça allait durer longtemps ? Sois réaliste ! » cracha-t-il.
« Ça aurait pu marcher, mais évidemment tu n’as pas pu supporter l’idée que j’en aime un autre ! » Elle le pointait d’un doigt accusateur en s’approchant de lui.
« Là n’est pas la question ! »
« Si ! Si c’est là toute la question. » Plusieurs verres éclatèrent alors qu’elle déversait toute sa colère.
« Par Merlin, calme-toi ! » s’énerva-t-il.
« Pourquoi tu leur as dit ? Je n’ai pas fait mon choix, je ne veux pas le faire ! » continua-t-elle sur le même ton, ignorant sa remarque.
« Au fond de toi tu l’as déjà fait depuis longtemps ce choix », dit-il sèchement, elle fronça les sourcils. « Tu crois que je n’ai pas compris que c’est à cause de LUI si tu ne t’es pas engagée ? » dit-il à voix basse.
« En partie », répondit-elle sombrement.
« Tu l’aimes tant que ça ? » Devant son silence il poursuivit : « il y a encore quelques mois tu me disais que jamais tu ne pourrais aimer un autre que moi ».
« Il y a quelques mois tu ne t’apprêtais pas à épouser une blondasse sans personnalité… »
« Ce qui aurait pu être évité si tu m’avais parlé de ta fichue famille ! » s’emporta-t-il.
« Crois-moi Lucius, ça n’aurait rien arrangé, au contraire », répliqua-t-elle.
« Je te veux à MES côtés », ordonna-t-il.
« Non… » Elle secoua la tête. « Non, je ne suis pas un assassin, je ne suis pas comme ça. »
Il eut un petit rire glacial. « Bien sûr que si tu l’es, amour. » Il s’approcha doucement d’elle. « On est pareil tous les deux, le même sang pur dans nos veines, la même rage, la même détermination… » Il prit son visage dans ses mains comme il avait fait tant de fois.
« Non… », finit-elle par lui dire en s’écartant de lui.
« Putain Eléa ! » explosa-t-il. « Tu ne te rends pas compte de ce qu’il se passe dehors ! C’est la guerre ! Si tu ne t’engages pas, tu mourras ! Il te connaît, Il te veux dans ses rangs ! »
« Quoi ? » souffla-t-elle, incrédule.
« Qu’est-ce que tu crois ? Tu ne passes pas inaperçue avec ton pouvoir, il a déjà entendu parler de toi », expliqua-t-il comme s’il s’adressait à un enfant. « Si tu ne t’engages pas pour Lui, il te tuera, il ne prendra pas le risque que tu ailles dans l’autre camp. »
Ils restèrent un moment en silence, Eléa était surprise et étonnée de cette révélation. Elle en était même flattée.
Il se rassit dans son fauteuil moelleux et alluma une cigarette en contemplant le feu de cheminée, pensif. Elle s’était assise non loin de lui et réfléchissait à ce que serait son avenir. Que devait-elle faire ? Elle était beaucoup trop jeune pour prendre ce genre de décision et refuser de s’engager la mènerait à demander la protection de son père, peut-être même de vivre à l’Ordre du Phénix. Cette idée ne la faisait pas sauter de joie, mais elle pourrait voir Sirius et essayer de sauver leur relation. Mais si elle faisait ce choix, cela signifierait ne plus voir Lucius et cela était impensable. Elle tourna son regard vers lui, il était de profil, ses longs cheveux lâchés couvraient ses épaules, les yeux clos, il semblait si paisible.
« Qui est ton père ? » demanda-t-il soudainement, la tirant de ses pensées.
Eléa sursauta. Elle le regarda, étonnée de sa question, cherchant une réponse adéquate, mais il y en avait pas. Il la regardait de ses yeux d’aciers, attendant une réponse.
« Je ne peux pas te le dire ».
Il détourna la tête et soupira profondément.
« Il faudra bien que tu me le dises un jour, amour… »
Les mots planèrent dans le silence de la salle commune alors qu’Eléa remontait vers sa chambre.
***
Manoir des Malfoy, lundi 14 avril 1997
Alors que la soirée du lundi commençait à s’installer en même temps que le jour déclinait, Draco se chargea d’entretenir le feu dans le Grand Salon. Le week-end touchait à sa fin, il rejoindrait demain Poudlard et ne pouvait s’arrêter de sourire à l’idée de revoir Hermione. Trois jours loin d’elle lui avaient paru une éternité et il se mit à avoir peur en songeant aux vacances d’été qui se profilaient doucement. Il n’entendit pas Narcissa arriver près de lui et sursauta quand elle mit une main sur son épaule.
-Draco..., commença-t-elle faiblement.
-Oui ? répondit-il se retournant pour faire face à sa mère.
-Ton père voudrait te voir. Il est au sous-sol, il t’attend, déclara Narcissa sur un ton monocorde et vide d’expression.
-D’accord, j’y vais tout de suite, répondit le Serpentard tout en se frottant les mains afin d’en faire tomber la poussière et la suie.
-Draco ! l’interpella Narcissa avant qu’il ne quitte la pièce.
Il se retourna et la regarda d’un air interrogatif, fronçant les sourcils en voyant son regard inquiet.
-Fais attention à toi..., murmura-t-elle.
Il fut surpris mais hocha la tête avec un petit sourire de réconfort, comprenant dans cette phrase bien plus qu’un simple avertissement de complaisance et de prudence.
Il ouvrit la porte conduisant aux sous-sols du manoir et fut saisi par l’air glacial qui s’échappa en contrebas et lui enveloppa tout le corps insidieusement. L’escalier était dans la pénombre et il redoubla de vigilance pour ne pas rater une marche alors qu’il frissonnait. Il marcha d’un pas rapide dans l’étroit couloir conduisant aux appartements souterrains de Lucius et frappa finalement avec force contre la lourde porte en bois avant de l’ouvrir et d’entrer dans une large pièce circulaire. Lucius se leva de son bureau et fit signe à son fils de s’asseoir dans un fauteuil près du feu. Draco accueillit avec soulagement la chaleur qui remplaçait peu à peu l’humidité qui lui collait à la peau et regarda son père refermer un dossier et s’approcher avant de finalement poser son regard sur lui.
-Draco, commença-t-il d’une voix calme. Est-ce que tu te souviens il y a trois ans que tu m’as demandé si tu ne pouvais pas nous aider en collaborant activement afin d’atteindre nos idéaux ?
-Je me souviens, Père, répondit Draco en acquiesçant.
-Tu étais alors motivé, prêt à t’investir, peu importait le travail, les dangers encourus et les missions à parfaire. Je t’avais répondu que c’était trop tôt, que tu étais trop jeune mais que le moment arriverait où tu pourrais être utile et t’engager au sein de notre organisation et servir notre cause. Je crois que ce moment est venu Draco, déclara Lucius avec un large sourire.
Draco regarda son père longuement. Il se souvenait bien avoir souhaité plus que tout aider son père dans ses activités alors que tous les honneurs revenaient toujours à Harry Potter et qu’il ne supportait plus l’attitude supérieure en classe d’Hermione Granger qui l’avait un jour menacé avec sa baguette magique avant de le frapper violemment au visage. Mais tout avait changé à présent et même si Hermione n’était finalement pas une Sang de Bourbe, il avait pourtant bien pensé être tombé amoureux de l’une d’elle il y a quelques mois... Mais il ne pouvait pas décevoir son père non plus, il se devait d’être un digne héritier des Malfoy pour que son père soit fier de lui.
-Qu’est-ce que je dois faire ? demanda-t-il soutenant le regard d’acier de Lucius dont le sourire ne fit que s’élargir voyant que son fils était prêt à coopérer.
-C’est simple Draco. Je te demande d’être attentif à tout ce qui se passe à Poudlard, aux discussions que tu pourrais entendre et aux agissements de tous, Dumbledore, Snape, les professeurs, Potter, Granger, les Weasley. Tu gardes un œil sur tout ce monde et tu me rapportes ce que tu pourras tirer de tes observations, expliqua Lucius. Il faudrait que tu explores également le château pendant tes rondes de nuit pour y situer tous les passages secrets et mission plus délicate mais tu peux toujours essayer... Potter possède une carte, qu’il a probablement dû hériter de son père, intitulée la Carte des Marauders. Elle a l’apparence d’un simple parchemin vierge, si tu peux par un moyen ou à un autre te la procurer, elle nous serait d’une grande utilité. Des questions ?
-Dois-je vous donner des nouvelles par hibou, Père ?
-Oui, mais ne le fais trop souvent, à moins d’une information essentielle et utilise un hibou de l’école, et jamais le même... Lucius hésita mais poursuivit tout de même : en cas d’urgence, je me trouve à Little Hangleton, Manoir des Jédusor, celui à l’apparence d’une ruine en haut de la colline...
Draco acquiesça et Lucius s’éloigna un court instant avant de revenir avec deux verres à la main et en tendre un à son fils.
-Bienvenue parmi nous fils !
-Merci Père...
Ils trinquèrent et Draco porta le verre à ses lèvres et il sentit l’alcool lui brûler la gorge avant de descendre lentement dans son estomac et lui procurer une intense chaleur pas désagréable du tout.
-Maintenant qu’on est tous les deux, entre hommes, tu peux me le dire Draco... Elle est jolie ?
-C’est la plus belle..., répondit Draco soutenant le regard d’acier de son père.
_________________